L’entreprise a fêté ses 20 ans, surfant sur une croissance à deux chiffres depuis sa création. Ce fabricant d’instruments scientifiques destinés aux laboratoires a déjà vendu à travers le monde 1700 appareils Turbiscan. Le fondateur de Formulaction, Gérard Meunier a réussi à s’imposer sur un marché en plein essor, stimulé par le développement de la chimie verte et l’engouement pour le bio. Maîtrisant la mesure de la diffusion multiple de la lumière en statique et en dynamique qui permet l’analyse de milieux opaques et concentrée sans dilution, la PME a conçu deux grandes familles de produits, l’une mesurant la stabilité d’une formulation, l’autre les propriétés viscoélastiques.
Contrôler la stabilité d’une formulation avec le Turbiscan
Première innovation brevetée, la technologie du Turbiscan permet aux chimistes d’évaluer l’homogénéité d’un mélange, sa miscibilité. Une analyse indispensable car les milieux dispersés liquides (émulsions, suspensions, mousses) sont instables du fait de l’alliance dans un même mélange de phases non miscibles (liquide, solide et gazeux). Ces mélanges finissent inexorablement par dé-mixer malgré l’adjonction d’additifs (tensioactifs, polymères) pour les stabiliser. D’où la nécessité de soumettre les préparations, avant leur mise sur le marché, à des tests de vieillissement accéléré pour connaître leur durée de vie. Ce contrôle de la stabilité est réalisé en laboratoire mais aussi en production. « Car ce qui marche sur un échantillon peut dériver à l’échelle du pilote industriel » complète Gérard Meunier, en évoquant le gain de temps et l’objectivité des mesures fournies par le Turbiscan. Ce dernier remplace en fait l’œil puisqu’il s’intéresse à l’aspect visible du mélange. Selon les applications, les enjeux diffèrent ; une crème de beauté devra maintenir son homogénéité pendant deux ans alors qu’un yaourt se périme dans les 3 semaines ! Au service des pétroliers, la norme ASTM associée à un des instruments, évalue la quantité d’additifs à rajouter au pétrole brut, (chargé entre autres en asphaltènes) afin d’en faciliter l’extraction et le transport.
Face à des besoins très variés, Formulaction a conçu une large gamme, allant de 20 000 à 100 000 euros l’unité (lecture de 48 échantillons, système robotisé…).
Déterminer la viscosité d’une préparation avec le Rhéolaser
Parallèlement au Turbiscan qui génère 85% du chiffre d’affaires, l’entreprise commercialise le Rhéolaser, un appareil optique qui mesure les propriétés viscoélastiques (le touché, la consistance, la fluidité, etc.) de produits liquides ou pâteux sans toucher à l’échantillon. Consacrant 25% du chiffre d’affaires à la R&D, la PME prépare le lancement d’un Rhéolaser dédié au chocolat afin de prévenir le phénomène de blanchiment. Un projet pour les rouges à lèvres est à l’étude. Parmi les axes de recherche, les équipes travaillent sur de la micro-fluidique appliquée à la chimie, sur des principes optiques de diffusion multiple de la lumière en deux dimensions. Deux titulaires de bourses Cifre sont mobilisés sur ces thématiques. Le dispositif CIR, la BPI soutiennent l’effort de R&D.
Avec l’innovation, l’exportation constitue l’autre levier de croissance. « Il faut aimer l’étranger d’entrée si on veut réussir » rappelle Gérard Meunier. 90% du volume d’affaires découlent des marchés extérieurs. L’Asie génère la moitié de l’activité. Formulaction équipe les labos de tous les grands groupes de la cosmétique, de la chimie, de l’agroalimentaire. Parmi les références en portefeuille figurent l’Oréal, Procter & Gamble, Ester Lauder, Shiseido, Total, Sanofi, Pierre Fabre, la Seppic, Danone, Nestlé…Sur les 350 clients de l’entreprise, 300 font partie du top 1000 mondial. Clôturant l’exercice avec un CA de 4 M€, en hausse de 10%, la Pme espère d’ici 5 ans doubler ce chiffre d’affaires et s’installer dans certains pays où elle compte déjà de nombreux donneurs d’ordres significatifs.
Emma Bao
Publié le 21 août 2014
A retenir
-Effectif : 22 personnes dont 4 dans la filiale Formulaction INC basée à Columbus dans l’Ohio.
-13 domaines d’application : le pétrole représente 15% du CA, la cosmétique 12%, la pharmacie 12%, l’agroalimentaire 10%.
-Biochimiste de formation, Gérard Meunier a été chercheur au CNRS, a exercé des fonctions commerciales dans des grands groupes et dans des start-up avant de créer l’entreprise en 1994.