Une étude conjointe de KPMG et du METI, publiée à l’occasion des 20 ans du Pacte Dutreil, met en lumière les défis et opportunités de la transmission des entreprises de taille intermédiaire (ETI) familiales en France. Avec une ETI sur deux à transmettre dans les dix prochaines années, le sujet s’impose comme une priorité économique et sociétale.
Renaud Dutreil, ancien ministre et créateur des Pactes Dutreil, en visite à Gaches Chimie. (Photo Dorian Alinaghi Entreprises Occitanie)
À l’occasion des deux décennies du Pacte Dutreil, KPMG en France et le Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI) ont présenté, lors d'une d'une visite de l'ETI familiale industrielle Gaches Chimie à Toulouse, en présence de Renaud Dutreil, ancien ministre et créateur des Pactes Dutreil, la deuxième édition de leur étude intitulée « ETI, La Relève. 10 ans pour re-générer le tissu des ETI françaises par une transmission réussie ». Ce rapport souligne que près de 50 % des ETI, structures essentielles au dynamisme économique, devront changer de dirigeants d’ici 2033.
La France compte aujourd’hui 5 400 ETI, employant 3,4 millions de personnes et générant un chiffre d’affaires cumulé de plus de 1 000 milliards d’euros. Ces entreprises, souvent familiales, sont des piliers économiques répartis sur tout le territoire : trois ETI sur quatre sont implantées en régions et une sur deux opère dans les secteurs de l’industrie et de la construction.
Un enjeu de souveraineté économique
La transmission des ETI représente une opportunité cruciale pour renforcer la souveraineté économique et encourager la réindustrialisation de la France. Renaud Dutreil, à l’origine du pacte portant son nom, insiste : « une transmission réussie n’est pas seulement un passage de témoin, mais une opportunité de transformation, permettant de préparer l’avenir de l’entreprise tout en préservant son ancrage familial et territorial. »
Transmettre une entreprise demande un long travail d’anticipation. Selon l’étude, ce processus s’étale en moyenne sur six à dix ans. Les aspects juridiques, fiscaux et humains sont au cœur des difficultés rencontrées. Parmi les dirigeants interrogés, 60 % envisagent une transmission dans les dix ans, et, dans la majorité des cas, le futur repreneur travaille déjà au sein de l’entreprise.
Le Pacte Dutreil, outil majeur pour favoriser ces transmissions, a été utilisé par 90 % des dirigeants interrogés. Cependant, ce cadre est jugé perfectible : 61 % des répondants estiment que l’environnement juridique et fiscal français reste peu favorable, pointant des coûts de transmission jugés trop élevés.
Une transmission créatrice de valeur
Si la transmission d’une ETI est souvent perçue comme une difficulté, elle constitue aussi une opportunité. Pour beaucoup, elle marque le début d’une nouvelle phase stratégique : développement international, transitions numériques et environnementales, ou encore réorganisation interne. Dans la quasi-totalité des cas étudiés, les transmissions ont permis une création d’emplois et une croissance du chiffre d’affaires.
Cette vague de transmissions constitue une étape cruciale pour pérenniser l’écosystème des ETI françaises. Pour KPMG et le METI, il est nécessaire de simplifier le cadre réglementaire et de renforcer l’accompagnement des dirigeants. En anticipant ces enjeux, la France pourrait préserver sa souveraineté économique tout en stimulant sa réindustrialisation.