ENERGIE : 1/4 de la consommation de gaz en 2020 avec la méthanisation

 Gérard Poujade, pdt de l'Arpe
« ¼ de la consommation de gaz régionale pourrait provenir de la méthanisation en 2020 » relate Gérard Poujade, le président de l’Agence régionale du développement durable (Arpe) Midi-Pyrénées, évoquant les objectifs du Conseil régional Midi-Pyrénées, sans doute la région de France la plus ambitieuse dans ce domaine. Cela correspond à méthaniser un million de tonnes de matières sèches (sur un potentiel théorique de 4 million de t) provenant des élevages agricoles, des résidus de l’agroalimentaire, des déchets organiques des grandes surfaces, de la restauration collective et des restaurants… La méthanisation permet de produire du méthane et un engrais naturel, le digestat.  
A peine 18 installations fonctionnent  mais 99 projets étaient recensés début 2014 sur le territoire régional à différents stades.« Si tous étaient en exploitation nous serions déjà à 8% de la consommation de gaz régionale » s’enthousiasme G. Poujade. Le frein principal ce sont les délais inhérents au temps d’instruction et au montage économique et social des dossiers, entre deux à cinq ans. Exemple à Albi, le projet de créer une unité de méthanisation pour les déchets de l’hôtellerie-restauration de l’agglomération a été déclenché à l’été 2013 par G. Poujade avec une ouverture  en 2016-2017. «Il faut d’abord s’assurer du potentiel de la ressource en enquêtant sur le terrain en incluant les restaurants des collèges, des lycées, la restauration collective et privée, interroger et réunir les acteurs économiques, convaincre les 17 maires de l’agglomération, rédiger le cahier des charges de l’étude de faisabilité… » même si dans le cas présent la disponibilité foncière est déjà acquise dans une zone où une unité de méthanisation ne poserait pas de problème d’acceptabilité sociale. Chaque projet est différent avec des conditions spécifiques de viabilité économique. En zone rurale, il vaut mieux démultiplier les petits projets comme celui lancé par ces quatre agriculteurs du même âge et proches les uns des autres sur le canton d’Anglès dans le Tarn, facilitant la collecte avec un poste source d’ERDF à proximité. Les mesures de simplification administrative annoncées par le président république en janvier 2014 tombent à point. Midi-Pyrénées sera justement pilote sur la méthanisation et l’éolien. Les projets feraient l’objet d’une autorisation globale incluant l’ICPE et le PC. En juillet 2013 à la coopérative Plaimont dans le Gers (où un projet est à l’étude), Martin Malvy avait fixé l’objectif d’une centaine d’unités de méthanisation en Midi-Pyrénées d’ici 2020 en signant une convention avec les ministres de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Énergie, Philippe Martin, et de l’Agriculture, Stéphane Le Foll. Le plan régional de soutien de la filière biogaz 2011-2020 a été conçu pour intégrer tous les cas possibles, de la méthanisation à la ferme exploitée par un éleveur pour plusieurs centaine de k€…jusqu’aux projets collectifs mobilisant plus d’une dizaine de millions d’euros, quelles que soient la nature des matières traitées, la nature de la valorisation (injection gaz, cogénération avec production électrique et de chaleur, en carburant GNV…) ou la technologie utilisée.  Le dispositif régional de soutien intervient sur trois niveaux financé par la Région avec l’Ademe.  L’étude de faisabilité (15 à 30 k€) du projet peut être pris en charge jusqu’à 70%, l’étude de maîtrise d’ouvrage jusqu’à 50%. Au-delà, les prêts à taux bonifiés (BEI, CA, BPCE) peuvent être sollicités. MPEI, le fonds de capital-risque régional doté de 5,6 M€ créé par la Région en 2013 (1), géré par la Cogemip, prend des participations dans les projets collectifs. 7 des 10 premiers dossiers présentés visaient la méthanisation. 1er projet retenu, Perla à Lannemezan où  MPEI a pris 10%, le second toujours dans les Hautes-Pyrénées vise une chaudière à bois mobile. « La finalité c’est de structurer les projets et la filière de méthanisation dans la durée ». Une vingtaine de bureaux d’études interviennent dans la filière. Les retours d’expériences paraissent positifs. L’unité de méthanisation de Boyer dans le Lot à Moissac exploite les melons invendus depuis 2011. Le retour sur investissement calculé sur 7 à 12 ans sera plus court, environ 5 ans. Grâce aux melons,  600 mégawatts par an sont produits dont 400 mégawatts revendus à EDF. L’unité Biogaz du Grand Auch exploitée par Sede Environnement du groupe Veolia a démarré l’été dernier. Prévue pour traiter 44 000 tonnes de déchets, elle devrait produire 15% de la consommation électrique de l’agglomération, de la vapeur au producteur d’aliments pour animaux, Sud-Ouest Aliments et du digestat destiné à l’épandage agricole. 

(1)            Avec la Caisse des dépôts, les trois Crédit agricole intervenant en Midi-Pyrénées, GDF et la SEM du Tarn.

Article diffusé par JL Bénédini le 03/02/2014

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