Le créateur de mobilier urbain Aréa, basé à Toulouse, fait partie des dix premières entreprises en France à recevoir le label PeP.s (Produit en Prison.s), un dispositif qui valorise des conditions de fabrication responsables et inclusives.
L'entreprise Aréa, basée à Toulouse, figure parmi les dix entreprises françaises engagées pour l'insertion des détenus et des travailleurs handicapés via le label PeP.s (Produit en Prison.s). (Photo : E. Belondrade)
Aréa, fondée en 1987 par Michel Boudou, est une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication de mobilier urbain. Implantée à Toulouse (Haute-Garonne), elle propose des éléments destinés à aménager l’espace public dans de nombreuses capitales à travers le monde.
Approche globale de l'urbanisme
Forte d’une offre diversifiée, allant des corbeilles de rue aux protections pour végétaux en passant par les bancs, Aréa s’est toujours distinguée par une approche globale et cohérente de l’urbanisme. Le souci de fluidité et d’harmonie dans le design, ainsi que l’attention portée au bien-être individuel et collectif, sont au cœur de ses créations.
Mais au-delà de la simple fabrication de mobilier, Aréa porte une mission sociale forte. L’entreprise se distingue notamment par son engagement envers l'insertion des personnes les plus éloignées du marché du travail, à savoir les détenus et les travailleurs handicapés. Depuis sa création, Aréa a choisi de favoriser l’intégration professionnelle dans des environnements spécifiques, souvent perçus comme étant en marge du monde du travail traditionnel. Ce choix, loin d'être facile, se révèle pourtant crucial dans la démarche de réinsertion, tant sur le plan humain que social.
Le label PeP.s, une reconnaissance du travail en détention
L’obtention du label PeP.s, attribué à Aréa parmi les dix premières entreprises françaises, constitue une reconnaissance officielle de cet engagement en faveur du travail en détention. Ce label est le seul à garantir des conditions de fabrication responsables et inclusives pour les produits et services réalisés en détention. Il permet ainsi de valoriser un travail souvent mal compris, en le rendant visible et valorisant pour toutes les parties prenantes.
Un travail initié en 1997
La démarche d’Aréa s’inscrit dans une longue tradition d’ouverture et d’engagement. Dès 1997, l’entreprise a intégré des détenus dans ses processus de production, en collaboration avec les Centres d’aide par le travail (CAT), aujourd'hui appelés Établissements et Services d’Aide par le Travail (ESAT).
Un choix qui découle d’une expérience personnelle marquante de Michel Boudou, le fondateur, qui, après avoir travaillé avec un atelier protégé, a décidé d'étendre cette pratique au milieu carcéral. Cette décision s’est naturellement imposée comme une extension de ses valeurs humanistes et de sa vision du travail comme facteur d’intégration.
Un modèle d’insertion qui continue d’évoluer
Aujourd’hui, Aréa emploie 55 salariés, mais fait également appel à 45 détenus et 40 travailleurs handicapés répartis sur plusieurs sites autour de Toulouse. Ces collaborations permettent à l’entreprise de participer activement à la réinsertion des personnes éloignées du marché de l'emploi tout en maintenant un niveau d'excellence dans la production. Selon Laure Boudou, directrice générale d’Aréa, « ces environnements sont contraignants en termes d’organisation, mais ils sont également gratifiants pour les entreprises qui souhaitent créer de la valeur dans des domaines autres que l’économie pure. »
En outre, cet engagement a permis à Aréa de s’inscrire dans une logique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) avant même que ce terme ne devienne une norme dans le monde des affaires.
Lutter contre la "double peine"
Le travail en détention n’est pas seulement une question d’insertion professionnelle, mais également une forme de réhabilitation sociale. Aréa, en s’impliquant dans ce secteur, permet de lutter contre une forme de « double peine » infligée à ceux qui, après avoir purgé leur peine, se retrouvent toujours exclus du monde du travail. L’entreprise participe ainsi à la réintégration des détenus dans la société, leur offrant non seulement une rémunération, mais aussi une dignité retrouvée grâce au travail.