En Occitanie, le secteur du numérique est en plein boom... mais il manque 2000 candidats

A l'occasion de la rentrée économique 2024, Numeum, syndicat professionnel de l'industrie du numérique, alerte sur la difficulté de pourvoir les emplois dans le secteur et évoque une pénurie de 2000 candidats en Occitanie.

Le secteur du numérique a entraîné la création de 8000 emplois en 2023 en Occitanie, mais la pénurie est toujours vive avec 2000 emplois à pourvoir. (Photo d'illustration : Pixabay)

Le secteur du numérique a entraîné la création de 8000 emplois en 2023 en Occitanie, mais la pénurie est toujours vive avec 2000 emplois à pourvoir. (Photo d'illustration : Pixabay)

Avec l'intelligence artificielle et la digitalisation galopante de tous les services, et de notre société en général, le numérique recrute massivement. Mais derrière l'essor de ce secteur, se cachent de fortes tensions de recrutement.

8000 emplois créés en 2023

En Occitanie, le numérique a entraîné la création de 8000 emplois en 2023 (ce qui en fait la troisième région française la plus dynamique derrière les régions Auvergne/Rhône-Alpes et Ile-de-France) et le secteur, toutes filières confondues, représente 110 000 emplois (dont 30 000 dépendent de l'aéronautique) et un chiffre d'affaires cumulé de près de 15 milliards d'euros. 52% de ces 110 000 emplois sont situés en Haute-Garonne. "Mais nous constatons une pénurie de 2000 candidats et en 2024, on observe une baisse de 20% des offres d'emplois", précise Frédéric Honnorat, représentant de Numeum en Occitanie, premier syndicat professionnel de l'écosystème numérique en France.

BTP et transport routier : la situation en Haute-Garonne
A l'occasion de la conférence de presse de lancement du 37e Top Economique Occitanie, mercredi 4 septembre 2024, les branches professionnelles étaient présentes aux côtés de Pierre-Olivier Nau, président du Medef de Haute-Garonne. Mathieu Roudié, le nouveau président de la Fédération du BTP de Haute-Garonne, a rappelé que les signaux d'alerte lancés par la filière ces derniers mois étaient fondés. Retrouvez l'interview qu'il nous avait accordée fin juillet 2024 lorsqu'il a succédé à Emile Noyer.

Guillaume Chavanat, pour l'OTRE (Organisation des transporteurs routiers européens), a évoqué l'actualité de la filière du transport routier. "L'activité et le chiffre d'affaires sont stables, pour l'essentiel, même si les investissements sont en retrait", explique t-il, satisfait "du coût des carburants plus faible ces derniers temps". Le sujet fiscal du moment, pour la branche, est la crainte d'un retour en arrière sur le remboursement partiel de la TICPE (Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques). "Nous sommes inquiets de ce rabotage prévu alors même que l'offre de carburant alternative n'est pas disponible", conclut Guillaume Chavanat.

"En tension sur le nombre et les profils"

Une pénurie de 2000 candidats : le constat n'est pas nouveau. Dans une interview accordée à Entreprises Occitanie en octobre 2023, Anne Destouches, la déléguée régionale de Numeum en Occitanie, posait les mêmes problèmes sur la table : 

"Il manque 2000 salariés en Occitanie pour combler les postes. C’est considérable. Les deux problèmes principaux sont de trouver des clients et d’avoir les compétences suffisantes en interne. Nous sommes en souffrance sur ce plan-là. Nous sommes en tension sur le nombre et les profils – on manque de développeurs et de personnes en infrastructures, soit des spécialistes en réseaux systèmes et support utilisateur – et également en tension technologique, sur l’IA, la cybersécurité et le traitement de la donnée. Nous devons attirer les talents d’autres filières, faire connaître nos possibilités même quand on n’a pas les bons diplômes, travailler sur la reconversion des demandeurs d’emploi et la féminisation des effectifs. Il faut investir aussi dès le collège et le lycée pour faire briller les yeux des jeunes. Nos entreprises doivent être au cœur du contrat et créer un cercle vertueux pour aller de l’avant".

Une croissance moins forte en 2024

Après une croissance continue depuis 15 ans, souvent sur une moyenne de 6 à 7%, le numérique est en train d'amorcer une décrue en 2024, même si la croissance est toujours au rendez-vous pour les Entreprises de services numériques (ESN), le conseil en technologies et les éditeurs de logiciels et plateformes cloud. "La croissance est moindre que prévue mais nous sommes à la traîne par rapport à l'Asie et aux Etats-Unis", explique Frédéric Honnorat.

Frédéric Honnorat, représentant de la branche Numeum en Occitanie. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Frédéric Honnorat, représentant de la branche Numeum en Occitanie. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Les cinq métiers les plus en tension

Les tensions sur le marché de l'emploi sont particulièrement vives dans cinq catégories de métiers. Les voici :

  • Expertise et support en systèmes d'information
  • Conseil et maîtrise d'ouvrage en systèmes d'information
  • Direction des systèmes d'information
  • Administration des systèmes d'information
  • Etudes et développement informatique

"Nous manquons d'experts sur l'IA et la cybersécurité, tandis que sur la question de l'IA générative, nous manquons de développeurs seniors", poursuit Frédéric Honnorat.

L'autre sujet d'inquiétude se situe dans la baisse des contrats d'apprentissage, avec -12% en Occitanie, alors que la tendance est à la hausse sur le plan national avec +4%. 

Engagement sur la parité hommes-femmes

Enfin, sur le plan national, la Fédération Syntec s'engage fortement en faveur de l'égalité professionnelle hommes-femmes. Selon leurs données, 15% des femmes ont déjà redouté, voire renoncé à s'orienter dans les filières ou métiers scientifiques et 46% d'entre elles ont déjà eu l'impression d'avoir été moins bien traitées au travail en raison de leur sexe. Le Syntec indique que la part des femmes dans leur branche est de 35% et il entend "continuer d'améliorer l'attractivité des métiers de la branche pour les femmes afin de les encourager à rejoindre des secteurs qui participent à la réindustrialisation du pays".

Didier Katzenmayer : "Notre existence dépendra de notre transformation industrielle"
Elu en juin 2024 nouveau président de l'UIMM MP-Occitanie en remplacement de Bruno Bergoend, Didier Katzenmayer a également profité de la rentrée économique pour faire le point sur la situation industrielle de la région. Pointant "un record historique de faillites en France au mois de juillet 2024, une production manufacturière en baisse" et "un déficit de confiance dans le pays", Didier Katzenmayer a prévenu que "le solde d'ouvertures d'usines pourrait être négatif en France". Il a regretté que l'industrie ne représentait que 10% du PIB en France, contre 17% en Italie et 20% en Allemagne.
Malgré "une base industrielle en repli", il a salué les filières aéronautique et nucléaire, des "secteurs en développement qui ont besoin d'effectifs". Il a appelé le futur gouvernement à poursuivre le programme France 2030 pour continuer d'encourager l'innovation et les implantations d'usines. "Est-ce que France 2030 va continuer ? Et si oui, sous quelle forme ? Si on coupe ces sources de financements, on se tue", prévient-il. 
Pour le nouveau président de l'UIMM MP-Occitanie, "le sujet majeur, c'est d'être les meilleurs. Mais notre existence dépendra de notre transformation industrielle", conclut-il.

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