Jérome Servières, directeur de Yeo Frais, Chantalle Cazal, éleveur bio et administratrice chez Sodiaal
« Nous sommes confiants. La production de lait bio des adhérents Sud-Ouest de Sodiaal va passer de 8 millions de litres en 2015 à 32 millions de litres fin 2018. Nous étions 49 producteurs certifiés bio en 2015, 74 sont en conversion en 2016, 17 en 2017, nous serons au final 157 producteurs bio » : Chantal Casal, éleveur bio et administratrice chez Sodiaal faisait le point fin novembre chez Yeo Frais à Toulouse sur la mobilisation des éleveurs Sud-Ouest du groupe coopératif pour répondre aux besoins de Nutribio à Montauban et Yeo Frais à Toulouse.
D’ici 2020, Sodiaal compte vendre 150 millions de litres de lait bio sur la France contre 45 millions de litres en 2015. L’usine de poudre de lait Nutribio de Sodiaal à Montauban aura beoin à elle seule de 150 millions de litres de lait bio supplémentaires pour passer la production de 1 à 25 millions de tonnes destinées principalement aux marchés chinois. Les premiers kg provenant des nouvelles installations de Nutribio ont été produits en décembre 2016. Chez Yeo Frais, filiale de Sodiaal, la demande augmente aussi fortement indiquait Jérome Servière son directeur. Du côté des éleveurs, «il faut consolider tous les passages en bio avec un accompagnement technico-économique dans une éthique globale au sein de Sodiaal » indiquait Chantal Casal. L’évolution du prix du lait bio est regardée de très près ! En 2016, ils sont passés de 400 €/1000 litres à 470 €/1000 litres contre 290€-300€ pour le conventionnel. Il dépend pour partie du coût de la nourriture avec la présence ou non de pâturages. Pendant la phase de mise en conversion bio, une aide de 30€/1000 l est versée aux éleveurs. Les fermes bio de Sodiaal sont disséminées sur 7 départements avec une concentration sur l’Aveyron, le Tarn et la Lozère. Cette dispersion, si elle favorise l’économie des territoires renchérit de fait les coûts de collecte notamment par rapport aux éleveurs bretons. Globalement les perspectives sont plutôt favorables même si Jérôme Servière pointe déjà des comportements de guerre des prix visant les yaourts bio animée par quelques enseignes minoritaires. « Cela n’a pas de sens car le consommateur ne le réclame pas. On détruit de la valeur sur une filière en plein développement ».
Yeo Frais : 1er producteur de yaourts bio en MDD
Yeo Frais avec son usine toulousaine est le 5ème intervenant de yaourts en MDD mais le 1er en bio avec la moitié du marché soit 1/3 des volumes. 70 000 t par an de yaourt dont 12 000 t en bio sont fabriquées, avec du lait de vache et brebis, conventionnel et bio. Si les ventes de yaourt conventionnel en France baissent de 2% /an, celles du bio croissent. Le marché bio devrait progresser de 20% en GMS et 25% en magasins spécialisés en 2017. L’ultra frais bio représente 56 000 t dont 76% en yaourt. « En 2017, il faudra plus d’une vingtaine de millions de litres de lait bio supplémentaires en France. On est sur une vraie tendance de fond qui touche tous les laits alternatifs : bio, chèvre, brebis et les laits végétaux » indiquait Jérôme Servières. Un déficit en lait bio n’est pas exclu à court terme. Yeo Frais travaille avec la plupart des enseignes de la grande distribution et les magasins spécialisés en bio et conventionnel. La marque propre en bio c’est Yogourmand distribuée notamment dans les cantines scolaires toulousaines, dans les magasins spécialisés. « Nous produisons en bio depuis une quinzaine d’années, une à deux fois par semaine selon l’arrivée des citernes. Nous avons au total 180 références avec de nombreuses petites séries ». Très automatisée et robotisée sur certains postes, cette usine fonctionne avec 8 lignes de production en 3x8. Yeo Frais génère environ 75 M€ de chiffre d’affaires avec 175 salariés.
Jean Luc Bénédini