Avec 15 millions d’euro, c’est le plus important projet d’investissement dans le bio sur le Sud-Ouest avec des retombées sur toute la filière nationale et locale de producteurs de lait. Une bouffée d’oxygène ! L’usine Nutribio implantée à Montauban, filiale du groupe coopératif Sodiaal, pourra à partir de septembre 2016, faire évoluer sa production de poudre de lait infantile bio de 1000 t à 6000 t.
Nutribio produit aujourd’hui à Montauban 25000 de t de lait en poudre dont 1000 t en poudre de lait infantile bio. D’ici 2020, 150 millions de litres de lait bio supplémentaires seront nécessaires à la coopérative Sodiaal pour l’ensemble de ses besoins en bio. Au total, Nutribio traitera autour de 100 millions de litre de lait bio. Le projet a été lancé suite au contrat signé en juillet 2015 par Sodiaal et l’entreprise chinoise Century International Trading (CIT). Il prévoit la fourniture et la distribution entre autre sur le marché chinois de lait infantile bio sous la marque Nactalia. Pour multiplier par six sa production de poudre de lait bio infantile, Nutribio a lancé le projet « Babies go green » en développant une nouvelle technologie propre de fabrication de lactosérum déminéralisé à 90%, à partir de lait cru bio. Cette innovation mondiale permet à Nutribio d’éviter l’utilisation de lactosérum issu de la fabrication de fromages bio, devenue une matière rare et chère. Du coup Nutribio sécurise complétement ses appros. La crème de lait produite ira à la fabrication de beurre sur l’usine de Clermont-Ferrand et le rétentat, issu du process est destiné à alimenter les besoins de l’usine de yaourt Yeo de Sodiaal implantée à Toulouse qui pense accroître ses volumes de près de 30 %.
Les producteurs de lait au cœur du projet
« Avec ce projet, les producteurs reprennent la main sur leur destin et leur identité. C’est une super opportunité pour nos régions d’élevage laitier en crise tout en confortant l’avenir de nos usines » commente Chantal Casal et Alain Trouche, respectivement éleveur laitier bio et conventionnel, administrateurs chez Sodiaal Sud-Ouest. Sur les 150 millions de litres de lait bios supplémentaires, 100 millions viendront des adhérents de Sodiaal dans quasi toutes les régions. Dans le Sud-Ouest, la production passera de 8 millions de litres à 32 millions de litres fin 2018, fourni par 160 agriculteurs contre 45 avant le projet. La production est concentrée sur trois zones géographiques pour faciliter le ramassage avec en premier l’Aveyron, la Lozère et le Tarn suivi par le 82 et le 46 et le long de l’A64. Le programme de conversion en bio a rencontré un très fort engouement chez les producteurs. « On valorise mieux nos productions, en 2015 les 1000 litres de lait bio étaient payés 435€ contre 308€ en conventionnel ». Les producteurs en conversion sont accompagnés. Le principe est d’avoir un maximum d’autonomie en produisant sur l’exploitation le fourrage nécessaire à l’alimentation. En sus des contraintes du cahier des charges du bio, les chinois se rendront dans toutes les exploitations avec leur organisme certificateur pour vérifier la traçabilité et le respect des normes.
Le lait bio progresse vite à l’international
Sodiaal produit 5 milliards de litres en conventionnel. Et va tripler sa production de lait biologique soit plus de 220 millions de litres en 2020. Le marché conventionnel diminue chaque année, de 2 à 3% pour le « longue conservation », à l’inverse le bio qui progresse de 5 à 6%. Le phénomène est identique en Europe dans un contexte de surproduction mondiale en conventionnel. Avec sa marque Candia en forte croissance sur le segment du lait bio(14%), Sodiaal fournit également 58% des marques distributeur en lait bio. Le bio constitue de nouveaux débouchés tant en France qu’à l’international.
Article diffusé par JL Bénédini le 03/06/2016