À l’aube de son cinquantième anniversaire, la communauté d’agglomération du Sicoval consolide sa trajectoire avec un budget 2025 qui conjugue rigueur de gestion, investissements ciblés et ambition territoriale. Une stratégie de long terme portée par une volonté assumée : répondre aux transitions écologiques, démographiques, économiques et sociales sans alourdir la fiscalité locale.

Bruno Caubet, président du Sicoval. (Photo Sicoval)
Créée en 1975, la communauté d’agglomération du Sicoval célèbre cette année ses 50 ans d’existence. Née d’une volonté de coopération entre six communes, elle fédère désormais 36 collectivités sur un territoire de 25 000 hectares, regroupant plus de 83 000 habitants, 40 000 emplois salariés et plus de 10 000 établissements. Ce demi-siècle d’histoire aura été marqué par une croissance continue, l’extension des services publics et le développement économique dans un cadre paysager préservé.
À l’image de son président Bruno Caubet, élu à la tête de l’agglomération à la suite de Jacques Oberti devenu député en 2024, le Sicoval se veut fidèle à ses valeurs fondatrices. « C’est une année propice à l’introspection, mais aussi à l’audace », souligne-t-il, évoquant un territoire qui « associe solidarité, innovation et transition énergétique ».
Un budget de continuité dans un contexte contraint
Le budget 2025 a été élaboré dans un climat d’incertitude généré par le Projet de Loi de Finances et les réformes fiscales récentes. Avec une prévision de déficit public national à 5,4 % du PIB, l’État engage les collectivités dans un processus de redressement financier. Le Sicoval a donc adopté une posture prudente pour anticiper les effets de la mise en réserve des recettes fiscales (Dilico), le gel de la dynamique de la TVA, la hausse des cotisations à la CNRACL et la baisse du Fonds vert.
Dans ce contexte, les dépenses réelles de fonctionnement s’élèvent à 135 millions d’euros, contre 130 millions en 2024. L’investissement, lui, est évalué à 40,9 millions d’euros sur deux ans, dont près de la moitié est financée par des partenaires extérieurs, réduisant l’effort net à 20,9 millions d’euros.
Le président insiste : «aucune augmentation des taux de fiscalité locale n’est envisagée, et les dotations de solidarité versées aux communes sont maintenues».
Structurer l’investissement, prioriser les projets
La programmation budgétaire repose sur un rééchelonnement des priorités pour tenir compte des capacités financières. Le plan d’investissement initial de 40 millions d’euros pourrait être réduit à 35 millions, certains projets étant reportés pour garantir leur faisabilité technique et budgétaire.
Dans le domaine des infrastructures, plusieurs axes structurants sont confirmés :
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5 millions d’euros annuels seront consacrés à la voirie entre 2025 et 2029,
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2 millions d’euros annuels à la réfection des réseaux d’eau potable et d’assainissement,
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la modernisation de la gestion technique des bâtiments représente un coût prévisionnel de plus de 350 000 euros pour 2025,
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les aménagements cyclables s’inscrivent dans un plan vélo estimé à 30 millions d’euros sur dix ans.
Des projets plus spécifiques complètent ces efforts, comme la construction d’un bâtiment de restauration à l’ALSH de Castanet-Tolosan, ou encore l’installation de nouvelles stations de vélos en libre-service à Labège et Ramonville-Saint-Agne.
Un développement urbain réfléchi et durable
Le Sicoval mène une politique d’aménagement volontariste. Trois zones d’aménagement concerté (ZAC) emblématiques incarnent cette ambition.
Située sur 230 hectares, la ZAC Enova, héritière de Labège-Innopole, anticipe la ville de demain. Ce quartier mêlera logements, commerces, services, bureaux et espaces verts dans une logique de proximité. D’ici 2035, 485 000 m² de surfaces de plancher seront développés, dont 61 % pour les activités tertiaires, 20 % pour l’habitat et 19 % pour les services, loisirs et équipements. Trois stations de métro, un pôle multimodal et 7 km de pistes cyclables renforceront son accessibilité.
Sur 110 hectares, ce parc d’activités implanté entre Baziège et Montgiscard ambitionne d’accueillir 3 000 emplois autour des technologies vertes et de l’économie circulaire. Premier parc d’activités à énergie positive en région, il a été distingué à plusieurs reprises, notamment dans le cadre du programme France 2030. Ecobâtival, projet vitrine de la transition écologique, y proposera une plateforme de formation et de démonstration de l’écoconstruction.
À Ramonville-Saint-Agne, le Parc du Canal s’agrandit de 27 hectares pour créer 2 700 emplois supplémentaires, tout en réservant un quart de ses espaces à l’Économie Sociale et Solidaire. Sa connexion directe avec la future ligne B du métro, attendue pour 2027, en fera un site majeur de l’agglomération toulousaine.
Un cap climatique renforcé
Le Plan Climat Air Énergie Territorial (PCAET) du Sicoval, en cours de révision, guidera la stratégie écologique jusqu’en 2032. Il conserve cinq axes essentiels – baisse des émissions de GES, adaptation climatique, sobriété énergétique, qualité de l’air, développement des ENR – et intègre de nouveaux enjeux : biodiversité, protection de l’eau, ressources naturelles.
Cette nouvelle mouture sera coconstruite à travers des réunions publiques, une plateforme participative et des ateliers citoyens. Elle prévoit également une déclinaison spécifique dans les 36 communes, avec des outils d’accompagnement dédiés.
Mobilités : un territoire plus accessible
Le chantier du métro progresse à Labège avec la Connexion Ligne B, où le tunnelier Clémence Isaure a finalisé deux galeries souterraines. Les viaducs visibles depuis 2024 seront achevés en 2025. Le Grand Pôle d’Échange Multimodal de Labège, qui combinera métro, train et parking relais, est en cours de réalisation.
Le plan vélo du Sicoval prévoit le doublement du réseau cyclable, passant de 116 à 266 km. En 2024, des aménagements ont été réalisés à Labège, Castanet-Tolosan et Lacroix-Falgarde. Une participation de 200 000 euros a été apportée à la réhabilitation de la passerelle sur l’Ariège, pilotée par le Conseil départemental.
Le réseau Express Vélo (REV), mené conjointement avec Tisséo Collectivités et les autres intercommunalités, prévoit des autoroutes à vélo pour relier Toulouse à sa périphérie. Une première section entre Escalquens et Labège a vu le jour dans le quartier Enova.
Le Projet Social de Territoire, élaboré avec la CAF, les communes et les partenaires sociaux, porte des ambitions fortes : faciliter les parcours des usagers, renforcer les services, favoriser la mixité sociale et accompagner la transition écologique. Une enquête menée en 2024 a révélé des attentes claires sur les besoins en petite enfance, jeunesse, accompagnement des aînés et animation sociale. Des réponses concrètes seront apportées dans le cadre de la Convention Territoriale Globale 2025-2029.
Une vision collective pour l’avenir
Le Sicoval engage également une politique agricole volontariste avec l’Agriparc d’Auzeville-Tolosane. Sur 68 hectares, plusieurs projets portés par de jeunes agriculteurs verront le jour, en lien avec la SAFER, pour promouvoir une agriculture périurbaine durable. Dans tous les domaines, la collectivité réaffirme sa volonté de garder l’habitant au cœur de son action, de travailler en lien étroit avec les communes membres et de préparer activement les transitions futures.
Pour le président Bruno Caubet, « il nous appartient d’être les dignes héritiers de celles et ceux qui ont fondé ce territoire, et d’en inventer le visage de demain».