Créée fin 2019 dans le Lot par deux frères, Motowatt veut révolutionner la mobilité citadine décarbonée avec sa moto électrique made in France. Rencontre.
Motowatt possède son site de production à Cambes (Lot) et souhaite devenir un acteur majeur de la mobilité décarbonée et citadine en France. (Photo : Motowatt)
On parle beaucoup de la voiture et du vélo quand il s'agit de la révolution électrique. Mais la moto alors ? Voilà qui tombe bien, Motowatt veut prouver que "bouger à deux-roues n'a jamais été aussi responsable !". Motowatt, c'est avant tout une histoire de famille, celle d'Olivier et Henri Rabatel. Le premier possède une solide expérience de chef d'entreprise dans l'expertise-comptable, la finance et le management. Le second a roulé sa bosse dans la mécanique, les boîtes industrielles et dans la R&D. "Depuis longtemps, on avait l'idée de faire quelque chose ensemble", se souvient Olivier Rabatel.
Un lancement avant le Covid
Fin 2019, les deux frères lyonnais, installés dans le Lot à Cambes, près de Figeac, se lancent dans l'aventure de la mobilité citadine décarbonée avec Motowatt (qui emploie six salariés). Leur cible : la moto. Normal, les deux entrepreneurs sont des amoureux des deux-roues depuis toujours. L'idée, c'était de créer un produit innovant et sortir des sentiers battus pour proposer un véhicule deux roues neutre en carbone tout en offrant de vraies sensations de conduite", poursuit l'entrepreneur lotois, pour qui la coupure du Covid a, paradoxalement, été "bénéfique".
2024 est l'année de la concrétisation de quatre années de R&D avec l'arrivée du modèle W1X. Voici, pour les connaisseurs, les détails techniques de cette moto électrique présentés par les frères Rabatel :
"Nous utilisons un procédé technique unique ; la chaîne de traction modulable à deux moteurs. Cette répartition sur deux moteurs apporte stabilité et sécurité renforcée à cette moto de 178 kg. Ne nécessitant pas de révision périodique car n'ayant pas de système de transmission et très peu de pièces d'usure, la W1X se distingue également par son coût de fonctionnement et d'entretien très réduit. Ses deux moteurs à flux axial n'ont aucune pièce en frottement, garantissant une très grande tenue dans le temps".
Séduire (aussi) la clientèle féminine
"On ne voulait d'usine à gaz pour la maintenance mais une moto simple à entretenir, avec une techno nouvelle", insiste Olivier Rabatel. Accessible aux permis A1 et B (il est obligatoire de suivre une formation de 7 heures), la moto électrique made in Lot (le site de production se situe à Cambes mais le bureau d'étude est à Dardilly, dans le Rhône) sans changement de vitesses ni embrayage, proposera une autonomie de 130 km. Et veut mettre en avant ses atouts de fiabilité, de plaisir et de sécurité, avec une volonté de séduire la clientèle féminine.
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La livraison en triporteur après la moto
Après avoir exposé au Salon du deux-roues de Lyon (Rhône), du 7 au 10 mars 2024, Olivier et Henri Rabatel prévoient la commercialisation de leur moto électrique début 2025. Une vingtaine de motos sont déjà en pré-commandes - pour une livraison en janvier 2025 - et le projet d'entreprise de Motowatt est clairement de monter en puissance dans les prochaines années. Côté marché, les dirigeants espèrent également proposer la moto électrique en LLD (Location longue durée), en priorité pour les particuliers, et conquérir le marché européen (Espagne, Italie, Suisse...) après 2028. Et après la moto électrique, Motowatt veut s'engager plus en avant dans la mobilité urbaine avec un projet de triporteur de livraison électrique, avec trois roues motrices.
L'acteur lotois s'inscrit dans la stratégie France 2030 et propose sa moto électrique à 14 950 euros. "Nous sommes dans les mêmes prix de marché que nos concurrents et moins cher que les Chinois, qui proposent des motos moins puissantes", estime Olivier Rabatel.
Les objectifs de Motowatt d'ici 2028
D'ici 2028, Motowatt vise un chiffre d'affaires compris entre 8 et 10 millions d'euros et un effectif allant de 40 à 50 personnes (Motowatt recherchera alors des salariés pour la production et la qualité), pour un objectif de 150 motos et triporteurs de livraison par an. Un "business plan prudent", avec la perspective d'une levée de fonds en 2025 si le produit trouve sa cible, mais non dénué d'ambitions ! "On veut clairement devenir un moteur de la moto électrique en France", conclut Olivier Rabatel. Qu'on se le dise : la "moto disruptive" se crée un avenir radieux dans le Lot !