Toulouse. Crise économique et défis pour les entreprises : une analyse à 360° par le Medef Haute-Garonne

La situation économique actuelle en France et à l'international soulève des préoccupations majeures pour les entreprises, en particulier dans des secteurs clés comme l’aéronautique, l'événementiel et la restauration. Entre une fiscalité croissante, des incertitudes géopolitiques, et des difficultés de trésorerie, les perspectives de croissance semblent de plus en plus incertaines. Le Medef Haute-Garonne fait le point.

De gauche à droite : Valérie Jimenez, présidente déléguée du Medef Haute-Garonne, Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne, et Thomas Fantini, vice-Président du Medef Haute-Garonne. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitnaie)

De gauche à droite : Valérie Jimenez, présidente déléguée du Medef Haute-Garonne, Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne, et Thomas Fantini, vice-Président du Medef Haute-Garonne. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitnaie)

"Dans un contexte mondial difficile, les entreprises françaises, en particulier celles du secteur aéronautique et de la construction, doivent être soutenues activement pour préserver leur compétitivité et leur avenir. La situation actuelle requiert une action immédiate et une volonté politique forte." débute Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.

La situation internationale demeure incertaine, notamment à cause des politiques fiscales américaines. L'administration Trump a mis en place des mesures qui favorisent les entreprises produisant localement aux États-Unis, notamment en abaissant le taux d'imposition à 15 % pour celles qui fabriquent sur le sol américain.

"Cette politique risquerait de créer une distorsion de concurrence, surtout dans les secteurs industriels où les droits de douane sur les importations en provenance de l’UE, notamment l’acier, sont augmentés." ajoute-t-il.

Les entreprises françaises, en particulier celles évoluant dans le secteur aéronautique, sont préoccupées par ces mesures qui pourraient peser sur leur compétitivité dû aux effets de la montée en puissance de Boeing et des nouvelles conditions commerciales.

Une fiscalité nationale de plus en plus contraignante

Le budget 2024 en France a été adopté, mais il a également introduit une nouvelle pression fiscale sur les entreprises. L’État a prévu de collecter 13 milliards d’euros supplémentaires par le biais de l’imposition des sociétés et de nouvelles charges sur les entreprises, ce qui freine l’élan des investissements. La concurrence fiscale avec les États-Unis, où les entreprises bénéficient d'une fiscalité bien plus favorable, augmente les difficultés pour les entreprises françaises.

"Une question cruciale se pose : faut-il continuer à augmenter la fiscalité pour soutenir les finances publiques, ou faut-il plutôt alléger les charges pour favoriser la compétitivité et la réindustrialisation ?" précise le président du Medef Haute-Garonne.

Les retards de paiement sont également un problème grandissant. En 2024, les retards de paiement ont dépassé les 13 jours au-delà du délai légal, ce qui crée une pression supplémentaire sur la trésorerie des entreprises. Ces retards se traduisent par une dégradation de la situation financière pour de nombreuses TPE et PME, fragilisant encore davantage leur capacité à investir et à embaucher.

Les entreprises en difficulté : une situation alarmante

Le nombre de défaillances d'entreprises en France continue d'augmenter. En janvier 2024, 65 844 entreprises ont été déclarées en faillite, un chiffre qui dépasse largement la moyenne des années précédentes. Cette crise s’étend particulièrement dans des secteurs comme l'événementiel, la restauration, le transport et la construction, où de nombreuses entreprises n'arrivent plus à maintenir leur activité face à la hausse des coûts et à la baisse de la demande.

"Les entrepreneurs  font face à un "pessimisme croissant", avec une incapacité de plus en plus grande à envisager de nouveaux investissements. Cette incertitude est renforcée par des conditions économiques défavorables, une baisse de la consommation, et un manque de soutien direct de la part des pouvoirs publics." exprime Thomas Fantini, vice-Président du Medef Haute-Garonne.

 En région : l’Occitanie face à une crise profonde

En Occitanie, la situation est particulièrement critique pour plusieurs secteurs. Selon une enquête menée auprès des membres du CA du Medef 31, près de 44 % d’entre elles ont vu leur chiffre d’affaires chuter en 2024. En parallèle, 50 % des entreprises jugent leur trésorerie "faible", et un nombre important d’entre elles font face à un carnet de commandes insuffisant.

Le secteur de l’aéronautique commence à ressentir les effets de la crise. La question de l’accompagnement de ces grands acteurs industriels est cruciale pour éviter un effet domino qui pourrait déstabiliser l'ensemble du tissu économique local. Les entreprises sous-traitantes d'Airbus, particulièrement vulnérables, risquent de se retrouver en difficulté si l’activité de l’industriel ralentit davantage. Le secteur de la restauration et de l'événementiel est également en difficulté, avec des réductions drastiques d’activité.

"Environ 100 000 entreprises de restauration ont fait face à une baisse de fréquentation importante en 2024. Cela est en grande partie dû à la hausse des coûts d’énergie et à la diminution du pouvoir d'achat des consommateurs, mais aussi à des répercussions directes de la crise sanitaire et des changements de comportement des clients." poursuit le vice-président.

Infrastructures et logements : Les défis d’une croissance rapide

Toulouse, troisième ville de France, connaît une croissance rapide mais souffre d’un retard en termes d’infrastructures. Le manque de progrès dans des projets clés, tels que l’A69, la ligne LGV et le développement du pont sur la Garonne, freine l’expansion de la ville et la connectivité avec d’autres régions. Un tel retard dans les infrastructures pèse sur la compétitivité de la région, qui peine à attirer de nouveaux investissements.

La question du logement est tout aussi cruciale, avec une demande croissante et une offre qui peine à suivre. Le secteur de la construction est particulièrement affecté par des retards dans les projets, des coûts de matériaux en hausse et une pénurie de main-d'œuvre qualifiée. Ce manque de logements abordables nuit à l’attractivité de la région pour les jeunes actifs et les familles, et entrave les projets de développement à long terme.

"Le climat économique reste tendu, et la France doit impérativement repenser sa politique économique pour soutenir les entreprises. Les régions comme l'Occitanie, malgré leurs atouts industriels, ne sont pas épargnées par la crise. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, les entreprises risquent de ne pas réussir à surmonter cette période difficile. Il est crucial d'encourager les investissements, d'améliorer les conditions fiscales et de stimuler la confiance des consommateurs pour relancer la machine économique." souligne Valérie Jimenez, présidente déléguée du Medef Haute-Garonne

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