Au cœur de Toulouse, un vaste projet d’aménagement transforme l’île du Ramier en un espace vert accessible à tous. Samedi 22 juin 2024, deux nouvelles passerelles piétons-cycles, Robert Poujade et Anita Conti, ouvriront, facilitant l’accès à ce poumon vert en devenir.
La passerelle Anita Conti à Toulouse sera accessible à partir du samedi 22 juin 2024, mais elle sera temporairement fermée du 14 juillet au 15 août afin de finaliser la pose de la résine anti-dérapante. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)
Dans le cadre du projet ambitieux de Toulouse Métropole, le Grand Parc Garonne, l’île du Ramier est en pleine transformation. Autrefois occupée par l’ancien parc des expositions et des parkings, l’île est en passe de devenir un vaste espace vert destiné à tous les habitants de la métropole. Cette initiative, qui vise à renforcer les continuités écologiques et à restaurer la biodiversité, marque une nouvelle étape avec l’ouverture imminente des passerelles Robert Poujade et Anita Conti.
Une traversée facilitée de l'île du Ramier
Le projet d’aménagement de l’île du Ramier inclut la construction de quatre grandes passerelles réservées aux piétons, cyclistes et personnes à mobilité réduite, créant ainsi des liaisons directes entre l’île et les quartiers environnants. Les deux premières passerelles, Anita Conti et Robert Poujade, sont inaugurées en priorité pour leur cohérence avec les aménagements publics en cours. "La réalisation de ces passerelles est un jalon crucial dans notre plan d'aménagement," déclare Jean-Luc Moudenc, président de Toulouse Métropole. "Elles incarnent notre engagement envers une mobilité douce et durable, tout en revalorisant notre patrimoine naturel."
Ces nouvelles infrastructures facilitent non seulement les déplacements quotidiens entre les quartiers et l’île, mais elles offrent également des parcours agréables à travers des espaces naturels revitalisés. En conjuguant esthétique harmonieuse et prouesse technique, les passerelles garantissent une traversée de la Garonne sans appui sur une distance impressionnante de 150 mètres.
Passerelle Robert Poujade : une prouesse technique
La passerelle Robert Poujade relie le cœur de l’île du Ramier aux quartiers Croix-de-Pierre et Saint-Cyprien, ainsi qu’au tramway de l’avenue de Muret et au réseau cyclable sur la digue. Ce chef-d’œuvre architectural, sobre et élégant, s’étend sur 150 mètres sans appui, un exploit technique notable. Le mât unique de 65 mètres de hauteur marque l’entrée sur l’île depuis la rive gauche, offrant des vues imprenables sur le pont Saint-Michel et les Pyrénées. "Ce projet conjugue harmonieusement esthétique et fonctionnalité," explique l’architecte de la passerelle, Nicolas Grimshaw. "Sa conception haubanée avec un pylône unique en fait une structure non seulement belle, mais également résistante aux intempéries et aux crues de la Garonne."
Le coût de la passerelle Robert Poujade s’élève à 10,2 millions d’euros. Sa construction, commencée en juillet 2022 et achevée au printemps 2024, a été réalisée par un groupement mené par l’entreprise Eiffage, avec des matériaux garantissant pérennité et durabilité. La passerelle est une structure métallique avec des appuis et rampes en béton, assurant une grande résistance aux intempéries et notamment aux crues de la Garonne.
Passerelle Anita Conti : une nouvelle connexion vers le sud
La passerelle Anita Conti, quant à elle, relie l’île aux quartiers Empalot, Niel et Saint-Agne, assurant une connexion avec la ligne B du métro et le réseau de bus Linéo 4. Avec ses deux pylônes en forme de V, dont l’un culmine à 36 mètres, la passerelle symbolise la transformation en cours du quartier Empalot. "Nous avons conçu cette passerelle pour qu'elle soit à la fois un symbole et un lien discret avec l’île," affirme Marie Lavigne, architecte de la passerelle Anita Conti. "Sa légèreté et son intégration dans le paysage respectent pleinement l’environnement et la biodiversité locale."
Le coût de la passerelle Anita Conti est de 9,5 millions d’euros. Le chantier, piloté par le groupe Vinci, a été mené dans le respect des normes environnementales les plus strictes, avec une attention particulière à la préservation des arbres et de la ripisylve. La passerelle traverse la Garonne sans appui sur une portée principale de 145 mètres et une largeur de 5 mètres utiles, offrant des voies séparées et sécurisées pour piétons et cyclistes.
Un futur grand jardin urbain
Au débouché de la passerelle Robert Poujade, les aménagements paysagers en cours dessinent les contours du futur jardin public de l’île du Ramier. Ce jardin, dont l’ouverture est prévue fin 2025, comprendra de grandes allées piétonnes, une aire de jeux thématique sur les oiseaux, et un kiosque à musique. "La transformation de l’île du Ramier en un espace vert exemplaire s’inscrit dans notre démarche de re-végétalisation urbaine," souligne Jean-Michel Lattes, vice-président de Toulouse Métropole. "Nous voulons offrir aux Toulousains un lieu de détente et de loisirs au cœur de la ville, tout en contribuant à la lutte contre les îlots de chaleur."
Le jardin, conçu pour devenir un véritable havre de paix, proposera des cheminements tactiques pour piétons et cyclistes, reliant les divers équipements de l’île, tels que la piscine Alfred-Nakache et le Stadium. Une œuvre artistique sur le thème de la flore de l'île du Ramier habillera le bâtiment de la Rotonde, qui sera réhabilité à partir de 2026 pour devenir un équipement associatif.
La renaturation de l’île du Ramier ne se limite pas à la construction de passerelles et à la création d’un jardin. Le projet s’inscrit dans une démarche globale de développement durable, visant à réduire les îlots de chaleur, améliorer la qualité de l’air et décarboner les mobilités. "Nous avons planté 12 000 arbres d'essences adaptées aux bords de Garonne, dont 300 arbres tiges et 11 700 jeunes plants forestiers," explique Pierre Trautmann, directeur des espaces verts de Toulouse Métropole. "Ces plantations renforceront la végétation existante et contribueront à la préservation de la biodiversité locale."
Les travaux d'aménagement du futur jardin public, qui ont débuté fin 2023, consistent à créer des cheminements piétons et des réseaux intérieurs, ainsi qu’à aménager un bassin d'infiltration des eaux pluviales. À l'automne-hiver, environ un millier d’arbres seront plantés.
Un laboratoire d’adaptation au changement climatique
En collaboration avec le projet européen Life Green Heart, l’île du Ramier sert de laboratoire pour des essais d’adaptation au réchauffement climatique. Les premières mesures montrent une réduction de 0,5 °C de la température moyenne estivale après deux ans de végétalisation. "La renaturation de l’île du Ramier est une réponse concrète aux défis climatiques," déclare Anne-Laure Saint-Gilles, coordinatrice du projet Life Green Heart. "Les résultats préliminaires sont très prometteurs et confirment l’importance de telles initiatives."
Les données collectées permettent aux scientifiques de suivre les effets de la végétalisation sur le microclimat urbain et de développer des solutions innovantes pour lutter contre les conséquences du changement climatique. Le projet ambitionne de revitaliser les sols et de restaurer la biodiversité, étouffée par des décennies de constructions.
Perspectives et futurs développements
L'ouverture des passerelles Robert Poujade et Anita Conti marque une étape décisive dans la réalisation du Grand Parc Garonne. Cependant, le projet ne s’arrête pas là. Toulouse Métropole prévoit la construction de deux autres passerelles d’ici 2026 : la passerelle Croix-de-Pierre sur la rive gauche de la Garonne et la passerelle Saint-Michel sur la rive droite.
Ces infrastructures supplémentaires renforceront les connexions entre l’île du Ramier et le reste de la métropole, tout en favorisant une mobilité douce et durable. Les travaux de réhabilitation de la Rotonde et la création de nouveaux espaces de loisirs et sportifs compléteront cette transformation urbaine majeure.