Christian Bec, son dernier projet : Twelve Whisky d'Aubrac !

Par webmaster

Christian Bec, chef d'entreprises aux multiples talents

Christian Bec, chef d'entreprises aux multiples talents

Christian Bec prévoit d’organiser un évènement le 12 décembre 2020 à Laguiole à l’ancien presbytère à l’occasion du lancement officiel du Twelve Whisky d’Aubrac. Mais ce natif de Rodez a de l’énergie...pour douze car il pilote simultanément d’autres défis. Celui qui l’occupe à plein temps aujourd’hui, c’est le développement d’une start-up régionale à très fort potentiel, Syntony, mais aussi sa participation à la gouvernance active de la French Tech Toulousaine, la présidence du club Galaxie qui regroupe l’industrie spatiale toulousaine et celle de l’Aéroclub Toulouse Midi-Pyrénées (ATMP)... sans se départir de sa bonne humeur communicative. Fils de commerçants, il a contracté le bon virus de l’entreprise dès son enfance ruthénoise. 

Quel est votre rôle chez Syntony ? 

J’ai rejoint fin 2016 Joël Korsakissok avec la création de Syntony. Il a développé des technologies de rupture dans le GNSS, la simulation et la géolocalisation via des technologies logicielles. En tant que vice- président, je suis plus particulièrement chargé de suivre un de nos principaux clients en France, et de développer le marché chinois. Béatrice Korsakissok, sa femme est DAF et DRH. Quant à Antoine Jouin, il assure la direction générale et les opérations. Joël est la tête pensante de l’entreprise : c’est lui qui a imaginé la quasi-totalité de nos systèmes. Avec sa femme, il démarche aussi les marchés US. Syntony emploie une cinquantaine de salariés avec un gros potentiel dans le monde entier. Dans notre portefeuille produit, nous avons des récepteurs, des simulateurs GNSS très haut de gamme pour le spatial, l’aéronautique. Avec SubWave, nous apportons la géolocalisation dans les souterrains directement sur les smartphones. Syntony est la seule entreprise au monde à avoir installé un système de géolocalisation in-door basé sur le GPS, qui fonctionne depuis deux ans dans le métro à Stockholm, 24h/24, 365 j/an, sans coupure pour ses applications de sécurité. A New York, nous envisageons de couvrir l’ensemble du 1er réseau de tunnel de métro, environ un millier de km. Nos solutions permettent d’assurer la continuité du signal GPS, quel que soit le type de tunnel. En parallèle nous visons les applications pour l’IoT en limitant drastiquement la consommation des récepteurs, en particulier pour ceux nécessitant une forte autonomie. La Chine est stratégique pour Syntony car c’est le 1er marché mondial du ferroviaire. Pour l’adresser, nous avons un distributeur installé à Xian. 

Un chef d’entreprise doit-il être le meilleur partout ?
Non. Pour ma part je connais mes défauts. Je préfère me consacrer au développement, à la motivation des équipes. Chez BTS Industrie, mon associé François Maréchal, un polytechnicien, était l’homme du chiffre et de la conduite des opérations quotidiennes. Chez Syntony, Antoine Jouin tient ce rôle clé. 

Quel est votre apport à la french tech toulousaine qui vient de renouveler sa gouvernance ?
Je suis d’abord là en représentant de Syntony. Je fais partie de l’équipe de gouvernance, tous des bénévoles géniaux, des chefs d’entreprise avec des aventures qui fonctionnent. L’idée c’est d’aider à notre tour le tissu économique régional dans une démarche de bien commun. Je mentore moi-même une start-up, www.docteur- conso et ses fondateurs que je rencontre tous les 15 jours. A la French Tech je suis chargé de conseiller les start-up sur l’international. Au contact des autres on apporte mais on s’enrichit aussi. «Il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations hu- maines» écrivait Saint-Exupéry. 

 

Toulouse est-elle une terre de start-up ?
Formidablement et c’est particulièrement vrai dans la technologie avec les filières aéronautique, spatiale, automobile. Nous attirons aussi des entreprises étrangères, américaines dans le spatial par exemple. Elles trouvent ici des équipes stables dans le temps. C’est important car dans la deep- tech, il faut de longues années de R & D à l’image de Syntony pendant une quinzaine d’années, pour asseoir un projet et durer sur le marché. 

Quel conseil donnez-vous aux jeunes start-up pour réussir le décollage, passer la vallée de la mort ? 

Systématiquement, les start-up sous-esti- ment le temps et l’argent indispensables pour valider la technologie, industrialiser et commercialiser. Plutôt que de lever 200 k€, il vaut mieux aller chercher 2 millions d’euros et accepter de se diluer. En ne voulant pas perdre la majorité, parfois on meurt. Des projets réunissant 10 à 15 personnes brûlent rapidement le million d’euros/an. 

Comment a démarré le projet Twelve Whisky d’Aubrac ?
L’idée a germé lors d’un repas le jour de l’an entre amis d’enfance sur le plateau de l’Au- brac il y 8 ans. On s’est dit que c’était le lieu idéal pour produire du whisky à l’image de l’Ecosse, réunissant tous les ingrédients : un terroir magnifique, l’eau, le climat. En 2015, l’entreprise est lancée avec notre 1re AG à Saint-Geniez d’Olt. Le chiffre 12 nous rassemble avec douze actionnaires aveyronnais autour du projet Twelve Whisky d’Aubrac. D’emblée le but est de produire le meilleur whisky du monde ! 

Quels sont les moyens mobilisés pour Twelve Whisky d’aubrac ?
Notre ambition ce n’est pas de produire un whisky de «garage» dans son coin mais de bâtir un vrai projet d’entreprise. Il mobilise déjà 2 millions d’euros d’investissement dont 820 k€ en capital amenés par les ac- tionnaires, et je suis le 1er apporteur. En 2016 on a acheté l’ancien presbytère désaffecté à Laguiole. Avec le support actif du maire Vincent Alazard, le projet prend corps avec la construction de la distillerie, en prenant ce qui se fait de mieux en alam- bic, en achetant la meilleure orge, les meil- leures barriques pour aller vers l’excellence. La production a démarré en août 2017. En 2018 nous avons produit 18 000 litres de distillat, 30 000 litres en 2019 engloutis- sant 500 kg d’orge malté par jour, équiva- lent à la production de 100 000 bouteilles. 

 

Comment s’élabore et se positionne Twelve ?
Un jeune maître de chai, Florent Gaston qui vient de Normandie et trois autres salariés, ont été engagés. L’objectif à terme est de vendre chaque année la moitié de la pro- duction et de stocker le reste. Il faut accep- ter de laisser vieillir le produit, nous visons le très haut de gamme. Par exemple on jette toujours les têtes de distillations. Sous la marque TW nous avons élaboré ces trois dernières années nos premiers assem- blages, proposés en eau de vie de malt pendant trois ans, jusqu’au 12 décembre 2020 où le Twelve Whisky d’Aubrac pourra décoller. Nous sélectionnons les meilleures barriques neuves, mais aussi provenant par exemple de Xérès (Pedro Ximenez), de Porto, du Sauternes, du Pineau...dont le prix peut atteindre les 2000 € le fût. On améliore sans cesse nos assemblages. A la différence des grandes marques de Whisky qui font toujours le même produit, Twelve Whisky d’Aubrac évoluera au fil de l’assemblage de lots vers le meilleur. 

Côté approvisionnement l’idée est d’avoir de l’orge locale de qualité bio, d’être responsable dans tout ce que l’on fait. Nous travaillons avec la Malterie du Volcan de Clermont-Ferrand mais nous envisageons de produire nous-même pour aller vers le 100% Aveyron. Nous produisons aussi d’autres alcools comme le gin, des assemblages de rhum provenant de la Jamaïque, du Guyana, de la Réunion, .... 

Les produits sont déjà disponibles ? 

Oui, à Toulouse nous sommes présents à la Cave Spirituelle, chez Bacquié, à la Source, à l’Envie, avec de l’eau de vie, du gin, du rhum en attendant le 12 décembre... A Laguiole, la distillerie est ouverte aux visites. Le Twelve Whisky d’Aubrac a voca- tion à s’inscrire dans le paysage avec le couteau, le fromage de Laguiole. Dans deux à trois ans, je m’investirai à 100% dans ce projet. Et je compte bien déguster en 2060, la 40e année. 

Propos recueillis par  Jean-Luc BÉNÉDINI 

 

Parcours d’un jeune Aveyronnais

Après l’obtention de son DUT génie mécanique option techniques aérospatiales à Paul Sabatier, Christian Bec débute sa carrière professionnelle chez Thales puis migre chez Serleg, un bureau d’études toulousain, détaché chez Matra Marconi Space au Palays. Il loue au passage la bienveillance de Pierre Legrand, le fondateur de Serleg qui l’a laissé reprendre des études au Cesi où il obtient son diplôme d’ingénieur en 1995. Après son rachat par BTS Industrie, un spin off de Matra Marconi Space, Christian Bec prend rapidement la direction du bureau d’études, puis de sa direction commerciale avant de racheter l’entreprise en 2004 associé avec son directeur général François Maréchal et une douzaine de cadres. Travaillant à 80% pour le spatial et essentiellement pour Airbus Defense & Space, BTS Industrie livrait entre autres des packs de batteries pour satellites Télécom, des harnais pour les lanceurs Ariane en mariant les compétences en mécanique, composite et électronique. Le portefeuille s’est élargi vers Thales Alenia Space et la constellation Globalstar 2, puis Iridium Next. BTS Industrie a évolué d’une centaine de salariés générant 6,5 millions de chiffre d’affaires en 2004 à une ETI de 250 collaborateurs avec 18 millions de chiffre d’affaires en 2010 au moment de son rachat par le groupe Nexeya, aujourd’hui Hemeria. Pendant six ans, C. Bec est resté dans le groupe chargé de l’innovation transversale puis de la business unit Power Conversion. En 2016, il décide de changer d’air en rejoignant Béatrice et Joël Korsakissok pour les aider à racheter Silicom Lab et lancer Syntony.