De g à d : Vincent Lebeau, analyste, Jean-Pierre Chometon, PDG et Raphaël Petit, DG
Un ancrage régional et un rayon d’action national et international : le cabinet toulousain Novasens Capital et Finance a choisi un modèle d’organisation original à plus d’un titre. Dans l’actionnariat de cette société spécialisée dans la levée de fonds/LBO, la cession-transmission, les acquisitions, le financement bancaire…pas de banques ou autres établissements financiers. « Nous sommes une plateforme ouverte, recherchant en toute indépendance les meilleures solutions pour nos clients » argue Jean-Pierre Chometon, codirigeant de l’entreprise avec Raphaël Petit. Un troisième acteur, Aeolios Finance, a rejoint ces deux fondateurs, participant au capital de l’affaire. Cette structure parisienne, détenue par des personnes physiques, est elle-même adossée à une alliance mondiale (M&A International) qui fédère 47 membres, des cabinets indépendants présents dans 41 pays.
Avec ce mode de fonctionnement, une PME de taille modeste bénéficie des mêmes services que ceux réservés à un ETI ou grand groupe. Les investisseurs extérieurs à la France sont omniprésents dans les transactions traitées. D’ailleurs, un tiers des dossiers gérés par Aelios ont une contrepartie internationale.
Avec une équipe de 5 collaborateurs, Novasens pilote seul les opérations allant jusqu’à 15 M€ de valorisation. Au-delà de ce seuil, le cabinet parisien qui emploie une vingtaine de collaborateurs, apporte son concours sur les grosses levées de fonds. « Grâce aux ramifications de notre réseau, nous accompagnons le client local cherchant à acquérir une entité dans le pays de son choix ; nous sommes aussi en mesure de mettre en compétition des acquéreurs français et étrangers au profit d’un cédant de la région » souligne Jean-Pierre Chometon en évoquant la montée en puissance progressive du cabinet qui réalise actuellement 5 à 6 opérations annuelles. Parmi les références de l’année écoulée figurent Mutua (cession à une filiale d’un fonds parisien), Contactel (levée de fonds et recherche de financements), Fleuret (recherche de financements), une levée de fonds pour un groupe de camping intégrant une autre structure d’hôtellerie de plein air en Languedoc Roussillon. Début 2014, ont été bouclés deux dossiers, Inter Caoutchouc (cf EMP n°315) et le rachat d’une activité de services par une personne physique. 8 mandats signés sont en cours. 75% du business s’effectue en région, le Languedoc-Roussillon et l’Aquitaine complétant le reste. L’objectif est de conforter les positions sur tout le Sud-Ouest au fur et à mesure que s’étoffe le réseau des apporteurs d’affaires. Plusieurs sources alimentent la prescription dont l’équipe du cabinet, les banques n’exerçant pas ce type de prestation, les avocats d’affaires, les experts-comptables…
Encadré 1 : Dans le métier prime le facteur psychologique
« Dans notre métier, ce sont les relations humaines qui priment sur l’ingénierie financière » constate Jean-Pirre Chometon qui reconnaît combien est utile la formation au coaching qu’il a suivie. Entre les différentes parties prenantes (le cédant, l’acheteur ou un pool d’acquéreurs, les avocats d’affaires, les auditeurs…), il faut défendre l’intérêt du client, trouver le bon terrain d’entente, jouer le rôle d’un chef d’orchestre pour aboutir au meilleur résultat. La dimension psychologique pèse de tout son poids. Quand les crispations sont au maximum, que se profilent un blocage ou une impasse, il faut savoir interrompre la séance, faire tomber les tensions avant de reprendre le dialogue.
Repérer les bons acheteurs est aussi tout un art. Un cédant d’une entreprise industrielle familiale préférera un repreneur de profil similaire. Cela a plus de sens pour lui et rassure davantage les salariés de la société vendue.
Emma BAO
Diffusé le 25 mars 2014
Encadre 2
Côté cédants
Parmi les situations récurrentes, figurent les départs à la retraite, la constitution d’un patrimoine, l’envie de changer de vie après 15 années de réussite professionnelle.
Vendre son entreprise passé 70 ans est un exercice compliqué. Le dirigeant souvent fusionnel avec sa société vit son retrait comme une déchirure. Les enjeux financiers de la cession passent au second plan, la pérennisation de ce qu’il a construit reste sa première motivation.
Pour la tranche des entrepreneurs 45 à 50 ans, « nous préconisons la formule de l’OBO » souligne Raphaël Petit. Cela permet d’externaliser une partie du patrimoine en cash et de garder le contrôle de la société. Avec ce type d’opération, l’on peut par exemple garder 80% des parts et céder 50% du capital de son affaire. Une manière de se prémunir en cas demauvaise passe pour l’entreprise.
Encadré 3
Parcours des dirigeants
Il se dit autodidacte parce qu’il n’a pas le baccalauréat ! Entré à la banque à 19 ans, Jean-Pierre Chometon aligne cependant un Bac+10 si on totalise ses diplômes supérieurs équivalents d’un DESS (ITB et ICG). Une formation au coaching complète son cursus. Plusieurs expériences professionnelles et employeurs ont consolidé son savoir-faire. Il a travaillé au sein de HSBC, du CIC, de la Banque Populaire, exerçant la direction de Multicroissance. Après un passage de 4 ans chez Omnium Finance, il se lance en 2009 dans la cession -transmission d’entreprise avant de cofonder Novasens en 2011. Depuis une dizaine d’années, il se mobilise pour aider les Kogis, préside l’association qui se charge entre autres de racheter les terres et de les restituer à ces indiens spoliés de leur territoire.
Son associé Raphaël Petit partage les mêmes valeurs tout en apportant des compétences complémentaires au sein de Novasens. Diplômé de l’ISAE, cet ingénieur aéronautique a aussi décroché un master en stratégie/direction d’entreprise à HEC. Il a travaillé comme conseil à Paris, a rejoint Airbus Hélicopters en Australie, a dirigé le département Investissements de Midi Capital durant 4 années avant de partager avec Jean-Pierre Chometon l’aventure de la création d’entreprise. Ce père de 3 enfants a peu de temps à consacrer aux loisirs, une de ses activités préférées étant le sport.