Le 1er contrat de filière pêche en France a été signé par l'État, la Région Occitanie, le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) d’Occitanie, et le Cépralmar. Avec 41 signataires et 130 projets, ce contrat vise à moderniser la filière, face aux défis climatiques et économiques tout en renforçant l'attractivité du métier.
Ce contrat de filière rassemble 41 signataires et une vingtaine de partenaires. (Photo : Préfecture d'Occitanie)
C'est au cœur de la ville de Sète (Hérault), au lycée de la mer Paul Bousquet, lieu symbolique pour les marins-pêcheurs, que les principaux acteurs de la pêche régionale ont scellé leur engagement. Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie, accompagné de Christophe Manas, représentant de Carole Delga, présidente de la Région, Jean-Baptiste Gaubert, premier vice-président du CRPMEM Occitanie, et Loïc Linares, président du Cépralmar, ont officialisé la signature du Contrat de filière pêche et pisciculture marine Occitanie 2024-2026. Cette démarche s'inscrit dans une vision stratégique nationale, avec l'objectif de consolider la filière halieutique tout en répondant aux enjeux actuels.
Des défis multiples pour une filière en mutation
Face aux impacts du changement climatique et à une conjoncture économique complexe, la filière pêche de la région doit relever plusieurs défis. Selon le préfet de la région Occitanie, Pierre-André Durand, « l'État sera présent aux côtés de la filière pour accompagner cette démarche structurante, résolument tournée vers l'avenir. » Parmi les priorités, on trouve la décarbonation de la flotte, la modernisation des infrastructures portuaires et la valorisation des produits. Le contrat vise également à renforcer l'attractivité de la pêche auprès des jeunes, afin d'assurer un renouvellement des générations.
Carole Delga, présidente de la région Occitanie, a souligné dans un communiqué l’importance de cet accord : « Ce contrat doit être la vitrine de l’Occitanie et de sa pêche pour que cette dernière soit entendue et défendue comme il se doit au niveau national et européen. »
Ce contrat est un véritable plan d'action, structuré autour de huit axes stratégiques, incluant des mesures pour améliorer la gestion des ressources et réduire l’empreinte carbone des navires.
130 projets pour une pêche plus verte et plus compétitive
Avec un total de 130 projets inscrits sur la période 2024-2026, le contrat de filière se positionne comme un moteur de transformation pour la pêche en Occitanie. Jean-Baptiste Gaubert, premier vice-président du CRPMEM Occitanie, a déclaré : « Le CRPMEM Occitanie se dote du 1er contrat de filière qui concrétise cet engagement partagé et lui permettra de gagner en efficacité, en anticipation, en transparence et en notoriété. » L'accent est mis sur la transition énergétique avec la décarbonation de la flotte, mais aussi sur la modernisation des infrastructures et la gestion durable des stocks de poissons.
En parallèle, la question de l’attractivité du métier est au cœur des préoccupations, comme le souligne Loïc Linares, président du Cépralmar :
« La filière pêche est un élément structurant du littoral d’Occitanie. Pourvoyeuse d’emplois et de valeurs, elle contribue à l’économie de nos territoires. Mais elle fait face à de nombreux défis [...] Le Cépralmar sera toujours aux côtés de la profession pour contribuer à la pleine réussite de ce premier contrat de filière. »
Une filière clé pour la souveraineté alimentaire
Alors que seulement neuf stocks de poissons sont suivis aujourd’hui en Méditerranée française, la pêche en Occitanie se doit de faire face à une multitude de défis. Les enjeux incluent la conciliation des usages maritimes, la modernisation des infrastructures et la valorisation des produits locaux. Les efforts consentis par la filière ces dernières années ont permis des avancées, mais il est crucial de continuer dans cette voie.
À travers ce contrat, tous les acteurs de la filière s’engagent à porter les valeurs de durabilité et d’innovation pour garantir la pérennité de cette activité historique, essentielle pour la souveraineté alimentaire de la région.
La filière de la pêche professionnelle maritime en Occitanie se distingue par ses 605 navires, représentant la deuxième flotte régionale de France en nombre d'unités, juste après la Bretagne (janvier 2024). Elle emploie 895 marins-pêcheurs répartis sur les 70 ports de pêche et points de débarquement situés dans les quatre départements littoraux. Les principales zones de vente comprennent cinq points de vente en gros (Port-La Nouvelle, Agde, Sète) et deux coopératives au Grau-du-Roi.
En termes économiques, la pêche régionale génère un chiffre d'affaires de plus de 100 millions d’euros, dont 38 millions d’euros issus des ventes en criées (2023). Les tonnages débarqués varient entre 14 200 et 16 000 tonnes par an depuis 2022, avec environ 7 200 à 8 000 tonnes vendues en criées.
Les zones de pêche régionales couvrent des environnements très diversifiés, avec 36 000 hectares de complexes lagunaires et 16 000 kilomètres carrés de plateau continental dans le golfe du Lion. Les pêcheurs se rendent également dans des zones plus éloignées, telles que l'archipel des Baléares et Malte, pour la pêche du thon rouge à la senne.
Concernant la pisciculture marine, la région compte cinq entreprises spécialisées dans l'élevage de la daurade, du loup et du maigre, dont l'une est un leader européen dans le domaine de l’écloserie et du pré-grossissement. Environ 100 emplois équivalents temps plein sont dédiés à cette activité, qui s'intègre dans un ensemble de 3 000 à 3 500 emplois directs et indirects estimés en 2020.
Quant aux ressources halieutiques en Méditerranée française (2022), plus de 270 espèces y sont débarquées. Toutefois, 54 % des volumes proviennent de stocks non évalués, comprenant des espèces comme le poulpe, la daurade royale ou le maquereau, tandis que 36,5 % des volumes sont issus de stocks en bon état ou en reconstitution, tels que l’anchois, le thon rouge, ou encore la sardine.