Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.
On estime à 80% la part des entreprises dont l’activité demeure bonne ou plutôt bonne.
Cette statistique est nationale. Le ratio est malheureusement plus faible en Occitanie, encore plus en Haute-Garonne.
Chez nous, trois groupes semblent devoir être distingués, quant à la capacité des entreprises à résister à la crise, et à se projeter.
L’aéronautique et l’ensemble de sa supply chain sont profondément impactées par la chute violente du trafic aérien et des commandes. Plus de 6000 emplois ont déjà été perdus dans le Sud-Ouest, c’est énorme.
La filière est lourdement touchée, les PSE et accords d’APLD sont signés ou à l’étude dans quasiment toutes les entreprises du secteur. Le Gouvernement suit de très près ce secteur d’excellence et de souveraineté, c’était notamment l’objet de la visite du Ministre des finances Bruno Le Maire mi janvier à Toulouse. Le Medef y était.
Ce sont d’abord des enjeux de trésorerie à court terme qui se jouent, et un PGE dont les conditions doivent s’adapter, en taux et en durée. Ce sont ensuite des enjeux de préservation de savoir-faire qui doivent être pleinement appréhendés. Le maintien de notre excellence a un coût, les conditions actuelles de l’activité partielle doivent être maintenues . C’est enfin un immense enjeu de capacité d’investissement, pour permettre à tout ce secteur de continuer d’inventer l’avenir de notre ciel.
Des subventions de France Relance aux solutions en quasi-fonds propres, l’avenir de nos forces se joue ici. Les Gouvernement et les Collectivités doivent s’aligner pour en faciliter l’accès, les entreprises présentent des projets. Au jeu du premier arrivé premier servi, les entreprises de notre territoire doivent être numéro 1 : excellence, métiers, transformation digitale et transition, le Medef vous aide.
Pour le secteur touristique, l’hôtellerie, la restauration, la culture, l’événementiel et les sous-traitants: détresse, angoisse, perfusion, agonie, zombie, sont parmi les mots qui reviennent le plus dans la bouche de nos adhérents.
C’est pourtant un secteur qui sait se réinventer, qui peut parier sur sa transformation digitale, et qui a un rôle à jouer dans la transition climatique. Les aides sont donc absolument essentielles tant que l’ouverture n’est pas permise.
Surtout, l’ouverture et la reprise de nos activités est plus qu’urgente pour cette économie présentielle, comme pour les commerces.
Les entrepreneurs savent agir avec responsabilité, transparence et pédagogie avec leurs clients. La technologie - par exemple un outil de QR code pour les restaurants -, le respect des jauges, les sens de circulation, les tests, sont autant de solutions pour reprendre l’activité, pour reprendre vie. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, redonner un souffle à un secteur plus impacté qu’ailleurs, à cause de sa dépendance partielle à l’aéronautique.
Enfin, à ce stade, de nombreuses entreprises ne souffrent que peu de cette crise. Et même si elles ont souvent choisi de reporter des charges ou souscrire un PGE, continuent à bien vendre, préservent leur trésorerie, embauchent, et investissent. L’avenir n’en est pas moins incertain. Le secteur du bâtiment et des travaux publics risque par exemple un très fort second effet si la demande ne repart pas après le vaccin.
C’est donc un risque d’économie à deux vitesses qui pointe : les secteurs qui vont bien et ceux dont l'investissement est vivement accompagné d’une part, et ceux dont la perfusion ne semble pas pouvoir s’arrêter.
L’ensemble compose pourtant une toile unique, solidaire, qui a besoin de repartir, qui veut investir.
La défiance légitimement ressentie par de nombreux acteurs vis-à-vis d’un quotidien difficile, d’un avenir très incertain, et de décisions souvent impossibles à comprendre présente un risque d’effet halo sur le reste de l’économie. Elle s’oppose diamétralement à ce dont nous avons tous besoin pour « relancer la machine », la confiance pour la relance.
Cette confiance viendra d’une part d’une diffusion hyper volontaire du vaccin, à laquelle les entreprises peuvent d’ailleurs contribuer ; d’autre part d’une adaptation par secteur des règles d’ouverture.
Sur ces deux aspects, le Medef est très présent, à Paris, à Toulouse et auprès de chacun de nos adhérents.