Quelque 300 personnes ont participé aux 3ème Rencontres Régionales de l’Economie Circulaire organisées à Revel, un territoire à l’avant-garde nationale sur le sujet. En première ligne, BioVallée Lauragais et l’Institut de l’Economie Circulaire se sont fortement impliqués dans la réussite de cet événement soutenu par plusieurs partenaires dont l’Ademe, la Région Occitanie, la CCI de Toulouse, Organic Vallée…Cinq tables rondes mobilisant au total une trentaine d’intervenants ont ponctué cette journée au cours de laquelle ont été présentées une vingtaine d’initiatives innovantes et économiquement viables. L’échange de bonnes pratiques, la création de valeur et d’emplois sont une des raisons d’être de ce rendez-vous annuel.
En préliminaire, Alain Chatillon, sénateur-maire de Revel et Alain Di Crescenzo, président de la CCI 31 ont mis l’accent sur l’importance de cette activité devenue un enjeu de société, détaillant des dispositifs mis en place comme la plateforme connectée Act’If. Développée par la CCI de Tarn-et-Garonne, c²ette dernière qui est devenue une référence nationale, identifie, quantifie et géolocalise les flux des entreprises. Avec ce système, ceux qui émettent des déchets ou possèdent des surplus de ressources entrent en relation avec ceux qui recyclent ou souhaitent utiliser des excédents ou des services disponibles. « Localement, le dispositif est expérimenté sur deux sites, à Bruguières et zone Thibault » a précisé Jean-François Rezeau, président de la commission DD-RSE à la CCI de Toulouse et de Région, en citant des exemples de mutualisation : des places de parking, des ressources RH pour créer un emploi en plein temps, des capacités de transport pour éviter la circulation de camions à vide, de l’énergie produite en trop…. La coopération avec l’écosystème, la mise en lien des entreprises sont un des ingrédients du succès de l’économie circulaire tout comme le numérique qui permet l’immédiateté de l’information et mobilité.
« Modèle de transition et de transformation de la société, l’économie circulaire se recentre sur la ressource, la préserve, appréhendant le déchet comme une opportunité » a résumé François-Michel Lambert, président de l’Institut de l’économie circulaire en déplorant le faible engouement de l’Etat, l’absence d’une fiscalité et réglementation incitatives. Sans pilotage politique en national, l’économie circulaire peinera à prendre son envol. Les territoires ouvrent la voie depuis quelques années cependant. En Occitanie, une soixantaine de porteurs de projets ont été identifiés. « Nous avons accompagné 30 dossiers, représentant 6 M€ d’investissement » a indiqué Agnès Langevine, vice-présidente de la Région (1) en mentionnant l’appel à projets lancé en partenariat avec l’Ademe. Les modèles expérimentaux seront encouragés. L’ambition est que l’Occitanie soit à énergie positive avec la baisse des consommations, le développement des ENR, l’économie circulaire…La collectivité régionale doit donner l’exemple via la commande publique. On notera que 18 millions de tonnes de déchets sont produits sur l’Occitanie dont 10 millions issues de l’activité BTP. Les acteurs économiques ont pris conscience de la nécessité de réduire les rejets et de les valoriser pour en faire une ressource.
« Une entreprise qui met en œuvre l’économie circulaire va optimiser ses processus et être plus compétitive » a déclaré Eric Gouardes, directeur adjoint de l’Ademe Occitanie. Côté Ordimip, le message est clair. Mieux on trie et mieux on vend la matière. Ce qu’on valorise peut ne pas correspondre au cahier des charges de l’utilisateur final d’où l’importance d’ajuster en amont l’offre et la demande.
L’avocat Carl Enckell du cabinet éponyme, a cité « France Expérimentation », un dispositif mis en place par le Ministère des Finances et qui permet de déroger à la réglementation lorsqu’une initiative favorise l’économie circulaire. Le statut de « déchet » accolé à un produit (exemples, les batteries, les matières fertilisantes…) issu d’une valorisation est dissuasif, ont estimé plusieurs participants.
Par ailleurs, comme beaucoup l’ont souligné, la baisse du prix des énergies fossiles impacte négativement l’économie circulaire d’où la nécessité d’une fiscalité attractive.
EmmaBao
Diffusé le 1er novembre 2016
(1) : Elle est chargée de la transition écologique et énergétique, de la biodiversité, de l’économie circulaire et des déchets.
Parmi les idées émises
Face à l’expansion démographique (65 millions d’habitants en France en 2020), certains professionnels du bâtiment vont utiliser en construction des matériaux issus d’une déconstruction. L’idée étant de disposer d’une banque de matériaux récupérés prêts à être réemployés.
Question posée : la matière recyclée est-elle rentable ? Oui avec le bilan carbone et en raisonnant dans le temps.
Types de projets exposés
Le projet Energido
Véolia Eau a démarré en 2009 à Deauville son projet d’utilisation du potentiel thermique des eaux usées pour répondre aux besoins de chauffage et de climatisation. Les eaux du réseau d’assainissement dont la température oscille entre 15 et 18° sont dérivées, envoyées vers un échangeur (et portées à 45°) pour récupérer de l’énergie. A Toulouse un projet est envisagé dans un éco-quartier.
Automobile : réutiliser les fibres des ceintures de sécurité
« Sur les 170 kilos de plastiques d’une voiture Clio, 37 sont issus du recyclage » a précisé Toni Gallone du service Industrial Recycling Development de Renault. Avec Filatures du Parc, le constructeur est impliqué dans le projet Afiler qui vise à valoriser les ceintures de sécurité des véhicules hors d’usage. Une fois effilochés, les fils peuvent être transformés en tapis, tissus pour sièges automobiles…
Réseaux de chaleur bois dans le Lot
Dans le Lot, le Syded réalise et exploite des réseaux de chaleur bois valorisant les ressources locales et offrant une énergie verte à un prix avantageux (20% moins cher que le fioul). Parmi les résidus recyclés, figurent les déchets de scieries et industries du bois, les palettes et cagettes, le bois provenant des déchetteries vertes (depuis 2016)…12 réseaux de chaleur sont opérationnels, un 13ème est en cours (pour 3 mégawatts).
Le projet Aquapole
GRDF déploie des unités de méthanisation injectant directement le gaz vert produit dans le réseau de gaz naturel. Les boues des stations d’épuration (depuis 2014) peuvent être utilisées pour produire cette énergie. L’objectif est d’injecter 10% de gaz vert dans le réseau d’ici 2030 (50% en 2050). Déployé à Grenoble, le projet Aquapole vise à fournir du gaz pour brûler les boues de la station eaux usées mais aussi à alimenter des foyers ainsi que des véhicules de transport en commun.
Du talc pour des plastiques plus bios
Responsable technique chez Imerys Talc Europe, Gilles Meli a détaillé une nouvelle technologie pour « délaminer » le talc par voie humide et lui conférer des propriétés mécaniques intéressant les industriels du plastique. Cela permet d’économiser de la matière et de faire des pièces plus légères. Une première ligne de délaminage a été installée à Luzenac, une deuxième va entrer en fonction pour faire face à la demande mondiale en constante augmentation. L’enjeu est de réduire la consommation d’eau nécessitée par le process de délamination.
De l’eau propre à partir de lisiers et digestats
Implantée en Occitanie, Nereus a conçu un équipement pour trier les déchets liquides (digestats, lisiers…) en trois étapes : tamisage/séparation, nano-filtrage via membranes céramiques, osmose. A la sortie on a de l’eau propre et les résidus peuvent faire l’objet d’une valorisation énergétique ou employés en amendements organiques.
Bouteilles consignées nouvelle version
A partir d’un euro, le consommateur dispose de sa bouteille consignée pour aller au rayon vrac (des magasins bio, épiceries fines, et autres surfaces de distribution) et la remplir d’huile, de vinaigre, de vin. A chaque fois, il ramène le contenant sale et se sert d’un propre à la fontaine à bouteilles. La start-up Jean Bouteille qui a lancé ce concept (incluant la vente en vrac), installe des laveuses de bouteilles (à 20 000 € l’unité) dans les villes, confiant à des Centres d’aide par le travail le nettoyage, générant ainsi des emplois en local.
Miam 31
Le département de la Haute-Garonne comptant 6000 agriculteurs, l’idée d’un circuit court pour approvisionner les collèges permet aux élèves mangeant à la cantine d’accéder à des produits locaux de qualité et aux producteurs d’avoir des débouchés économiques. Le projet Miam 31 porté par le Conseil Départemental, met en relation les deux parties via une plateforme logicielle. 84 établissements sur 96 ont adopté ce système.
Les routes produisent de l’énergie solaire
Directeur business developpement chez Colas, Pascal Duhoo a présenté le projet Wattway visant à poser des dalles photovoltaïques sur le revêtement des routes (la couche de roulement). L’énergie produite pourrait servir à alimenter les bornes de recharge électrique, favoriser la production d’hydrogène, satisfaire les besoins des aires de repos….Les aéroports manifestent de l’intérêt pour installer sur les pistes ce type de cellules.
Des démonstrateurs sont installés par une centaine de partenaires basés en France et à l’étranger. Le produit pourrait être commercialisé dès 2018. Une deuxième fonction donc pour les routes !
Hydrogène chez Braley et Bulane !
A partir du surplus du réseau électrique (l’énergie fatale) cette entreprise alimente sa flotte de véhicules en hydrogène décarboné. La route de l’hydrogène se met progressivement en place dans la région avec des stations pour faire le plein à Albi, en Ariège, dans l’Aveyron…
Bulane, implanté près de Montpellier a innové avec la création (projet Dyomix) d’une flamme hydrogène, propre et performante, à partir d’eau et d’électricité. Cela intéresse les métiers industriels du brasage, soudage, découpage…Les artisans plombiers et chauffagistes sont ciblés d’entrée. Grâce à l’électrolyse de l’eau, le gaz obtenu à 2800° produit dans le chalumeau une flamme moins nocive pour les utilisateurs (moins de bruit et plus de port de masque). La machine de Bulane pèse dans les 25 kilos, son financement peut faire l’objet d’aides (cf Carsat…)
Pierre Fabre a toujours recyclé
La valorisation fait partie de l’ADN de Pierre Fabre. Les déchets du lin produit dans la région et utilisé en dermo-cosmétique servent d’amendement. Idem pour l’olive et autres plantes, « 40% des principes actifs employés par le groupe étant issus du végétal » a commenté Séverine Roullet Furnemont.
Cler Verts certifié « Engagement Biodiversité »
Ecocert a remis à Jean-Luc Dalozzo, président de Cler Verts, la toute nouvelle certification « Engagement Biodiversité ». Elle atteste que l’entreprise action préserve l’environnement, a un impact positif sur l’écosystème en évitant les facteurs d’érosion…
Par ailleurs, la PME implantée à Bélesta-en-Lauragais, vient d’inaugurer la nouvelle unité de méthanisation qui traitera 11 000 tonnes de matières brutes par an. La valorisation énergétique sera réalisée par cogénération avec un moteur d'une puissance électrique de 635 kWe. L'électricité produite sera vendue à EDF et la chaleur sera utilisée notamment pour le séchage de plaquettes bois stockées sur la plateforme.