France Travail a dévoilé les résultats de son enquête annuelle sur les besoins en main-d'œuvre des entreprises régionales, lors d’une conférence accueillie par Engie Solutions à Toulouse. Malgré une légère baisse, les intentions d’embauche restent soutenues, avec une forte mobilisation pour accompagner les secteurs en tension.

Karine Meininger, directrice régionale de France Travail Occitanie, a présenté les résultats de l’enquête annuelle sur les besoins en main-d’œuvre, lors d’une conférence organisée au sein de l’entreprise Engie Solutions à Toulouse. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)
Avec 218 000 intentions d’embauche recensées en 2025, l’Occitanie confirme son dynamisme sur le marché de l’emploi, même si les chiffres marquent un léger repli par rapport aux années précédentes. Cette tendance a été révélée lors d’une conférence organisée par France Travail et accueillie dans les locaux d’Engie Solutions, Direction Régionale Occitanie Industrie, à Toulouse. Près de 45 000 entreprises ont été interrogées dans le cadre de cette enquête annuelle.
« L’enquête BMO (Besoins en Main-d’Œuvre) reste un outil stratégique pour anticiper les besoins des entreprises et adapter les politiques de l’emploi », a rappelé Karine Meininger, Directrice Régionale de France Travail Occitanie. Elle souligne l'importance de créer des passerelles concrètes entre les opportunités d'embauche et les demandeurs d'emploi, notamment par le biais d'immersions, de formations ou de recrutements innovants.
Le tertiaire au cœur des embauches prévues
Plus de 60 % des projets de recrutement concernent les services, en particulier les métiers du soin, de l’aide à domicile, de la propreté, de la restauration ou encore de la logistique. Deux départements concentrent une part importante des embauches prévues : la Haute-Garonne et l’Hérault.
Malgré un recul des intentions par rapport à la période post-Covid – marquée par un rebond exceptionnel – les volumes restent élevés, équivalents à ceux observés en 2018. Le recours accru aux contrats longs est un autre enseignement de cette édition : 57 % des projets d’embauche envisagent un contrat à durée indéterminée ou un CDI intérimaire, témoignant d’un engagement accru des employeurs vers des formes d’emploi plus stables.
Moins de tensions sur les recrutements, mais des difficultés persistantes
La part des projets jugés « difficiles à pourvoir » par les employeurs s’établit à 47 %, en baisse par rapport à l’année précédente. Toutefois, cette moyenne masque des écarts significatifs selon les secteurs et les territoires. L’Occitanie demeure l’une des régions les plus exposées à la saisonnalité, avec une forte proportion de contrats temporaires liés au tourisme et à l’agriculture.
Selon Karine Meininger, « la région reste la troisième plus saisonnière de France, derrière la Corse et la Nouvelle-Aquitaine ».
Dans les métiers techniques ou numériques, la tension reste forte. Ainsi, 70 % des projets d’embauche d’ingénieurs et cadres informatiques sont localisés dans deux bassins spécifiques : Toulouse et Montpellier. Ce phénomène illustre la concentration des besoins dans certains territoires urbains stratégiques.
Une mobilisation accrue de France Travail et de ses partenaires
Pour répondre à ces besoins, France Travail intensifie son action en allant au-devant des entreprises. Un objectif de 40 000 prospections est fixé pour l’année 2025, contre 17 874 entreprises visitées à ce jour. Cette démarche proactive s’appuie sur un maillage territorial solide impliquant les missions locales, Cap Emploi, la Région, les services de l’État, mais aussi les branches professionnelles et les fédérations d’employeurs.
« Aujourd’hui, seulement 30 % des entreprises nous connaissent, mais parmi celles qui nous sollicitent, 91 % se disent satisfaites », a souligné Karine Meininger. L’un des enjeux majeurs est donc de mieux faire connaître les services de France Travail aux TPE-PME, souvent éloignées des dispositifs existants.
Recruter autrement pour toucher des profils éloignés de l’emploi
Face à la difficulté de recruter certains profils via les méthodes traditionnelles, France Travail mise sur des dispositifs alternatifs. Parmi eux, la Préparation Opérationnelle à l’Embauche (POE) permet de former les candidats aux besoins spécifiques des entreprises. « Huit bénéficiaires sur dix de la POE accèdent à un emploi durable à l’issue du parcours », a précisé la directrice.
La méthode de recrutement par simulation (MRS), centrée sur les habiletés plutôt que sur les CV, connaît également un développement. Plus de 7 600 personnes en ont bénéficié récemment. Autre exemple : les immersions professionnelles en entreprise, dont 22 857 sont prévues en 2025, avec un taux d’insertion de 70 %.
L’événement a aussi permis de mettre en lumière des initiatives innovantes, comme les opérations « Job Chef », organisées autour de concours culinaires pour identifier des vocations dans la restauration. « Ces concours sont suivis de formations financées par la Région, avec un fort taux de maintien en emploi », a expliqué Karine Meininger. Autre dispositif remarqué : « Stade vers l’emploi », qui mêle sport et recrutement afin de créer un cadre informel et fédérateur entre demandeurs d’emploi et recruteurs.
Une stratégie alignée avec la loi pour le plein emploi
En ligne avec la loi sur le plein emploi, France Travail renforce l’expertise de ses conseillers en créant des équipes sectorielles, notamment dans l’énergie, l’agroalimentaire ou encore la robotique. Le déploiement de guichets uniques comme « RH TPE » permet également d’offrir un accompagnement personnalisé aux très petites entreprises.
Karine Meininger a conclu la rencontre en soulignant que « l’ensemble de ces actions s’inscrivent dans une stratégie de long terme, centrée sur l’innovation, la proximité, et la coordination territoriale avec tous les acteurs de l’emploi ».