Toulouse Métropole renforce sa stratégie emploi : cap sur l’inclusion, la proximité et l’innovation sociale

De la plateforme numérique aux forums dans les quartiers, en passant par les clauses d’insertion et la Cité de l’Emploi, Toulouse Métropole déploie une stratégie globale pour favoriser l’accès à l’emploi et accompagner les secteurs en tension.

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole et Isabelle Ferrer, adjointe au maire en charge de l’emploi et de l'insertion. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole et Isabelle Ferrer, adjointe au maire en charge de l’emploi et de l'insertion. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)

À l’origine de cette dynamique, une conviction forte portée par Jean-Luc Moudenc. Dès 2016, le maire de Toulouse et président de la métropole engage sa collectivité dans la création d’une direction spécifique à l’emploi. En 2024, cette direction est élargie à l’insertion, marquant une volonté d’ancrer durablement cette politique dans le paysage local. Alors que l’emploi ne relève pas des compétences obligatoires des collectivités territoriales, Toulouse Métropole choisit d’y investir massivement, avec méthode, constance et ambition. Ce positionnement a été reconnu en 2024 par la désignation de la Métropole comme co-présidente du Comité Local Pour l’Emploi, aux côtés de l’État, de la Région et du Département. Ce rôle légitime désormais son action et en renforce la portée.

« Nous avons fait le choix d’agir là où la loi ne nous y obligeait pas. Nous voulons aider à la fois les entreprises à recruter et les habitants à retrouver une perspective professionnelle. Parce que derrière chaque chiffre du chômage, il y a un destin suspendu, une vie qui attend un cap », affirme Jean-Luc Moudenc.

Une croissance d’emploi indéniable, mais encore marquée par des fractures

Entre 2008 et 2023, 98 000 emplois ont été créés sur le territoire, soit une progression nettement supérieure à la moyenne des autres métropoles de province. En parallèle, le taux de chômage a reculé de manière significative, atteignant 7,7 % en 2024 contre 10,8 % en 2015. Toutefois, ces chiffres masquent encore de fortes disparités, notamment dans les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville, où les taux de chômage restent élevés. Pour Jean-Luc Moudenc, il est impératif de ne pas se satisfaire de moyennes flatteuses mais de continuer à regarder en face la réalité de celles et ceux qui restent à l’écart de cette dynamique. Cette conscience des écarts nourrit l’ensemble de la stratégie métropolitaine.

« La métropole compte 13 % de sa population dans des QPV. Ces territoires doivent être au cœur de notre politique. Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir des droits, mais d’ouvrir des portes », explique Isabelle Ferrer.

Une plateforme numérique pensée à l’échelle du territoire

En 2022, la Métropole lance une plateforme emploi à destination des entreprises locales et des chercheurs d’emploi. Plus qu’un simple portail, il s’agit d’un outil de structuration du marché local. En intégrant les réalités économiques spécifiques du territoire, la plateforme favorise les rapprochements entre l’offre et la demande. Elle permet notamment la publication d’offres issues directement des entreprises implantées localement, valorise les filières clés et accompagne les candidats dans leur orientation. Le site fédère aujourd’hui 620 entreprises et près de 9 000 candidats. En à peine deux ans, plus de 25 000 offres ont été publiées et un nombre équivalent de candidatures a été déposé. Rien que sur la période du 1er mars au 30 avril 2025, le site a enregistré près de 18 000 visites, en hausse de 33 % par rapport à l’année précédente. Chaque mois, des webinaires thématiques, réunissant jusqu’à 60 entreprises, sont organisés à destination des employeurs pour partager des pratiques autour de l’inclusion, de l’intégration des collaborateurs ou de l’identification des talents.

« C’est un outil qui favorise la précision des mises en relation. Les offres sont souvent déposées directement par des TPE-PME locales, ce qui les rend plus accessibles et plus concrètes », précise Jean-Luc Moudenc.

Une logique d’aller-vers au cœur des forums emploi

Depuis 2021, les forums organisés par la Métropole et la Ville se déploient à la fois dans les quartiers, autour de thématiques ciblées, et à l’échelle métropolitaine. Ces événements sont construits avec les partenaires de terrain : France Travail, les Missions Locales, Cap Emploi, les associations d’aide au retour à l’emploi, les organismes de formation ou encore les écoles. À travers ces rendez-vous, la collectivité incarne une posture résolument proactive.

« Ce qui change, c’est la posture. On ne reste pas derrière un guichet et nous n’attendons pas que les chercheurs d’emploi viennent à nous, nous allons vers eux, jusque dans les quartiers, sur les marchés, dans des lieux familiers. On les prépare, on les informe, on crée une relation de confiance », rappelle Jean-Luc Moudenc.

Cette approche produit des résultats très concrets. En 2024, 32 postes ont été pourvus sous quinzaine lors du forum “Place de l’Emploi” à Blagnac, sur 84 offres déposées. Certains événements ont vu jusqu’à 40 % des postes pourvus dans les 15 jours.

Résultats
- Plus de 10 000 participants en deux ans
- 500 entreprises partenaires
- 40 % des offres pourvues en 15 jours sur certains événements
- 80 % de taux de satisfaction des entreprises

La Cité de l’Emploi : réduire les inégalités à la racine

Déployée à Toulouse depuis 2021 dans le cadre d’un partenariat avec l’État, la Cité de l’Emploi est devenue un levier puissant d’égalité des chances. À travers la labellisation de lieux d’accueil et la coordination d’actions ciblées dans les QPV, elle permet de reconnecter les habitants des quartiers avec le monde économique. Cette démarche repose sur une alliance forte entre les institutions, les entreprises, les associations et les habitants. En 2024, 50 actions ont été labellisées, pour un total de 118 depuis le lancement, avec 15 324 participants, dont 42 % de femmes et 36 % de jeunes. Ces actions prennent la forme de forums, ateliers, découvertes métiers ou actions de remobilisation. Plus de 1 249 entreprises ont été impliquées, avec un fort engagement en 2024 (710 entreprises).

Un accompagnement intensif avec le PLIE

Depuis 20 ans, le Plan Local pour l’Insertion et l’Emploi constitue un pilier de l’action métropolitaine. Porté avec le Sicoval et financé par le Fonds Social Européen, ce dispositif propose un accompagnement individualisé sur la durée. Chaque bénéficiaire est suivi par un référent unique qui construit un parcours adapté : levée des freins à l’emploi, montée en compétence, immersion professionnelle, remise en confiance. L’efficacité du PLIE repose sur sa capacité à créer une relation humaine de proximité, loin des formats standards. Le public accompagné est souvent très éloigné de l’emploi et nécessite des réponses sur mesure. Les résultats obtenus démontrent la pertinence de cette approche.

Depuis 2020 
- 6 659 bénéficiaires
- 67 % de femmes
- 61 % n’ayant pas la nationalité française
- 57 % de sorties positives
- 544 entreprises partenaires
- Budget 2024 : 3,709 millions d’euros

Une clause sociale pleinement activée dans les marchés publics

Depuis plusieurs années, la Métropole intègre dans ses marchés publics des clauses sociales qui imposent aux entreprises de réserver une part de leurs heures de travail à des personnes en insertion. Cette logique permet de faire de chaque chantier une opportunité pour des publics éloignés de l’emploi. Que ce soit pour la construction d’équipements ou la réalisation de prestations de services, les marchés deviennent ainsi des vecteurs d’inclusion. Ce dispositif, coordonné par Nova Emploi, a généré plusieurs millions d’heures d’insertion, permettant à des milliers de personnes de retrouver un pied à l’étrier. 

« Ces clauses permettent de réserver une part de l’activité à des personnes éloignées de l’emploi. Cela transforme chaque chantier en opportunité d’inclusion sociale », détaille Jean-Luc Moudenc.

Entre 2020 et 2024
- 4,8 millions d’heures d’insertion
- 9 368 bénéficiaires
- Dont 1,8 million d’heures issues des seuls marchés de Toulouse Métropole
- La ligne C du métro : 665 000 heures d’insertion en 2024

Le soutien aux associations, un pilier de l’innovation sociale

En complément des actions institutionnelles, la Métropole et la Ville soutiennent une quarantaine d’associations engagées dans le champ de l’emploi et de l’insertion. Ce soutien permet de financer des actions originales, souples, adaptées aux besoins spécifiques des publics. Il peut s’agir d’ateliers collectifs, de médiation vers l’emploi, de vestiaires solidaires, de préparation aux entretiens ou d’accompagnement de porteurs de projet. Depuis 2020, 8,6 millions d’euros ont été attribués à une quarantaine d’associations œuvrant sur le champ emploi-insertion. En 2024, ce sont 1,724 million d’euros qui ont été débloqués, dont 1,024 million par la Mairie et 700 000 € par Toulouse Métropole. À titre d’exemple, l’association Reflet 31 propose des vestiaires solidaires pour les demandeurs d’emploi. 60 000 Rebonds accompagne quant à elle des entrepreneurs après un échec professionnel.

« Ces structures sont des relais essentiels, elles vont chercher celles et ceux qui n’osent plus frapper aux portes institutionnelles », affirme Isabelle Ferrer.

La jeunesse au cœur des priorités avec la Mission Locale

Chaque année, la Mission Locale de Toulouse accueille et accompagne près de 10 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans. Avec le déploiement du Contrat Engagement Jeune, ces jeunes bénéficient d’un accompagnement renforcé, d’un suivi individualisé et d’une allocation financière. Ils sont également préparés aux forums, accompagnés dans leur orientation et mis en lien avec des recruteurs. Les résultats sont là : une majorité d’entre eux accèdent à un emploi ou à une formation

À travers cette politique, Toulouse Métropole démontre qu’il est possible d’agir localement pour transformer profondément les dynamiques sociales et économiques d’un territoire. En investissant massivement dans l’emploi, la collectivité assume un rôle de catalyseur, de facilitateur, de créateur de liens. Ce modèle repose sur une vision claire : celle d’un territoire solidaire, innovant, où chaque habitant, quel que soit son parcours, peut trouver sa place.

« L’emploi, c’est la dignité, le lien social, la stabilité. Ce n’est pas une compétence obligatoire, mais c’est une responsabilité morale que nous assumons pleinement », conclut Jean-Luc Moudenc.

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