Spherea Test & Services accélère la diversification hors aéronautique
Le marché du banc d’essai pour le métro de Lille remporté fin 2015 illustre bien la nouvelle stratégie d’ouverture et de diversification de Spherea Test & Services. Depuis le 10 juillet 2014, Airbus Group a cédé la direction opérationnelle de cette ETI désormais gérée par une équipe de managers indépendante. Ace Management en est devenu l’actionnaire de référence (49,3%) devant Airbus Group, (33,3%), l’Irdi (14,2%) et les dirigeants (3,2%).
Créée en 1965 pour développer le banc test ATEC des commandes de vol électriques du Concorde puis par la suite pour la gamme Airbus et Boeing, elle a élargi ses activités en 1996 en intégrant l’activité test d’Aerospatiale Avions et de Sextant Avionique avec le Rafale et le char Leclerc. Depuis 2014, la feuille de route fixe des objectifs ambitieux. Spherea emploie aujourd’hui 550 salariés sur 4 sites principaux à Colomiers, Elancourt, Ulm en Allemagne, Ferndown au Royaume-Uni pour un chiffre d’affaires de 110 M€ dont 60% à l’export auprès de 600 clients (compagnies aériennes, MRO…). A l’horizon 2020, la cible est d’atteindre un CA de 200 M€ dans les systèmes critiques en jouant sur trois axes. L’offre s’élargit en allant d’une stratégie produit type ATEC, vers des solutions complètes dans la simulation, les systèmes de test, la supervision de systèmes critiques…Très concentrée sur l’aéronautique et la défense qui représentent 85% des facturations, l’idée est de réduire cette part à 70% en diversifiant les marchés dans le ferroviaire, l’énergie, l’espace. Avec une localisation plutôt européenne, Spherea compte s’étendre davantage à l’international en créant une base solide aux Etats-Unis tout en renforçant la présence en Asie et en Russie. Cette stratégie de croissance est déjà en œuvre accompagnée par un gros effort en R&D qui mobilise entre 5 et 7% du CA.
Avec l’ATEC Dyna Series, Spherea a développé des moyens de tests pour accompagner les montées en cadence de calculateurs électroniques sur une base matérielle mutualisée avec l’ATEC Séries 6. Le logiciel U-TEST a été utilisé pour créer une famille de banc de validation et de certification. Ce produit a par exemple été déployé pour valider le système de contrôle d’un train d’atterrissage en simulation pure puis avec tous les équipements électroniques et enfin en intégrant des composants mécaniques. Une famille de testeurs a été lancée pour les systèmes d’optronique. Au Bourget 2015, Spherea avait présenté le banc d’essai moteur à l’air libre dédié aux futurs moteurs de Snecma. Ce système complet (à l’instar du banc de métro de Lille) est composé d’un pylône de 18 mètres de haut et d’un bâtiment abritant le contrôle-commande. En 2015 Spherea a racheté la société Puissance Plus située à Montauban spécialisée dans l’électronique de puissance. L’objectif est d’améliorer son positionnement sur les marchés des systèmes électriques en forte croissance. Les principales cibles de développement sont l’aéronautique et l’avion plus électrique, l’énergie comme les smartgrids et le ferroviaire. Dans le nucléaire, la stratégie est d’accompagner le vaste plan de rénovation du parc de centrales. Spherea fournit depuis juillet 2014 des modules de surveillance électronique de niveau de sûreté K3 aux normes 2016. Elle développe également une offre numérique qui propose une solution modulaire de gestion de crise, de supervision de systèmes complexes et de gestion de parc.
Le banc test du Métro automatique de Lille sera livré en 2017
En 2017 sera mis en service un banc de test dynamique fourni par Spherea Test & Services sur lequel seront testées les rames du métro Val de la Métropole Européenne de Lille. Ces essais, menés en atelier après les opérations de maintenance, permettront de tester les systèmes avant la remise en circulation. En doublant la longueur des rames de 26 à 52 mètres, la piste d’essais actuelle n’aura plus la capacité nécessaire pour mener à bien ces essais. Le banc va reproduire le roulement de la rame sur le réseau avec ses phases d’accélération, de freinage à chaque station, les arrêts d’urgence…. Chaque roue sera placée sur un tapis de roulement et l’action des systèmes de signalisation du réseau sera reproduite à l’identique. Le système mécanique d’entraînement comprend, pour les 4 essieux de la rame, une roue d’inertie entrainée par un moteur électrique. Spherea s’est associée avec la société d’ingénierie parisienne Sereme pour les études et la réalisation de ces moyens d’essais mécaniques qui ont pris en compte la sécurité des personnes et la limitation des nuisances sonores. Le système-commande du banc exploite le logiciel de simulation U-TEST® développé par Spherea. Le banc peut simuler toutes les configurations du réseau. Ce contrat constitue une première mondiale pour un métro sur pneumatiques. Spherea a fortement investi pour ce contrat de plusieurs millions d’euros, avec l’idée de dupliquer le banc sur d’autres réseaux de métro automatique Siemens VAL dans le monde et vers tous les réseaux équipés par les autres constructeurs Alstom, Bombardier, les constructeurs japonais,…. Le système mécanique a été conçu pour s’adapter aux différentes normes des constructeurs. En remplaçant les essais sur une piste dédiée de plusieurs km, le banc de test réduit l’emprise sur le foncier dans les centres urbains, les nuisances sonores et le coût d’entretien qui incombe aux collectivités. Ce produit fait l’objet de trois brevets.
Article diffusé le 01/03/2016 par JL Bénédini