Marie Castro : « Il faut lutter contre les inégalités d’accès à la formation »
Vice-présidente de la Région Occitanie, Marie Castro est en charge de la formation professionnelle. Elle revient sur le Pacte pour l’embauche qui consiste à regrouper toutes les initiatives favorisant l’emploi. La formation est étroitement liée à ce programme.
Marie Castro, vice-présidente du Conseil Régional Occitanie, en charge de la formation professionnelle. Crédit : L.Boutonnet-A.Darnaud-Région Occitanie.
Comment est orientée l’utilisation du budget régional de 320 millions d’euros consacré à la formation professionnelle ?
« Former pour former, ça ne sert à rien. Pour nous, une formation réussie doit mener à l’emploi, c’est-à-dire qu’il faut permettre l’acquisition de compétences qui répondent à un besoin. Enfin, sur tout le territoire, il faut lutter contre les inégalités d’accès, géographiques, ou sociales, s’adapter aux nouvelles façons d’étudier, aux nouvelles tendances et besoins des entreprises. Nous avons pour principe d’aller au plus près des demandeurs d’emplois, de ceux qui en ont le plus besoin et qui en sont le plus éloignés.
Dans cette optique, vous prévoyez de densifier le réseau des écoles de la deuxième chance ?
Quatre nouvelles EDC sont prévues pour 2022-25, les prochaines ouvriront début 2023 dans le Tarn et le Tarn-et-Garonne. Ces écoles de la 2e chance accueillent des jeunes de 16 à 25 ans sans emploi, ni qualification mais motivés pour construire leur parcours professionnel. Elles leur proposent une formation gratuite pour accéder à une formation qualifiante ou bien s’insérer dans la vie active. La durée de formation est variable, souvent de 6 mois.
Vous annoncez aussi le développement des écoles ETRE et la création d’une revenu écologique vert ?
Dans le cadre du pacte pour l’embauche présenté en mars dernier, ce sont une quarantaine d’initiatives concrètes qui sont listées pour apporter des solutions concrètes pour l’emploi. Effectivement, d’ici 2025, nous prévoyons au moins l’ouverture d’une école Être par département soit 13 au total. Aujourd’hui, cinq sont déjà ouvertes. L’idée de ce programme national est de proposer un apprentissage lié aux enjeux de la transition écologique : les métiers de l’éco-construction, de l’agriculture, du recyclage des déchets, du développement durable sont visés. L’approche est innovante et va de la découverte des métiers à la possibilité d’une formation diplômante. Le « revenu écologique vert » est une solution qui vise à concilier écologie et économie et à mettre la jeunesse au cœur d’un nouveau modèle. 1500 jeunes inscrits pourront bénéficier de ce dispositif expérimental destiné aux 18-29 ans. D’un montant de 689 à 1000 euros en fonction de l’âge, ce revenu vise à orienter les jeunes vers les métiers verts dans les filières agriculture et BTP. A l’issue de l’expérimentation le REJ sera ouvert à d’autres filières.
L’apprentissage est aussi dans les mesures phares du Pacte pour l’embauche. Quel budget y consacrez-vous ?
La Région poursuit son engagement en matière d’apprentissage, tant pour soutenir les formations qui répondent aux besoins des entreprises et favorisent l’égalité des chances que pour aider les établissements dans leur projet d’investissement.
Neuf millions d’euros sont destinés à redresser le niveau des établissements dédiés à la formation en apprentissage : modernité et performance sont les maîtres-mots sur ce plan. Concrètement, la Région a par exemple investi dans les projets de rénovation du Campus de la CCI de Rodez et du centre de formation aux métiers de Foix.
Pour aider les TPE, un pack recrutement est mise en place. Pouvez-vous décrire cette aide ?
Le pack recrutement TPE comprend un programme de découverte et d’information sur les métiers de l’artisanat avec des interventions d’experts et de chefs d’entreprises pour déconstruire les stéréotypes et valoriser les professions et les formations. Cet accompagnement sur mesure est proposé aux entreprises rencontrant des difficultés de recrutement ou de maintien des salariés. Celles-ci peuvent avoir accès à un pass RH qui leur permet d’avoir accès à trois demi-journées d’accompagnement effectuées par un prestataire référencé par la Région (prise en charge à 100 %). Un autre outil intéressant pour les entreprises : la mutualisation des emplois, notamment dans les zones les plus reculées de la région. Nous voulons accompagner la création ou la diversification de groupements d’employeurs existants au regard des besoins du territoire. Nous visons la création d’au moins 500 emplois d'ici 2025 via les groupements d’employeurs.
Comment faites-vous pour coller au plus près des besoins des entreprises ?
L’analyse des besoins des entreprises s’effectue à plusieurs niveaux :Economique : avec l’exploitation des données issues des observatoires de branches, de l’observatoire de Pôle Emploi mais aussi de l’Observatoire Régional Emploi Formation porté par le Carif-Oref Occitanie
Territorial : grâce aux échanges et aux analyse des agents de la Région Occitanie présents sur le territoire et en prise direct avec les acteurs économiques du territoire (entreprises, consulaires, clusters,…)
Nous recoupons ensuite les informations recueillies au travers d’un outil d’analyse de la donnée utilisant les technologies de l’intelligence artificielle. Cela nous permet de mesurer notamment que les compétences attendues par les entreprises sont bien présentes dans les programmes des formations que la Région finance.
Nous recourons à l’intelligence artificielle pour analyser toutes les data liées aux besoins de formation. C’est d’ailleurs grâce à cet outil que nous avons pu établir un plan annuel pour 2022. Le dispositif Innov’Emploi Recrutement, lui, permet de déclencher des actions de formation très spécifiques, en réponse à des besoins en compétences précis d’entreprises qui ne trouvent pas les talents dont elles ont besoin pour développer leur activité. Les bénéficiaires de la subvention plafonnée à 15 000 € sont des organismes de formation. Celle-ci permet de financer la formation de demandeurs d’emploi et un emploi doit être programmé à la clé. »