A 150 mètres d’altitude, l’éolienne suspendue à une voile entraîne un système de poulie / courroie qui génère de l’électricité au sol. Kiwee, imaginé par Olivier Normand, ouvre de nouvelles perspectives au petit éolien et à la production autonome d’électricité avec l’énergie du vent.
« Les petites éoliennes à dix mètres du sol ne sont pas rentables aujourd’hui, les coûts de rachat de l’électricité sont bien trop bas. Avec Kiwee nous produisons trois fois plus d’énergie. Le retour sur investissement passe de 18 ans à 6 ans pour un système complet qui sera commercialisé dans les 3600 €. On démocratise le petit éolien » relate Olivier Normand. Les coûts de maintenance seront réduits au minimum avec des technologies éprouvées, il suffira de connecter le kit au réseau, l’ensemble fonctionne de manière automatisée, sans intervention humaine. «Nous prévoyons de créer des tutoriels et une hotline, les acquéreurs seront autonomes ». Cet ingénieur de 33 ans a pris le temps d’observer les multiples projets plus ou moins similaires dans le monde avant de plonger dans l’aventure entrepreneuriale. Après un Master en physique et ingénierie et un master en techniques spatiales-instrumentation à Bordeaux et Toulouse, l’idée avait germé chez cet ingénieur passionné par la production d’énergie il y a une dizaine d’année. Mais il a d’abord travaillé pendant 7 ans chez Ausy pour le compte de plusieurs sociétés toulousaines (Elta, Astrium, Airbus, Technofan…). Il s’est associé avec le professeur Dominique Rochier, qui a participé à la création de la société bordelaise Exosun, spécialisée dans les trackeurs solaires. Le projet est bien lancé. Après la phase prototype, le démonstrateur Kiwee devrait être validé d’ici la fin de l’année. Une dizaine de sites pilotes seront mis en exploitation en 2017. Plusieurs contacts ont été pris pour installer les éoliennes sur des sites différents dont l’ile d’Oléron, à Léognan près de Bordeaux, chez Schneider à Grenoble… . La commercialisation vers le grand public sera lancée dans la foulée des premiers résultats d’exploitation, sans doute fin 2017. Le petit éolien pourrait profiter de l’engouement pour les énergies renouvelables dans la foulée du photovoltaïque. « La tendance dans le monde c’est d’aller de plus en plus vers l’autoconsommation là où est produite l’énergie ». L’ajout de système de stockage de l’énergie, la connexion à l’internet ( à supprimer) est envisageable. Du côté des finances, le projet est en passe de mobiliser les 800 k€ nécessaires avant la fin de l’année avec pour moitié des financements publics européens et français et le solde avec des acteurs privés.
Idéal sur des sites isolés
Idéalement, les sites isolés, les zones insulaires qui ont notamment recours aux groupes électrogènes devraient être les premiers intéressées avec des fortes économies à la clé. Placée entre 1000 et 3000 mètres, les éoliennes pourraient fonctionner en continu et notamment servir au pompage de l’eau, à l’éclairage, à la désalinisation…en Afrique entre autres.
Puissance de 5 kWh/j à 50 kWh/j
La version Kiwee5 produira 5 kWh par jour soit la consommation moyenne d’un foyer français. Les éléments volant pèsent environ 2kg et le kit au sol une trentaine de kg avec un ancrage au sol simple sans fondation, installable sur un toit ou directement au sol. La gamme devrait aller de 5 kWh/j avec une aile de 2,5 mètres d’envergure jusqu’à 50 kWh/j (7,5 m). Pour l’exploitation en France, Kiwee sera limité à une altitude de 150 m. Suivant les sites, l’éolienne sera exploitée 60% du temps avec une dizaine de retour au sol par an. Olivier Normand a implantée Kitwinder à Bordeaux au sein du fablab local. Un brevet a été déposé pour le système de transmission de l’énergie. Kitwinder a développé sa propre fabrication de mini pâle en fibre de carbone et fibre de verre en collaboration avec les IUT bordelais.
Article diffusé le 01/11/2016 par Jean Luc Bénédini