L'Occitanie, région à la dynamique démographique intense, fait face à un défi majeur : près d'un quart de ses agents publics seront éligibles à la retraite d’ici dix ans. Avec 481 900 fonctionnaires en 2021, l’emploi public représente un pilier essentiel du tissu social et économique de la région.
Au cours des années à venir, les nombreux départs à la retraite entraîneront un besoin accru de recrutement, avec des enjeux majeurs concernant la transmission des connaissances et le maintien des compétences. (Photo d'illustration : Pixabay)
D'après les données de l'Insee, l'Occitanie se prépare à affronter un bouleversement majeur dans ses effectifs publics au cours des dix prochaines années. Près de 24 % des agents de la fonction publique, soit environ 113 700 personnes, seront en âge de prendre leur retraite. Ce phénomène représente une véritable onde de choc pour les administrations régionales, d'autant plus que ces départs massifs s’inscrivent dans un cadre où la demande en services publics ne cesse d’augmenter. La région, qui connaît une forte expansion de sa population, doit se préparer à relever des défis multiples en matière de recrutement, de formation et de transmission des compétences.
La fonction publique, un pilier de l'emploi en Occitanie
Fin 2021, les trois versants de la fonction publique (État, territoriale et hospitalière) employaient 481 900 agents en Occitanie, représentant 22,6 % des salariés de la région. Loin de se limiter à des chiffres, cet emploi public est le moteur de nombreux secteurs cruciaux pour la vie quotidienne des habitants : éducation, santé, sécurité ou encore gestion des infrastructures locales. La fonction publique territoriale (FPT) est la plus importante, regroupant 41 % des agents publics de la région. Elle englobe les collectivités locales telles que les communes, les communautés de communes, les départements et le conseil régional. Vient ensuite la fonction publique d’État (FPE) avec 39 % des effectifs, comprenant notamment les administrations centrales, les services déconcentrés et des établissements publics comme les universités ou les services fiscaux. Enfin, la fonction publique hospitalière (FPH), avec 20 % des effectifs, joue un rôle clé, particulièrement dans un contexte marqué par la crise sanitaire.
Le taux d’administration – nombre d’agents publics pour 1000 habitants – révèle de fortes disparités au sein de la région. En Haute-Garonne, ce taux s’élève à 89,8 %, et dans l’Hérault à 85,3 %. Ces départements concentrent les principales administrations régionales, des hôpitaux de grande taille et des universités prestigieuses situées dans les agglomérations de Toulouse (Haute-Garonne) et Montpellier (Hérault).
Dans des territoires moins peuplés comme la Lozère et l’Ariège, les taux d’administration sont également élevés, notamment en raison de la concentration d’établissements médico-sociaux et d’une longue tradition d’accueil des personnes âgées ou en situation de handicap. Ces départements doivent composer avec une moindre densité de population, ce qui accentue l’importance de l’emploi public dans le tissu local.
Les effets de la crise sanitaire et des politiques publiques
Depuis dix ans, l'emploi public en Occitanie a augmenté de 9 %, en phase avec la croissance démographique de la région, qui a elle-même progressé de 8 % entre 2011 et 2021. Toutefois, cette évolution cache des disparités selon les versants de la fonction publique. La fonction publique territoriale a connu une hausse notable en 2013 grâce à la création des emplois d’avenir, des contrats destinés à aider les jeunes éloignés du marché du travail. Cependant, l'arrêt progressif de ces contrats à partir de 2017 a freiné cette dynamique.
Dans la fonction publique d’État, l’introduction des emplois d’avenir professeur en 2013 a également permis un rebond temporaire des effectifs, mais ce mouvement a été de courte durée. De son côté, la fonction publique hospitalière a vu ses effectifs augmenter en 2020 en réponse à la crise sanitaire, notamment avec le recrutement massif de personnels soignants.
L'Occitanie, avec ses 40 000 nouveaux habitants par an, est la deuxième région de France métropolitaine en termes de croissance démographique, juste derrière la Corse. Si les tendances démographiques actuelles se poursuivent, la population régionale continuerait d'augmenter au cours des 50 prochaines années, un phénomène inédit dans l’hexagone. Ce dynamisme va accentuer la pression sur les services publics, en particulier dans la santé et l'éducation, où les besoins en main-d’œuvre devraient croître de manière significative. La Haute-Garonne et l’Hérault concentreraient à elles seules 85 % de cette hausse démographique.
Catégories et statuts : un équilibre délicat entre agents publics
Un autre défi de taille est la nature des emplois à pourvoir. Dans la fonction publique d’État, 62 % des agents appartiennent à la catégorie A, principalement composée de cadres et de professeurs. En Occitanie, près de 80 000 enseignants relèvent de cette catégorie. À l’inverse, la fonction publique territoriale repose surtout sur des agents de catégorie C, comme les ouvriers et les agents administratifs, principalement employés dans les petites collectivités locales. Cet équilibre entre catégories A, B et C est crucial pour la bonne gestion des administrations locales et pour répondre aux besoins variés des citoyens.
La fonction publique hospitalière, de son côté, présente une répartition plus équilibrée entre les trois catégories, A, B et C. Toutefois, elle fait face à une pression croissante, liée au vieillissement de la population. En effet, la région connaît une forte hausse du nombre de seniors, ce qui augmente la demande de services médico-sociaux. Les départs à la retraite y seront nombreux, en particulier dans des départements comme l’Ariège, le Gers ou le Lot.
Femmes et agents seniors : une nouvelle donne
Un autre élément clé de la transformation à venir est la féminisation des effectifs. En Occitanie, comme au niveau national, 65 % des agents publics sont des femmes. Ce chiffre témoigne de l’importance du secteur public en tant qu’employeur pour les femmes, notamment dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'administration locale.
La forte proportion de seniors dans la fonction publique régionale souligne la nécessité d'une gestion proactive des carrières et des départs. Avec 27 % des agents de la fonction publique territoriale et 23 % de ceux de la fonction publique d’État âgés de 55 ans ou plus, la région devra rapidement mettre en place des stratégies pour anticiper ces départs massifs. Les départements comme l’Hérault, le Gard et la Haute-Garonne, où les administrations sont concentrées, seront particulièrement touchés par cette vague de départs. Cependant, les secteurs administratifs ne sont pas les seuls concernés. Dans des ministères comme ceux de l’Économie ou de la Transition écologique, les seniors représentent jusqu’à 35 % des effectifs.
Au-delà des départs à la retraite, la mobilité géographique des agents contribue également à la dynamique des effectifs. En 2021, 56 100 agents ont intégré la fonction publique en Occitanie, dont 6 900 venus d'autres régions. En parallèle, 51 000 agents ont quitté la fonction publique régionale, dont 5 400 pour des raisons de mobilité professionnelle. Les départements de la Haute-Garonne, de l’Hérault et du Gard concentrent 60 % des mouvements entrants et sortants, ce qui reflète leur importance dans l’emploi public régional.
#Parution | Fin 2021, la fonction publique emploie 481 900 agents en #Occitanie. L’#EmploiPublic a augmenté de 9 % au cours des dix dernières années dans la région, une évolution comparable à celle de la population.
— Insee Occitanie (@InseeOccitanie) September 5, 2024
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