Laura Pech et son père Jean-Louis Pech
Si le siège administratif est toulousain, l’exploitation est basée à Dole dans le Jura. C’est pour répondre à un appel d’offres sur ce territoire que Jean-Louis Pech a créé en 1997 Alpha Recyclage Franche-Comté, société dédiée à la collecte de pneus usagés. L’activité a pris de l’essor depuis le décret de 2002 imposant aux constructeurs automobiles, aux manufacturiers et aux importateurs le traitement des pneus en fin de vie, ce qui a généré la mise en place d’une filière de récupération et recyclage.
La PME toulousaine a bien tiré son épingle du jeu, son chiffre d’affaires est passé de 1,5 M€ en 2004 à 6,5 M€ en 2013. Les effectifs ont suivi la même courbe avec une cinquantaine de collaborateurs à présent. Le cœur de métier étant la collecte, le tri et la valorisation, l’entreprise revend sur le marché de l’occasion (pneus rechapés) une partie des volumes, l’autre étant broyée sous forme de « chips » commercialisés sous la marque déposée Draingom® pour une consommation énergétique ou en tant que matériau dans les travaux publics.
Les ventes automobiles et les stocks VHU (véhicules hors d’usage) ayant tendance à stagner voire à régresser, Alpha Recyclage a parié sur l’innovation pour trouver de nouveaux débouchés. Après 5 années de R&D, l’entreprise va inaugurer à Dole la première usine européenne de vapo-thermolyse. Cette installation qui emploiera une vingtaine de salariés sera capable de produire 5000 tonnes de combustible à partir de 15 000 tonnes de pneus usagés ! De quoi alimenter les moteurs de bateaux, les chaufferies industrielles…La prochaine étape sera de qualifier cette ressource pour en faire du carburant.
Par ailleurs, le site produira du noir de carbone, employable comme charge dans les plastiques en raison de ses propriétés colorantes et anti-UV. « Notre objectif à terme est d’atteindre les standards requis pour intégrer ce fruit du recyclage directement dans la fabrication de pneus » souligne Laura Pech, ingénieur, en charge du développement.
Soutenu par BPIfrance Midi-Pyrénées avec le concours d’un pool bancaire, le projet a mobilisé 10 M€ d’investissement. L’unité de vapo-thermolyse sera opérationnelle à la fin de l’année, ce sera une première mondiale. Le prix du pétrole plaide en faveur de cette technologie transformant les déchets de pneus (400 000 tonnes/an en France) en carburant ou en matière première à haute valeur ajoutée. L’outil sera déployé en national et à l’international. Compte tenu du temps réglementaire mobilisé sur le projet (1 an), la PME prépare déjà la mise au point d’une deuxième unité.
S’inscrivant dans une logique d’économie circulaire, cette innovation de rupture permettra à Alpha Recyclage d’acquérir une dimension nationale et de se positionner à l’international. « Nous allons faire un saut de croissance et conforter nos marges » prévoit le dirigeant de la société, pas peu fier de démontrer que dans la compétition mondiale, l’ingénierie française est bien dans la course !
Emma Bao
Diffusé le 28 janvier 2014
Encadré
De l’environnement à la confection de sièges cuir haut de gamme
Ingénieur diplômé de l’Insa Toulouse, Jean-Louis Pech a commencé par créer le cabinet IDE Environnement en 1986. Cette structure de 25 personnes est le plus gros cabinet d’ingénieurs conseil en environnement du grand sud de la France. Le fondateur d’Alpha Recyclage France-Comté est aussi président du GIE France Recyclage Pneumatiques (1) mis en place en 2004 (une alternative au monopole d’Aliapur opérateur créé par les manufacturiers).
Sur la région, l’entreprise est présente via Soregom (25 salariés) dont elle détient 50% des parts. Ce sous-traitant de second rang travaille pour le GIE France Recyclage Pneumatiques
Dans un tout autre secteur d’activité, Jean-Louis Pech est aussi le dirigeant de Fleur de Basane, une société née en 1938 dans l’Aude et spécialisée dans le travail du cuir.