BTP : interview de Gérard Libéros, le dirigeant de Socorem

La RSE et l’innovation, deux facteurs de progrès dans une Pme
 
Gérard Libéros dirige la Socorem, une Scop du BTP d’une cinquantaine de salariés, spécialisée dans le génie électrique, implantée à  Ramonville-ST-Agne. En parallèle administrateur et trésorier national de la Fédération des Scop du BTP, il préside la Fédération Sud-Ouest et c’est un référent national en matière de RSE, de Responsabilité sociale des entreprises. Membre du Medef 31, Il a présidé pendant dix ans le GIPI, le Groupement d’innovation pour l’industrie.
 
La crise dans le BTP impacte-t-elle Socorem ?
Notre volume d’activité d’environ 5 millions d’euros est stable. Nous sommes à la fois sur le neuf et la maintenance avec des références et des contrats pluriannuels pour le Cnes, la Mairie de Toulouse, Motorola, Total…sur le Sud-Ouest de la France, à 50/50 dans les marchés publics et privés. Nous sommes à la fois sur l’industrie et le tertiaire. Malgré le contexte difficile Socorem recrute en 2012 une dizaine de personnes sur les métiers de l’électricité, la maintenance, des chefs d’équipes, des techniciens et chargés d’affaires.
La Socorem est une Scop, c’est une entreprise comme les autres ?
Oui car nous avons les mêmes obligations de servir nos clients, assurer les délais, la qualité, le commercial avec une organisation opérationnelle pour y répondre similaire à celle de toutes les entreprises. Mais la différence c’est le mode de gouvernance. 80% des salariés sont sociétaires. Ils ont la double responsabilité par rapport aux clients et à l’entreprise. Les dirigeants sont élus par les sociétaires. Le conseil d’administration désigne le président. Le projet d’entreprise sur 3 ans est d’abord élaboré au sein de groupes de travail dont la synthèse est présentée à l’AG qui fixe le cap. La feuille de route est ensuite valable pour tous. Avantage, chacun y a participé au préalable.
 
Vous êtes très engagé dans la RSE ?
Je travaille ce thème sujet et l’éthique dans les entreprises depuis 1999. A partir de 2006, il a été introduit dans la Fédération des Scop du BTP, en 2008 le thème de l’AG évoquait le développement durable et l’offre globale. En 2010 nous avons lancé des formations. En 2011, 9 Scop de Midi-Pyrénées dont Socorem, en pleine crise économique, se sont engagées dans une opération collective pour aller vers la certification ISO 26 000. Avec le concours de l’Ademe, de la Direccte et de la Région, deux ont déjà été évaluées.
 
La RSE est-elle adaptée au monde de la Pme ?
 
Chez Socorem c’est l’assemblée générale qui a décidé. C’est important car tout le monde doit être responsabilisé pour réussir. Avec ce sujet on s’engage à la fois vers nos clients, nos fournisseurs et l’environnement économique et social de l’entreprise. La RSE c’est une démarche lourde mais très accessible. Le risque c’est de vouloir tout faire en même temps, se désorganiser, créer des surcharges. Il faut une stratégie claire. Ce n’est pas très compliqué, il faut se poser des questions que l’on n’a pas l’habitude d’aborder, de s’améliorer sans faire de révolution comme un plan carbone, mettre en place un tri, choisir des livraisons groupées une fois par semaine plutôt que des petits flux, utiliser des véhicules plus propres… Pour les achats responsables, il faut pouvoir jouer gagnant gagnant.
 
L’innovation c’est un facteur de progrès ?
La créativité est indispensable. Dans nos métiers du bâtiment, c’est à chaque fois un prototype. Chez Socorem, nous avons entre autres formé deux équipes pour la pose, le câblage, et la maintenance de panneaux photovoltaïques. Notre budget formation représente entre 3 et 5% de la masse salariale. Je suis moi-même responsable d’un groupe de travail chargé de proposer des innovations entreprises-industriels au sein du projet européen Eco-Habitat associant Toulouse, Barcelone et Lisbonne. Au sein du GIPI, pendant dix ans, je n’ai vu que des réussites. Pour progresser il travailler avec les meilleurs.
 
 
 
 
 
 
 
 
Profil
Ingénieur en électricité et électromécanique, Gérard Libéros a travaillé une douzaine d’années dans les grands groupes (Saunier Duval, Cegelec…) et dirigé une agence régionale. L’envie d’entreprendre au sein d’une Pme l’amène à rejoindre le 2 janvier 1991 Socorem, une Scop du BTP en génie électrique créée en 1971, employant une cinquantaine de personnes. Le démarrage est compliqué en pleine crise du bâtiment dans les années 91-92. Après le redressement, l’entreprise s’en sort par le haut dans les années 2000.
 

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