Edouard Sherwood
En s’installant à Grenade, Cobratex disposera des premières machines de défibrage et assemblage pour lancer le prototypage et pré-industrialisation de tissus techniques à base de bambou. Edouard Sherwood et David Hardy ont peaufiné le projet pendant 4 ans avant de créer la société en octobre dernier. 7 associés au total sont impliqués dans l’affaire. Les produits élaborés par la start-up toulousaine serviront à concevoir des composites dans une logique de développement durable. Une alternative à la fibre de verre présente sur 90% du marché et dont le bilan carbone est montré du doigt.
Cobratex a breveté deux technologies, celle du défibrage du bambou et celle de l’assemblage de la fibre. Tout comme le lin ou le chanvre, cette plante cumule plusieurs qualités telles la résistance, l’absorption de chocs et de vibrations…Les différentes espèces de bambous (il en existe plus de 1500) permettent d’affiner l’offre en fonction des propriétés recherchées. L’entreprise qui travaille avec plusieurs cultivateurs (en Amérique du Sud et Asie du Sud-Est) a homologué trois variétés. Du bambou sera aussi planté localement pour favoriser l’émergence d’une agrochaîne en trouvant d’autres applications à la plante.
Quant aux débouchés, Cobratex cible les fournisseurs de semi-produits de renfort entrant dans la composition de nombreux articles : kayaks, vélos, casques de motos, l’ameublement et la décoration…Plusieurs industriels du sport loisir et du secteur maritime ont manifesté leur volonté de s’approvisionner chez Cobratex. « Nous avons validé l’utilisation de nos tissus dans certaines technologies de nos clients » précise Edouard Sherwood qui fera appel aux tisserands locaux et nationaux pour façonner le produit. Si les textiles génèrent davantage de valeur ajoutée, la société commercialisera également de la fibre et de la bobine.
Pour amorcer la pompe, 200 000 € ont été levés, de quoi financer la première ligne de production et les préséries. Estimé à 3 M€, le projet suscitera la création d’une trentaine d’emplois. « La réglementation imposera le recours à des solutions plus écologiques et aussi fiables et compétitives que les composants classiques » argue le PDG de cette entreprise innovante qui accumule les distinctions : Lauréat du Réseau Entreprendre, de Midinvest, du Concours de la création d’entreprises de technologies innovantes, Grand prix national de l’ingénierie, Trophée du développement durable en Midi-Pyrénées…
Emma Bao
Diffusé le 28 décembre 2013
Encadré
Le projet de deux ingénieurs
Ingénieur mécanique avec une spécialité robotique, Edouard Sherwood a d’abord acquis une bonne expérience professionnelle, employé entre autres pendant 7 ans dans l’aéronautique avant de cofonder à 33 ans Cobratex. Son associé de départ, David Hardy (38 ans), également ingénieur avec une expertise matériaux, dirige le bureau d’étude Veso Concept basé à Nogaro dans le Gers. L’Ecole des Mines d’Albi a apporté sa contribution pendant la longue phase de R&D précédant la constitution de l’entreprise.