La Shem anticipe les changements climatiques sur les barrages de Pyrénées

Cyrille Delprat, DG de la Shem

Cyrille Delprat, DG de la Shem

3ème opérateur hydraulique français présent sur les Pyrénées et le Massif Central, filial de Suez, la Shem anticipe le changement climatique. L’an dernier tous les barrages étaient à sec début octobre pour répondre à la sécheresse qui a sévi pendant les 5 mois précédents. La pluie s’est heureusement mise ensuite à tomber en abondance ensuite jusqu’à la fin de l’année.

Des longs cycles de sécheresse suivi par des épisodes pluvieux violents, le schéma qui se dessine depuis trois ans dans le sillage du changement climatique a des conséquences pratiques. En 2019, la production d’électricité de la Shem a baissé avec un chiffre d’affaires de 89,7 millions d’euros contre 91,3 millions d’euros en 2018. 45 millions de m3 d’eau à la demande des pouvoirs publics ont été délivré aux Côteaux de Gascogne notamment via le Canal de la Neste. Une partie aurait pu être turbinée en produisant de l’électricité. « Il faut concilier tous les usages, les besoins de la population, la production électrique, l’irrigation, le tourisme, l’écologie » relate Cyrille Delprat, directeur Général de la Shem. Un manque de neige est d’ores-et-déjà  constaté début 2020. La Shem est engagée dans un programme de recherche européen pour tenter de simuler les conséquences du changement climatique d’ici 2050. Le barrage de l’Oule situé à Saint-Larry dans le massif du Néouvielle est utilisé comme site pilote. Cette bataille de l’eau va s’amplifier au fil des années car les volumes d’eau disponibles pourraient baisser de 40%, l’alternance de longues périodes de sécheresse suivi par des épisodes de pluie semble semble le plus probable rendant la gestion de l’eau de plus en plus complexe.

La Shem en parallèle continue à entretenir les barrages avec des gros programmes d’investissements, 37 millions d’euros en 2019, et autant chaque année jusqu’en 2025. Parmi les chantiers, le remplacement des 7 conduites forcées de l’usine d’Eget dans les Hautes-Pyrénées par une seule de diamètre supérieur se poursuit. La Shem est engagé dans un programme de développement de la petite hydraulique en dessous de 4,5 MW. Elle a gagné un projet auprès de l’Onf mais en Savoie car les Alpes ont un potentiel bien supérieur aux Pyrénées.

L’avenir des concessions hydrauélectrique et l’ouverture à la concurrence reste en suspens.  L’Europe réclame le changement en mettant en demeure la France mais le gouvernement tergiverse. EDF selon le projet Hercule, devrait se scinder en deux, les concessions hydrauliques seraient gérées en quasi régie dans un statut d’entité publique qui porterait aussi la dette nucléaire. D’après le directeur de la Shem, « cette évolution pourrait se faire au détriment de la Shem, un acteur alternatif privé et historique en France ». La Shem emploie 300 salariés dont une centaine à Balma au siège et des équipes dans les Hautes-Pyrénées (Eget), la vallée du Têt, le Lot, les Pyrénées Atlantique. La Shem intervient dans  l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi via le programme « J’Entreprends » en formant à la création d’entreprise. Une première promotion de 10 personnes formées à Tarbes sont aujourd’hui en train de lancer leur projet. Une 2ème promotion est lancée.

 

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