Fabrice Lodetti, à la tête de l’entreprise familiale Filatures du Tarn.
Grâce à un procédé breveté et des machines ultra-innovantes, Filatures du Parc s’affirme dans le marché du fil cardé. La PME tarnaise recycle le textile pour produire son fil et fournir la filière textile mais aussi industrielle. Un pari aujourd’hui prometteur, au vu de l’engouement pour les matières premières secondaires.
«On a commencé par transformer les fibres des tricoteurs en fil », rappelle Fabrice Lodetti qui a repris le flambeau de l’entreprise fondée par son père il y a 65 ans. Aux manettes depuis 1985, le filateur s’est tourné vers le recyclage très tôt, dès 2004. « A l’époque, on nous prenait pour des rêveurs et les produits recyclés souffraient d’une mauvaise image en termes de qualité. Il a fallu beaucoup d’énergie pour démontrer le contraire ! » Le procédé développé par les Filatures du Parc a nécessité trois ans d’élaboration et un investissement de 500 000 euros. Au final, brevet en poche, deux machines conçues avec la collaboration d’un prestataire italien ont été installées dans l’atelier tarnais et ont transformé son métier : il n’est plus question d’effilochage mais de défilage en fibres longues, ce qui permet de garantir en bout de chaîne un fil sans défaut.
Matières premières secondaires : boudées puis réclamées
Autre a priori à combattre : celui de croire que la matière recyclée coûterait plus cher. « Ce n’est pas vrai chez nous ! nous vendons au même prix, et parfois même moins cher ! » indique Fabrice Lodetti qui admet un démarrage commercial difficile : « nous étions trop en avance, je suppose. Mais aujourd’hui cette avance nous sert beaucoup car l’utilisation de matières recyclées est maintenant acceptée voir réclamée », analyse le passionné. Fabrice Lodetti fait partie d’un groupe de travail récemment mis en place en Occitanie qui regroupe des acteurs de la filière textile (parmi ceux-ci Paul Boyer Technologies, Regain, Adient et six autres) pour mener des projets innovants d’économie circulaire, intégrant des matières recyclées, et aboutissant au final à des vêtements et accessoires aux composants inédits. Le fil recyclé représente 60 % de l’activité de l’entreprise et l’objectif du dirigeant est de frôler les 100 % à partir de 2025.
Multiples débouchés commerciaux
Les Filatures du Parc ont aussi mené un travail collaboratif avec Adient et Renault pour la mise au point d’un produit destiné à l’habillement textile dans l’automobile. L’idée était de recycler les ceintures de sécurité (en polyester haute ténacité), de mixer ce matériau avec le polyester issu de bouteilles en plastique recyclées pour arriver à une matière première secondaire répondant aux normes drastiques du textile dans l’automobile. Sièges, accoudoirs, contours de leviers de vitesse, planches de bord peuvent être habillés avec ce nouveau matériau. « Dès 2020, les Zoé de Renault présenteront des matériaux provenant des Filatures du Tarn », se réjouit le chef d’entreprise qui a démarré la production il y a six mois. Habitué à la fluctuation des marchés dans le textile, le filateur garde plusieurs cordes à son arc et continue à consacrer 5 % de son chiffre d’affaire à la R&D. L’habillement et la bonneterie représentent le principal débouché, à côté des tapis, de l’ameublement, du fil à tricoter main et des produits techniques et spécifiques : les bâches de camions, les isolants, les accessoires habillement font partie des études du service R&D.
Chiffres clés
Entreprise créée en 1975
48 salariés
CA 2018 : 4,5 M€
Production : 600 tonnes / an
Export : présence dans une quarantaine de pays
Investissements : 500 000 € pour les premières machines brevetées (2004-2007) puis 1 M€ en 2017 pour l’installation d’une nouvelle ligne de production plus polyvalente.
Prévision de croissance : jusqu’à 20 %, dès 2020.