« Pour se développer une entreprise doit aller à l’international et si elle y va, elle doit être vraiment chauvine pour rester en France ! »
Daniel Eclache, fondateur dirigeant de Phodé
L’originalité de Phodé ? « Une importante recherche scientifique, un fort ancrage régional et un développement international » résume Daniel Eclache, le fondateur de la PME albigeoise. Experte en olfaction et nutrition au service du bien-être et de la santé, l’entreprise enregistre ces dernières années une croissance à deux chiffres. Avec un CA de 13 M€ et 15 en prévision cette année, la société maintient sa performance dans un environnement économique incertain. Une dynamique liée à l’exportation et à l’innovation, explique son dirigeant en évoquant les projets d’actualité et les perspectives 2014.
EMP : Quelle est votre couverture géographique ?
Daniel Eclache : Dès la création de Phodé en 1997, j’ai raisonné internationalisation. La présence sur la plupart des continents booste notre activité. Nous réalisons 70% du volume d’affaires sur les marchés extérieurs, la moitié est effectuée hors Europe. Nous sommes actifs sur 40 pays via un réseau de distributeurs et notre filiale chinoise installée à Beijing.
EMP : Quelles nouvelles destinations ciblez-vous ?
D. E. : Chaque année, nous prenons position dans deux ou trois nouveaux pays. Actuellement nous nous focalisons sur l’Amérique Latine et Centrale ainsi que sur le Moyen-Orient. Nous attendons une forte croissance là où nous sommes arrivés depuis peu. En 2014, nous marquerons une pause pour consolider le déploiement actuel.
EMP : Avez-vous bénéficié d’un bon accompagnement public pour aller à l’export ?
D. E. : Je participe au dispositif « Croissance PME » mis en place par la Région pour aider les entreprises à atteindre la taille d’un ETI. La collectivité régionale a la volonté et aligne des moyens pour aider les sociétés à franchir le pas ou à améliorer leurs résultats hors de nos frontières.
Mais, il est clair que l’Etat et l’administration française étouffent l’esprit d’entreprendre. Une entreprise qui veut se développer doit aller à l’international et pour une entreprise qui va à l’international, elle doit être vraiment chauvine pour vouloir rester en France !
EMP : L’innovation est l’autre pilier de la réussite. Quelles sont les thématiques actuelles de recherche ?
D. E : Nous consacrons 20% de notre CA à la R&D et déposons de nombreux brevets. En ce qui concerne les animaux de rente, nous innovons en permanence ; nous travaillons sur des stimulants d’appétit, des anti-stress, des activateurs pour ouvrir en quelque sorte leur « chakra » ! Notre objectif est d’améliorer la santé, le bien-être des êtres vivants à partir de l’odorat et du goût.
EMP : Etes-vous impliqué dans de la recherche collaborative ?
D. E. : En santé humaine, nous sommes porteurs de projets fédératifs. Avec l'aide de Midi-Pyrénées Innovation, nous avons monté le dossier « Alterbiotiques » pour trouver une alternative aux antibiotiques à destination humaine ou animale (Appel à projets Epicure subventionné par la Région). Nous avons sollicité le pôle CBS et Agrimip Innovation sur un projet pour retarder l’entrée en dépendance des personnes âgées ou fragilisées par la maladie. Un des moyens est d’agir sur le stress, de stimuler l’appétit…ce qui nécessite une approche cognitive. Quant à Aerospace Valley, nous avons élaboré un dossier axé sur le stress dans l’atmosphère et les systèmes de diffusion pour le réduire (destruction des nuisances liées à des gaz toxiques…).
Bien entendu nous poursuivons notre recherche en propre ou en partenariat comme c’est le cas avec avec la société Nutrinat de Laurent Spanghero.
EMP : Qu’avez-vous au menu de 2014 ?
D. E. : Nous envisageons un peu de croissance externe pour favoriser un accès plus rapide aux marchés. Nous n’excluons pas les alliances stratégiques mais à condition de préserver notre autonomie et notre libre-arbitre. Notre capital est 100 % familial ce qui nous permet de maîtriser nos choix stratégiques. Une de mes satisfactions est d’avoir préparé la transmission de l’entreprise avec mon fils actuellement en poste à la direction générale.
Emma Bao
Diffusé le 30 septembre 2013
Encadré 1
A retenir
Phodé emploie 72 personnes à Albi et 9 en Chine.
L’entreprise exerce une activité de chimiste, mettant au point ses formulations à partir d’huiles essentielles et autres extraits issus de la nature.
Encadré 2
Engagements
Docteur vétérinaire, Daniel Eclache a fondé l’entreprise ex nihilo, son esprit combatif et sa pugnacité lui ont permis de gravir progressivement toutes les étapes clés pour hisser la PME aux tous premiers rangs dans ce métier. Il reste très attaché à un management ouvert, à la responsabilité sociétale de l’entreprise et au développement durable. Le mécénat sportif et culturel fait partie de la politique maison.
Souhaitant faire partager son expérience et ses convictions à la communauté des entrepreneurs, il a rejoint le Medef du Tarn et en assume la présidence depuis deux ans.