Extraction en cours de composés volatils par Head Space SPME
Spécialisée en chimie des substances naturelles, AkiNaO une entreprise basée à Perpignan (66) va entrer dans une phase de développement importante. Après des années de recherche et développement, elle prépare la commercialisation de son premier produit pour 2021 et espère à moyen terme tripler son chiffre d’affaires. Plus de précisions.
"C’est un tournant majeur pour notre entreprise" explique Annabel Levert, présidente de AkiNaO. Créée en 2010, cette entreprise accompagne les industries de biocontrôle et de biostimulant en analysant et développant des substances naturelles pour l’agriculture.
Elle analyse par exemple la substance active de biopesticides (un pesticide d’origine naturelle) et la stabilise pour en faire un produit certifié "sans variation".
Mais si cette activité d’analyse est son cœur de métier, AkiNaO s’en est également servie comme "fond de roulement" afin d'investir et de développer en parallèle ses propres projets, basés sur une plante endémique du département des Pyrénées-Orientales : l’inule visqueux.
Une même matière première pour deux produits
Avec cette plante, l’entreprise perpignanaise développe deux produits : un fongicide (substance qui élimine ou limite le développement de champignons sur les végétaux) et un support de culture de type paillis végétal.
Pour son produit antifongique "bio" qui permettrait notamment de soigner une maladie touchant les abricotiers et pêchers, AkiNaO ne souhaite pas prendre en charge le développement de l'invention et a donc vendu son brevet à une société partenaire pour commercialiser le produit d’ici 4 à 5 ans.
En revanche, elle compte proposer son paillis végétal (une couche de matériau destinée à préserver l’humidité du sol principalement) pour 2021, et ambitionne de "s’inscrire clairement dans une démarche alternative aux pesticides comme le glyphosate" selon la présidente.
Développer sa propre filière pour être autonome
Désormais, AkiNaO va devoir travailler sur la mise en place d’une filière d’approvisionnement d’inule visqueux pour ses deux produits.
Sur 100 kilos de plantes, 10 kilos fourniront le principe actif permettant de développer le fongicide, et les 90 kilos restants seront utilisés pour le paillis végétal.
Ainsi, pour se fournir en quantité suffisante, l’entreprise développe deux solutions dont notamment une filière de récolte pour profiter de la présence massive de cette plante dans le département. Dans une démarche d’économie circulaire, elle souhaite mobiliser les acteurs des Pyrénées-Orientales et dialogue déjà avec le centre pénitentiaire de Perpignan pour mettre en place cette récolte.
Ensuite, à moyen terme, elle souhaite créer une structure dédiée à la culture de la plante.
"Changer d'échelle d'ici 4 à 5 ans"
Si elle s’est financée grâce à son activité d’analyse et au soutien de la Région Occitanie et de l’Union Européenne, AkiNaO compte désormais sur la commercialisation de ses produits pour réellement se développer.
Avec un chiffre d’affaires annoncé entre 200 000 et 350 000 euros pour 2020, elle espère le faire croître de moitié pour l’année à venir grâce à la vente de son paillis végétal, puis de doubler voire même tripler ce chiffre d’ici 4 ans avec la commercialisation du fongicide qu’elle a breveté et qui lui rapportera des "royalties".
Suite à deux récentes arrivées, AkiNaO compte désormais 7 collaborateurs et envisage de faire au moins deux autres recrutements dans les mois à venir pour "créer et consolider la filière puis la faire monter en puissance". A la suite des 4 prochaines années nécessaires pour "la preuve de concept et l’homologation" du fongicide, l’entreprise perpignanaise estime que la demande pour ses produits nécessitera "plusieurs centaines de tonnes de plante".
Thomas Alidières
