Toulouse. Emmanuel Rousseau, Leasétic : « Réduire son empreinte carbone est essentiel pour les entreprises »

Chaque mois, nous proposons à un chef d’entreprise adhérent au Medef de Haute-Garonne de commenter le contexte politique, social ou économique. Ce mois-ci, c’est Emmanuel Rousseau, président-fondateur de Greenethic (la holding de Leasétic et Colibris), basé à Balma (Haute-Garonne), qui prend la parole.

Emmanuel Rousseau, président-fondateur de Greenethic, holding des entreprises Leasétic et Colibris. (Photo : Greenethic)

Emmanuel Rousseau, président-fondateur de Greenethic, holding des entreprises Leasétic et Colibris. (Photo : Greenethic)

Le numérique représente aujourd’hui 4% des émissions de CO2 dans le monde. On estime qu’il en représentera le double d’ici à 2025, et 16% en 2040. Cela équivaut à plus que le transport routier et aérien réunis ! Au fil des années, on découvre de véritables incohérences dans la gestion des parcs informatiques des entreprises. Les conséquences étaient désastreuses au niveau environnemental mais également financier !

Optimiser l'IT pour un avenir plus vert

Si l’on regarde au sein des entreprises, 80% de l’impact de l’IT se trouve devant l’utilisateur : son ordinateur, son smartphone, ses périphériques, etc. Pour obtenir une réelle amélioration et de vrais résultats sur la réduction de l’impact environnemental de l’informatique, il faut se concentrer sur la durée d’usage, et plus spécifiquement sur la réparation et le réemploi.

Le contexte législatif, des outils pour agir

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est définie par la Commission Européenne comme « l'intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. » En d'autres termes, cette règle est la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable, elle est également reconnue à l’international par la norme ISO 26000.

Loi AGEC, indice de réparabilité...

Pour aider les dirigeants à appliquer cette politique, la RSE est régie en France et en Europe par plusieurs règlementations.

La loi anti-gaspillage pour l'économie circulaire (AGEC) votée en février 2020, promeut la réutilisation, le recyclage et la réparation des produits pour réduire les déchets. La notation extra-financière est l'un des moyens fondamentaux par lesquels les entreprises évaluent leurs impacts. En se concentrant sur ces critères, elles peuvent mieux comprendre la direction à prendre et identifier les domaines nécessitant des améliorations. La Déclaration de Performances Extra Financière (DPEF) joue également un rôle majeur dans la communication des mesures prises par les entreprises en matière de RSE. Ce document fournit une vue d'ensemble des actions entreprises, offrant transparence et responsabilité aux parties prenantes.

Un autre outil émergent est l'indice de réparabilité, une note obligatoire sur les produits qui informe les consommateurs sur leur durabilité et leur potentiel de réparation. Cette mesure encourage les constructeurs à concevoir des produits plus durables et à réduire leur empreinte environnementale.

Enfin, les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont devenus un élément clé de l'analyse des entreprises. Ils permettent d'évaluer la prise en compte du développement durable et des enjeux à long terme dans leur stratégie globale.

Des mesures pratiques pour une entreprise éco-responsable

Dans un monde de plus en plus conscient des défis environnementaux, les entreprises sont de plus en plus encouragées à adopter des pratiques durables, déjà par les gouvernements comme nous l’avons vu, mais également à la demande de leurs propres équipes. 

"Une solide politique de RSE démontre l'engagement de l'entreprise envers le bien-être social et environnemental, ce qui fidélise les salariés mais attire également les talents, en quête de valeurs fortes. La réputation de l'entreprise en tant qu'employeur responsable en sort grandie".

Quelques mesures pratiques

Cela ne se limite pas seulement à des discours, mais nécessite des actions concrètes et réalisables. Voici quelques mesures pratiques que les entreprises peuvent mettre en œuvre pour réduire leur empreinte écologique :

  • Mettez en place un système de gestion des actifs IT : pour identifier les besoins, minimiser les pertes, optimiser les renouvellements et faciliter la prise de décision basée sur des données concrètes
  • Mettez en place un programme de maintenance préventive pour prolonger la durée de vie des équipements
  • Avant de remplacer entièrement un équipement, évaluez s'il est possible de le mettre à niveau pour répondre aux exigences actuelles ou envisagez sa réutilisation dans d'autres départements ou projets s'il est encore fonctionnel
  • Pensez à la location qui peut être une alternative plus économique que l'achat
  • Optimisez le taux de possession pour éviter la sous-utilisation du matériel

Collaborer avec des fournisseurs et des partenaires partageant les mêmes valeurs en matière de durabilité est une étape importante. Favoriser les collaborations avec des entreprises proposant des produits éco-conçus ou recyclables contribue à promouvoir une chaîne d'approvisionnement responsable.

Mettre en place des actions représente la deuxième phase pour la démarche RSE d’une entreprise. Mais, comment savoir si nos actions ont un réel impact sur notre empreinte carbone ? Implémenter des indicateurs de mesures des performances économiques et environnementales des actions va permettre d’obtenir une vision globale. En plus d’apporter une visibilité sur les efforts en cours, ils permettent aussi de mettre en place une amélioration continue. Cette étape peut être réalisée en interne ou bien accompagnée par une solution comme Colibris.

L’IT : ce poste de dépense méconnu

Le marketing nous explique depuis des décennies que notre matériel devient obsolète au bout de trois ans, pourtant les machines actuelles sont conçues pour un usage de 7 à 10 ans !

Investir dans la maintenance des équipements informatiques d’une entreprise et optimiser l’utilisation du matériel aussi longtemps que possible est une des actions qui rapportera le plus d’économies faites en termes d’impact mais également financier. En effet, les déchets électroniques seront revus à la baisse, par l’utilisation prolongée de quelques mois voire quelques années pour chaque équipement. De nouvelles sources de revenues vont être créées : en réduisant le roulement des appareils électroniques, les entreprises réduiront l’achat de matériels neufs.

"Pour la plupart d'entre nous, nous avons déjà acheté une voiture d’occasion, et nous n’avons pas eu d’a priori. Pourquoi en aurions-nous lorsqu’il s’agit d’un smartphone, d’un ordinateur ou d’une tablette ?"

Se fournir en matériel reconditionné

Se fournir en matériel reconditionné est une excellente initiative, afin d’acquérir du matériel de très bonne qualité, à moindre coût et de participer à la démarche « Numérique Responsable » de l’entreprise. Plusieurs filières existent, l’idéal est de préférer une entreprise localisée en France pour minimiser l’empreinte carbone et soutenir les emplois locaux. Cet axe est développé auprès des collectivités dans le cadre de la loi REEN.

Louer son matériel est une solution pour profiter d’un poste récent, une fois le contrat terminé, le prestataire se charge du remplacement. L’ancien matériel passe alors dans une filière de recyclage pour évaluer son état et son devenir, les machines fonctionnelles peuvent être revendues, celles sans valeur marchande sont données à des associations.

Des labels environnementaux

L’achat de matériel neuf est toutefois inévitable dans certains cas. C’est pourquoi, les labels « environnementaux » tels que TCO pour l’ergonomie, Energy Star sur l’efficacité énergétique durant l’usage ou encore EPEAT, pour évaluer l'effet d'un produit informatique sur l'environnement ont été mis en place.

En conclusion, adopter des mesures concrètes et réalisables est essentiel pour les entreprises souhaitant s'engager sur la voie de la durabilité. En mettant en œuvre ces pratiques, elles peuvent non seulement réduire leur impact environnemental, mais aussi renforcer leur image de marque et leur attractivité auprès des clients et des partenaires.

Qui est le groupe Greenethic ?
C'est la holding des entreprises Leasétic et Colibris. Historiquement, Leasétic propose des solutions de leasing, avec un accent sur les valeurs éthiques et sociales. Sa mission est d’accompagner les entreprises dans leur projet de financement de projets informatiques, en intégrant un aspect éco-responsable.
Plus tard, la solution Colibris a été développée, il s’agit d’une application permettant de mesurer la performance environnementale et financière des outils digitaux dans les entreprises. L'entreprise propose, de bout en bout, la mise à disposition du poste de travail, jusqu’à sa fin de vie, avec intégration d’entreprises adaptées dans le processus. Les matériels issus de nos contrats de location étaient initialement revendus à des grossistes et nous ne savions pas ce que devenaient ces ordinateurs et smartphones, cette situation a généré l’apparition de Loopix en 2022, dont l’objectif est de simplifier l’accès aux matériels reconditionnés.

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