La Chambre de Commerce et d'Industrie Toulouse Haute-Garonne et la Banque de France Occitanie publient leur 23e enquête annuelle sur la conjoncture économique départementale. Le bilan 2024 révèle une croissance modérée marquée par de fortes disparités sectorielles et territoriales, tandis que 2025 s'annonce sous le signe de la prudence et d'une recherche accrue de productivité.

De gauche à droite : Vincent Foussal, responsable du service études économiques, Christine Bardinet, directrice régional de la Banque de France, Patrick Piedrafita, président de la CCI Toulouse Haute-Garonne. Marie-Anne Hugo-Magnan, responsables études et aménagement du territoire et Nadège Fantin, chargée d'études - service études et aménagement du territoire. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)
En 2024, les entreprises de la Haute-Garonne affichent une croissance globale de leur chiffre d’affaires à +2,4 %, un rythme nettement inférieur aux performances enregistrées lors des reprises post-pandémie en 2022 et 2023. Ce ralentissement général reflète les inquiétudes persistantes liées à un contexte économique, budgétaire et politique incertain, tant au niveau national qu'international.
Patrick Piedrafita, président de la CCI Toulouse Haute-Garonne, souligne cette situation contrastée : « malgré une dynamique décélérée, notre économie départementale continue de montrer une remarquable capacité de résilience, principalement grâce à l'industrie et aux services. »
Le secteur industriel (+4,5 %) tire effectivement son épingle du jeu, grâce notamment à la construction aéronautique (+6,1 %) et à l'industrie agroalimentaire (+4 %). Les industries des biens intermédiaires (+1,8 %) montrent également des signes de solidité, alors que les industries des biens de consommation (-3,6 %) et des équipements électriques et électroniques (-1,8 %) connaissent des difficultés significatives.
L'emploi : Consolidation prudente dans un environnement compliqué
La progression des effectifs salariés est positive mais modérée à +1,9 %, inférieure aux prévisions initiales. Christine Bardinet, directrice régionale de la Banque de France Occitanie, commente : « L’année 2024 a permis de stabiliser les emplois malgré un contexte budgétaire délicat. »
Les secteurs industriels (+1,3 %) et des services aux entreprises (+4,9 %) restent les principaux créateurs d'emplois. En revanche, la situation est tendue dans le BTP-immobilier (+1,2 %) et particulièrement difficile dans le commerce de détail en équipement de la personne (-3,8 %). Le secteur aéronautique demeure un vecteur essentiel d'embauches (+3,7 %).
2025 : Prudence dans les prévisions avec priorité à la productivité
Pour 2025, les chefs d’entreprise affichent une croissance anticipée à +3,4 %, assortie d'intentions d'embauches extrêmement limitées à +0,4 %. « La prudence domine chez nos entrepreneurs, avec une recherche accrue de productivité face à l'incertitude », explique Patrick Piedrafita.
51 % des dirigeants se disent confiants pour leur entreprise grâce à une relative stabilité de leurs carnets de commandes. Toutefois, l'inquiétude pour l'avenir du secteur est en hausse, atteignant 34 % des dirigeants interrogés.
Contrastes sectoriels marqués et défis spécifiques
En 2025, l'industrie aéronautique (+7,1 %) devrait rester dynamique, portée par des investissements nécessaires pour répondre à la montée en cadence. À l'inverse, des difficultés persistent dans le commerce de détail en équipement de la personne (-2,8 %) et les grandes surfaces (-0,5 %), où les dirigeants craignent que les arbitrages de consommation affectent leur activité.
Dans le BTP-immobilier, la loi Zéro Artificialisation Nette (ZAN) et la baisse des dotations publiques pèsent sur les perspectives. Néanmoins, l'immobilier (+3,1 %) pourrait bénéficier d'un contexte de taux légèrement amélioré.
Disparités territoriales et privilège pour les grandes structures
La zone urbaine de Toulouse reste le pôle dominant de croissance (+3,5 % prévu en 2025). Les autres territoires, zone périurbaine (+1,2 %) et Comminges (+1,7 %), affichent des performances plus modestes. Les créations d’emplois en 2025 seront minimes (+0,4 %), avec une légère récession constatée en Comminges (-0,8 % en 2024).
Patrick Piedrafita rappelle : « les territoires périphériques connaissent une fragilité plus marquée et nécessitent une vigilance accrue. »
En situation d'incertitude, la taille de l'entreprise joue un rôle déterminant dans sa capacité à résister. Les grandes entreprises, notamment dans l'industrie et les services, parviennent à conserver une croissance significative, contrairement aux TPE et PME qui connaissent une réalité économique plus difficile, avec des baisses marquées de rentabilité et de trésorerie pour une part importante d'entre elles.
Les dirigeants de petites structures, malgré une grande résilience, affichent un niveau de confiance très bas (31 % seulement optimistes pour leur secteur), contrastant fortement avec les grandes entreprises qui bénéficient de carnets de commandes plus étoffés.
La conjoncture économique haut-garonnaise de 2024-2025 dresse ainsi un bilan où la prudence reste le maître mot. Si les entreprises locales se montrent capables de surmonter les turbulences économiques actuelles, leur développement futur reste conditionné par une amélioration globale des conditions économiques et un soutien ciblé aux secteurs et entreprises les plus fragilisés.