Le Tarnais Jérémy Muratet a lancé en 2020 EANQA, une solution pour que les entreprises prennent réellement en compte la question de la santé mentale de leurs salariés. Les détails.
Grâce à EANQA, Jérémy Muratet a déjà été récompensée à plusieurs reprises, notamment lors de l'Université de la e-santé en 2023. (Photo : EANQA)
La RSE, la QSVT, les RPS, la marque employeur... Ces termes sont aujourd'hui omniprésents dans le monde de l'entreprise. Comment fidéliser ses salariés et attirer les talents ? Tickets restaurants, CE puissant, télétravail, travail flexible, salaire : les atouts sont nombreux dans la manche des employeurs. Une question a fait une brutale apparition lors du Covid, empiétant autant sur le champ personnel que professionnel : la santé mentale des collaborateurs. "20% des arrêts maladies sont dus à des motifs psychologiques, et les problèmes de santé mentale coûtent en moyenne 3000 euros par salarié et par an", précise Jérémy Muratet, fondateur de la solution EANQA en 2020. "La santé mentale doit être une priorité pour les entreprises aujourd'hui", poursuit-il.
Des chiffres alarmants
Car les chiffres ne sont pas bons. Selon les chiffres du premier Baromètre de la santé mentale des salariés réalisé par la plateforme de santé mentale Teale, près d’un salarié sur deux estime ne pas avoir un niveau de stress gérable au travail et attribue son état de stress à son environnement professionnel, tandis que 55% des salariés français interrogés se déclarent stressés, 39% ne sont pas satisfaits de leur équilibre vie professionnelle et vie personnelle, et 30% ont même envisagé de quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale... Cinq facteurs impactant sur la santé mentale reviennent régulièrement : le manque de motivation et la perte de productivité, le manque d’alignement avec les valeurs, le manque d’évolution des compétences, le sentiment de ne plus être respecté, et le sentiment d’un manque de reconnaissance.
Un drame personnel comme déclic
Pour l'entrepreneur du Tarn Jérémy Muratet, le déclic est venu d'un fait de vie dramatique personnel.
"Après le décès de la compagne, j'ai mis un an et demi pour trouver un psychologue qui me convienne. Aujourd'hui, 4 patients sur 5 consultent plusieurs psys avant de trouver le bon et 13 millions de personnes sont touchées chaque année, en France, par un trouble psychique".
Avec EANQA (qui signifie "phénix" en arabe"), le Tarnais veut faire renaître les personnes de leurs cendres et ce, pour (r)établir une bonne passerelle entre vie pro et vie perso. "La démarche d'aller voir un psychologue, ce n'est pas seulement pour les cas les plus graves ! Les moins de 30 ans, par exemple, consultent aujourd'hui beaucoup plus. Aux Etats-Unis, les gens se conseillent les psys entre eux. En France, c'est encore un peu tabou, on est en retard", explique le fondateur.
Les entreprises en priorité
EANQA, qui se décline entre l'application et le site web, s'adresse à trois publics : les entreprises (leur marché principal), les associations et les établissements de santé. Leur solution, qui se veut 360°, se déploie en trois étapes. La première consiste en une évaluation du bien-être, pour permettre aux entreprises de mesurer le bien-être global de leurs équipes à un instant T. La deuxième étape est celle de la prévention. "Un service permet aux salariés et à leurs familles de trouver rapidement le psychologue adapté à leurs besoins, leur permettant de prendre soin de leur santé mentale en toute confidentialité et sécurité. En mettant l'accent sur la santé mentale, EANQA aide les entreprises à créer un environnement de travail plus sain et plus productif, ce qui contribue à la fidélisation des employés et à la réduction des coûts liés à l'absentéisme", indiquent les dirigeants.
Avec une approche scientifique
La troisième étape est celle de la réaction. Jérémy Muratet explique :
"En cas de crise, nous déployons des interventions d'urgence en entreprise, avec des psychologues prêts à agir face à des situations critiques telles qu'un suicide d'un membre de l'entreprise, un décès, un plan de licenciement, un harcèlement et bien d'autres cas".
Matcher pour accéder au bon psy : tel est le credo d'EANQA, qui possède une base de 1000 professionnels référencés. Sa solution, Jérémy Muratet l'a mûrie, avec son équipe, par le truchement d'une approche scientifique centrée sur la notion d'alliance thérapeutique, l'aide d'une vingtaine de partenaires experts de ces questions et la création d'un comité scientifique ad hoc composé de trois personnes : Maëva Roulin (psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie), le docteur Ludovic Samalin (professeur de psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand) et Koosha Khademi (docteur en ergonomie et enseignant-chercheur à Albi, dans le Tarn).
Un objectif de 500 000 euros de CA en 2025
EANQA, récompensé de deux trophées lors de l'Université de la e-santé 2023 et finaliste des Trophées RSE 2023 d'Axa, est un service qui s'adresse à tous types et tailles d'entreprises qui souhaitent prendre ce sujet à bras-le-corps pour anticiper la perte de productivité, le turn-over et améliorer le bien-être au travail. EANQA emploie 8 salariés dans le Tarn (sur deux sites : l'un à la technopôle Castres-Mazamet et l'autre à Saint-Sulpice-la-Pointe) et la société vise les 150 000 euros de chiffre d'affaires à fin 2024, puis 500 000 euros en 2025. "On espère réaliser une levée de fonds en 2025 et couvrir une partie du marché national des entreprises d'ici cinq ans", conclut Jérémy Muratet.