La décision du tribunal administratif de Toulouse, annulant les autorisations environnementales et suspendant les travaux de l’A69 entre Castres et Toulouse, a secoué les acteurs économiques et politiques de la région. Bien que l’État envisage un appel, cette décision suscite une vive inquiétude quant à l’avenir de ce projet stratégique pour la région et l’économie locale.

Le ministère des transports a annoncé que l'Etat va faire appel. (photo Anthony Assemat)
Le 27 février 2025, le tribunal administratif de Toulouse a pris la décision de suspendre les travaux de l'A69, la liaison autoroutière entre Castres et Toulouse. Ce projet, d’une envergure considérable, avait déjà bénéficié de six décisions judiciaires favorables et était en phase d'exécution avec 70% des travaux réalisés et un investissement de 300 millions d'euros.
La décision du tribunal, jugée incompréhensible et dévastatrice par de nombreux acteurs économiques et politiques, suspend le chantier, à l'exception des opérations de mise en sécurité. Les 100 000 habitants du bassin Castres-Mazamet, les entreprises locales et les milliers de salariés impliqués dans ce projet se retrouvent plongés dans une situation d'incertitude.
Fabrice Le Saché, porte-parole et vice-président du Medef, exprime son incompréhension face à cette décision : « il s’agit d’un chantier complété à 70%. On arrête d’un coup les travaux avec des centaines de salariés… des ouvrages construits, des centaines de millions d’investissements et des années de travail. » Il souligne également le soutien majoritaire des habitants et des élus, rappelant que ce projet est essentiel pour le désenclavement du Sud du Tarn et le maintien des activités économiques.
Un soutien unanime pour l'A69
Le projet de l’A69, déclaré d’utilité publique en 2018, bénéficie d’un large soutien local, notamment de la part des collectivités territoriales, des élus, et des acteurs économiques. Les zones concernées par le projet sont essentielles à la compétitivité des entreprises locales, notamment celles du bassin Castres-Mazamet, qui risquent de voir leur développement freiné sans cette infrastructure.
Samuel Hervé, président du Medef Occitanie, exprime son inquiétude concernant l’impact de cette décision sur la région : « cette infrastructure est vitale pour la compétitivité des entreprises locales et le développement économique du territoire. L’A69 devait redynamiser un territoire isolé géographiquement et économiquement. Son rejet par la justice met en péril l'avenir des entreprises et des citoyens. »
L’argument environnemental, bien que légitime, ne doit pas occulter la réalité du terrain. Les mesures nécessaires pour minimiser l’impact écologique du projet ont été intégrées, ce qui amène à se demander si la suspension des travaux n’est pas un frein injustifiable au développement de la région.
Jean-François Rezeau, président de la CCI Occitanie, a exprimé son inquiétude : « cette suspension envoie un signal inquiétant sur notre capacité à mener à bien les projets structurants nécessaires à l’aménagement du territoire et au développement économique. » Il rappelle que cette infrastructure est une nécessité pour l'équilibre économique de la région, notamment pour le bassin de Castres-Mazamet. « Dans un contexte où les projets sont sans cesse remis en question, il devient impératif de réformer le cadre législatif pour garantir la stabilité et la sécurité des projets à long terme. L’Occitanie a besoin de visibilité, de confiance et d’ambition pour bâtir son avenir.»
Un climat d'incertitude pour les projets d'infrastructures
Cette suspension fait écho à une tendance inquiétante en France, où de nombreux grands projets d'infrastructures sont remis en cause par des recours juridiques. La situation actuelle soulève la question de la sécurité juridique des projets d'envergure, un facteur essentiel pour attirer des investissements et garantir le développement économique.
Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne, évoque un véritable coup dur pour l’économie locale : « annuler, c’est condamner des emplois, des entreprises et freiner la croissance durable du Département du Tarn ! Ce projet a été validé par l’État, inscrit comme priorité nationale et soutenu par les acteurs économiques et politiques. Bloquer l’A69, c’est renier des années de travail et d’engagement collectif. »
Il dénonce également la dérive d’une approche environnementaliste radicale, qui, selon lui, nuit au progrès économique : « annuler, c'est donner raison aux dérives d’une approche environnementaliste radicale, qui bloque le progrès économique et fragilise les conditions de vie des populations locales. »
Une mobilisation collective pour l’avenir du projet
Face à cette situation, les acteurs économiques, les élus locaux et les citoyens du bassin Castres-Mazamet se sont unis pour demander une reprise rapide du projet. Les acteurs politiques appellent l’État à faire appel de la décision du tribunal administratif et à défendre ce projet qui est perçu comme un moteur de croissance pour la région.
Fabrice Le Saché ajoute : « nous sommes à leurs côtés et aux côtés des acteurs économiques du territoire qui se sont exprimés dans le communiqué de presse ci-dessous. » Il appelle à la mobilisation des autorités compétentes pour assurer que ce projet stratégique ne soit pas définitivement stoppé.
Le projet de l'A69, indispensable au développement économique de l'Occitanie et au désenclavement du Tarn, se trouve aujourd'hui dans une situation d'incertitude juridique qui met en péril son avenir. Alors que la région, les entreprises et les élus appellent à une reprise rapide des travaux, la décision du tribunal administratif soulève des questions sur la capacité de la France à mener à bien ses projets d'infrastructures d’envergure.
Pour Alain Grizaud, président de la Fédération Nationale des Travaux Publics, cette décision de justice représente un véritable non-sens démocratique et économique : « cette décision met en péril l’avenir de l’ensemble des projets d’infrastructures en France, et d’autres projets essentiels, comme la ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse, risquent de subir le même sort. »