Créée en 2022 près de Toulouse, l'entreprise Vroumfix utilise l'impression 3D pour créer des pièces de voitures à base de matériaux recyclés. Rencontre.
Antoine Rogliano, le dirigeant de Vroumfix, qui utilise l'impression 3D pour créer des pièces auto. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Début septembre 2024, le Salon Auto-Moto Classic, qui se tenait au Meett de Toulouse (Haute-Garonne), était une occasion unique d'admirer des modèles de voitures légendaires et de fêter de nombreux anniversaires comme les 60 ans de la Mustang, les 90 ans de la traction ou encore les 50 ans de la CX. Un événement très axé loisir dans lequel étaient présents des acteurs de premier plan de la filière automobile, comme BMW Pelras, mais aussi des acteurs émergents prêts à se différencier et à proposer de belles innovations, dans un paysage où le marché des pièces d'occasion continue de flamber.
"Agir pour préserver nos véhicules"
C'est le cas de Vroumfix. Créé en 2022 et installé à Fenouillet (Haute-Garonne), au nord-ouest de Toulouse, il s'est inséré dans un créneau particulièrement original : la création de pièces auto à partir de plastiques recyclés et sur la base de l'impression 3D !
A la tête de cette jeune société, on trouve Antoine Rogliano. Après une quinzaine d'années passées dans le domaine du logiciel et du jeu vidéo, il s'est lancé dans l'aventure, persuadé de la demande. "Avec la côte montante des pièces d’occasion, l’âge des pièces qui ne résiste pas au temps, les casses fréquentes en sport automobile, le mauvais design des pièces d’origine ou simplement l’impossibilité de trouver certaines pièces qui ne sont plus produites, nous avons pensé qu’il fallait agir pour préserver nos véhicules et notre passion, dans un budget raisonnable. Vroumfix est la solution, élégante, écologique, économique, à tous ces problèmes", explique le chef d'entreprise.
Un brevet déposé
Vroumfix se définit comme un "spécialiste dans les Youngtimer, collections, show car, drift et rallye" et propose plusieurs gammes de produits "afin de répondre aux exigences et portefeuilles de chaque projet". Antoine Rogliano explique :
"On peut travailler sur tout type de pièce, surtout celles qui ont des contraintes mécaniques moyennes comme des éléments de carrosserie, des joints moteurs, des cache-culbuteurs et des cache-moteurs divers... Nous avons déposé un brevet spécial en mars 2024 et nous essayons de reproduire les pièces à l'identique autant que possible".
Vroumfix compte cinq associés et possède une trentaine d'imprimantes 3D pour créer ces pièces auto. A l'heure où la passion des Français pour les vieux modèles est de plus en plus prégnante, l'impression 3D peut venir au secours de personnes qui n'arrivent plus à retrouver des pièces d'occasion de voitures qui ne sont presque plus en circulation. "On veut être au moins au même prix que la fibre de verre, voire moins cher", espère Antoine Rogliano.
Pièces en 3D = fragilité ?
Vroumfix se fixe un autre objectif : être plus léger que le carbone. "Sur une aile par exemple, qui pèse en moyenne 3,5 kg, on réussit à faire descendre le poids jusqu'à 1,8 kg grâce à l'impression 3D", poursuit le jeune dirigeant.
Une pièce auto en composite et fabriquée grâce à de l'impression 3D est-elle plus fragile que la fibre de verre ? La réponse d'Antoine Rogliano :
"Détrompez-vous, les pièces en impression 3D sont très solides ! Grâce à un remplissage en "gyroïde", les pièces sont épaisses mais très légères et solides. La résistance à l'impact localisé est plus faible que le carbone ou que la fibre, mais la résistance à la torsion est plus élevée. De plus l'impression 3D se délaminera avant de casser, maintenant ainsi la forme au maximum. Contrairement aux composites traditionnels, l'impression 3D a un très bon taux d'absorption des impacts. Lors d'un choc, une pièce en impression 3D va s'écraser puis se délaminer, contrairement à la fibre ou au carbone qui pourront créer des formes saillantes dangereuses".
L'entreprise prévoit une levée de fonds pour faire décoller l'activité et doit lancer sa boutique en ligne d'ici fin 2024.