Remontées mécanique, hydraulique : interview d'Hervé Blanchard, dirigeant de Mécamont Hydro

 

Après s’être diversifiée et avoir doublé en 6 ans le chiffre d’affaires, Mécamont Hydro écrit une nouvelle page de son histoire en quittant le village d’Arreau pour s’installer à Lannemezan, dans les anciens locaux rénovés d’Aluminium Péchiney. Avec cette acquisition, la Pme disposera d’un bâtiment de 6000 m2 pour développer d’autres prestations complémentaires y compris de la R&D.

Hervé Blanchard, le dirigeant de cette société spécialisée dans les remontées mécaniques et la maintenance industrielle, détaille les axes de croissance et les projets d’actualité.

EMP : Quels leviers avez-vous activés pour passer de 4 à 55 salariés et dépasser les 6 M€ de chiffre d’affaires ?

H. B. : Pendant des années, notre périmètre commercial s’est cantonné aux téléphériques, télésièges, funiculaires…situés pour l’essentiel en zone de montagne. Satisfaits de notre qualité de service, certains de nos donneurs d’ordres comme EDF, la SHEM… détenteurs de ces moyens de transport par câbles,  nous ont sollicités à partir de  2009,  pour intervenir sur leurs centrales hydroélectriques. Nous travaillons désormais  pour des opérateurs de toutes tailles, le Grenelle de l’Environnement encourageant les propriétaires de petites centrales de production à rénover leurs installations. Un soutien financier leur est d’ailleurs accordé. Le marché de l’énergie représente à présent 40% de notre activité.

EMP : Quels sont vos savoir-faire ?

Avec les remontées mécaniques, notre cœur de métier historique, nous avons acquis une expertise sur les réducteurs de vitesse. Nous l’avons capitalisée sur l’hydraulique qui, à l’inverse, utilise des multiplicateurs de vitesse.

H.B. : Plus largement, nous assurons l’entretien des turbines, des vannes, des câbles,  des treuils, des ponts roulants,  des conduites forcées…Notre équipe est rodée aux environnements critiques liés aux conditions météo et aux difficultés d’accès aux sites souvent isolés….Nous avons également développé un bureau d’études dédié aux rénovations des matériels que nous démontons. Le manque de place dans notre atelier nous a contraints à sous-traiter partie importante d’usinage de ces pièces.

EMP : Votre transfert à Lannemezan vous ouvre-t-il de nouvelles  opportunités ?

H. B : En intégrant une partie de ces usinages spécifiques, nous allons gagner en délais, qualité et réactivité. Avec des moyens industriels confortés, nous allons pouvoir capter de nouveaux marchés liés à la pièce de rechange, la réparation, le rétrofit…

Avec ce déménagement, nous prévoyons de reprendre des programmes, déjà dégrossis, de R&D en collaboration avec ArcelorMittal qui nous a confié en 2009 la supervision de la mise en place de tous leurs câbles acier et ce à l’échelle mondiale. Sous leur impulsion, nous avons fondé dans leurs locaux à Bourg-en-Bresse, la société Tec-Câbles, une structure de 6 personnes, filiale de Mécamont-Hydro.

A Lannemezan, nous allons axer nos programmes de recherche sur les câbles acier et les outillages de mise en œuvre, sachant qu’en matière de transport urbain, les funiculaires et téléphériques sont devenus tendance. Brest est en train de se doter d’une solution. Le potentiel est important dans les pays émergents qui sont de plus en plus séduits par par cette solution écologique.  D’où la nécessité d’engager une R&D avec Arcelor Mittal et l’Icam Toulouse sur la tenue dans le temps des câbles, la réduction du bruit pour ne pas impacter les riverains…Ce qui suppose d’entrée, la conception et la mise en place d’un banc d’essais et autres équipements.

EMP : A combien s’élève le projet ?

H. B. : Nous avons investi 3,3 M€ au global dont 2 affectés au bâtiment et 1,3 aux équipements. Nous avons bénéficié d’un contrat d’appui de la Région, du soutien du Département des Hautes-Pyrénées, du concours de BPIfrance, d’une participation de la part d’EDF. Nous espérons emménager fin 2015. Les travaux de rénovation viennent de démarrer. Je tiens à préciser qu’entre Arreau et notre futur site, la distance est de 25 km soit un éloignement tout relatif pour nos collaborateurs résidant dans le village d’Arreau.

EMP : Envisagez-vous un déploiement à l’international ?

H. B. : En développant la base de Lannemezan, nous allons démarcher en priorité l’Espagne et l’Amérique Latine et autres pays hispanophones. Nous n’excluons pas des implantations sur place. C’est sur nos niches d’excellence, l’hydraulique et les câbles que nous irons à l’exportation.

EMP : Vous êtes à la tête d’une PME familiale, avez-vous préparé la transmission ?

H. B. : Mon fils Nicolas nous a rejoint il y a 5 ans,  fort d’une bonne expérience, acquise chez Freyssinet (Groupe Vinci), en génie civil et en installations de ponts à haubans.  Il a d’ailleurs œuvré sur le chantier de construction du Pont de Millau. Il me relaye déjà au quotidien, ce qui me permet de lever le pied sur l’opérationnel pour me concentrer sur le projet Lannemezan. En lui passant le témoin, il aura à cœur de continuer à pérenniser Mécamont Hydro qui devrait dépasser à horizon 2020 les 10 M€ avec un effectif renforcé.
Emma Bao
Diffusé le 29-05-2015

Encadré 1

A retenir

CA  : 6,3 M€

- En 1990, Hervé Blanchard a repris Mécamont (devenue Mécamont Hydro) qui employait, à l’époque, 4 salariés.

-Spécialiste reconnu des funiculaires, Mécamont Hydro a révisé cette année plusieurs machines dont celles de Lourdes, Pau, Aven-Armand, Rocamadour…De nombreux chantiers lui sont confiés partout en France ces dernières années (Evian, Le Havre par exemple).

 -Répartition du chiffre d’affaires : 40% concernent la maintenance de remontées mécaniques, 40% le secteur des installations de production d’hydroélectricité et 20% la maintenance et l’ingénierie industrielles.

-Acquisition sur la zone industrielle de Lannemezan d’un bâtiment de 6000 m2 (acheté au groupe Rio Tinto) et d’une surface foncière de  4,5 ha pour mettre en place un outil industriel moderne, ambitieux, adaptés aux 65 emplois envisagés à échéance 2020.

Encadré 2

De nombreux engagements

A 66 ans, Hervé Blanchard garde intactes son énergie et passion pour mener de front plusieurs engagements au service de l’organisation professionnelle et de la  collectivité. 1er adjoint à la mairie de Grailhen, élu consulaire à CCI de Tarbes, il est aussi adhérent de l’UIMM et du pôle Aerospace Valley.  Malgré un emploi du temps très chargé, il s’adonne à la randonnée en montagne Ses loisirs sont partagés entre la randonnées en montagne et la restauration d’une ancienne ferme qu’il habite dans un petit village de la Vallée d’Aure.

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