À Toulouse, dans une ville où l’industrie spatiale façonne autant le ciel que les destins, une agence singulière a vu le jour. Fondée par Émilie Genoudet, communicante avertie au parcours dense et lumineux, Félicette Agency incarne une autre manière de parler du spatial : avec rigueur, humilité, et cette intelligence rare de la nuance.

Émilie Genoudet, fondatrice de Félicette Agency. (Photo Rémy Sirieix Félicette Agency)
Chez Émilie Genoudet, le goût d’entreprendre semble inscrit dans les gènes. Petite-fille, fille, sœur et tante d’entrepreneurs, elle a longtemps porté en elle, presque en silence, le projet de lancer un jour sa propre structure. Ce projet a cheminé, mûri, nourri par des expériences multiples — attachée de presse, en tant que stagiaire, à Londres, directrice de communication au sein d’un équipementier spatial toulousain — avant de s’imposer comme une évidence.
Le déclencheur ? Un échange, presque anodin, au cœur de l’Utah. Une discussion sur les profils professionnels : les starters, les middlers, les finishers. Ce jour-là, elle comprend. Elle appartient à la première catégorie. Celle de ceux qui créent, qui initient, qui imaginent à partir du néant.
« J’aime partir d’une feuille blanche, créer une stratégie là où il n’y a rien. » souligne-t-elle.
Ce goût de la genèse, du « faire naître », l’a menée à créer Félicette Agency, en janvier 2025. Un pas audacieux, certes, mais ancré dans une réflexion solide et dans l’appui d’un réseau tissé au fil des années.
Félicette, un nom en orbite basse mais à haute portée symbolique
Choisir Félicette, ce n’est pas un simple clin d’œil à l’un des êtres vivant français envoyé dans l’espace. C’est une signature. Un nom féminin dans un univers où les femmes sont encore sous-représentées. Un choix résolument identitaire. Le mot « agency », lui, complète ce positionnement : celui d’un accompagnement sur mesure, précis, stratégique.
« Peu de personnes ont la référence, mais elle parle aux acteurs du spatial. » exprime Emilie Genoudet.
Avec dix ans d’immersion dans l’écosystème spatial, Émilie Genoudet propose bien plus qu’un vernis sectoriel : une expertise vécue, éprouvée, qui fait d’elle une interlocutrice directe et crédible. Elle a fréquenté le Legacy Space avec l’IAS, puis plongé dans le New Space avec Anywaves. Deux facettes d’un même monde, deux tonalités complémentaires qu’elle sait aujourd’hui conjuguer avec naturel.
Le spatial ne laisse que peu de place à l’à-peu-près. Cette discipline a forgé chez Émilie un rapport exigeant à la communication : chaque mot compte, chaque message engage. Pas de poudre aux yeux, mais un travail d’orfèvre, lent et solide. La stratégie précède toujours la forme.
Chez Anywaves, où elle siège au comité de direction, elle découvre les dessous d’une entreprise, la comptabilité, la pression commerciale et le management. Ce bagage, elle le met aujourd’hui au service de ses clients. Comprendre la communication, oui, mais surtout comprendre les entreprises.
« J’ai beaucoup pensé à mon ancien collègue commercial en construisant mon business plan… et je pense souvent au financier quand je fais un point sur ma trésorerie ! » ajoute-t-elle.
Cette lucidité s’incarne dans chaque accompagnement. Parler juste, vulgariser sans trahir, rendre accessible ce qui semble obscur : tels sont les gestes qu’elle répète avec constance, dans un métier souvent mal perçu.
Éviter l’effet paon, choisir la clarté
Elle cite volontiers un concept évoqué par la scientifique italienne Emma Gatti : le Peacock Effect. Ce travers de ceux qui communiquent pour se flatter, sans tenir compte de leur public. Elle l’observe parfois dans le spatial, où la technicité peut prendre le pas sur le sens. Là où le discours devient performance, elle préfère la transmission.
« Le message ne passe plus. Il n’y a aucune transmission, alors que c’est là le cœur de notre métier. » précise Emilie Genoudet.
C’est là que Félicette Agency se distingue : en refusant la tentation du spectaculaire pour mieux embrasser le stratégique. Un positionnement, qui trouve écho chez des acteurs à la recherche d’authenticité.
Du réseau, du sur-mesure, et des collaborations au diapason
Félicette n’est pas une agence solitaire, bien qu’elle ait été créée seule. Elle est portée par une dynamique de réseau. En témoignent ses partenariats avec DRD2 ou l’agence Madaré. Ces collaborations ponctuelles, choisies, permettent de composer des équipes taillées pour chaque mission.
« Cela rompt la solitude du dirigeant et s’inscrit dans la philosophie de Félicette : s’entourer des meilleurs pour proposer des solutions à la hauteur des exigences. » explique-t-elle.
Une campagne pour les 30 ans d’un client, par exemple, menée avec DRD2, a montré toute la justesse de cette méthode. Tournage, shooting, digital… Chaque pièce s’est emboîtée avec cohérence, dans une orchestration où chaque acteur a joué la bonne note.
Une industrie en quête de sens, une parole à affiner
L’industrie spatiale, si fascinante, souffre parfois d’un décalage avec l’opinion. Trop technique, trop lointaine, voire considérée à tort comme polluante. Pourtant, sans satellites, pas de climatologie moderne. Pas de suivi agricole. Pas d’alerte sur les feux, les crues, les dérèglements. Ce paradoxe, Émilie veut le déconstruire, avec justesse.
« L’impact plus que positif du spatial dans notre quotidien dépasse notre conscientisation. » ajoute Emilie Genoudet.
Elle cite aussi l’exemple de Mecano ID, entreprise toulousaine qui explore des matériaux alternatifs — lin, bambou — pour réduire l’empreinte environnementale des composants. Ces signaux faibles méritent d’être mis en lumière.
Ce que la presse ne dit pas toujours : la beauté de l’échec dans le spatial
Le 30 mars, Isar Aerospace réalise le premier lancement de micro-lanceur depuis l’Europe. Une avancée stratégique. Pourtant, l’échec du vol — au sol après 20 secondes — occulte tout le reste dans la couverture médiatique. Émilie, touchée, y voit un révélateur.
« Essayer, échouer, apprendre, recommencer, réussir. C’est cela même, l’essence du spatial. »
Là encore, la communication a un rôle : aider à faire comprendre que l’échec, dans cette industrie, est un tremplin. Une étape. Une itération. Tout l’inverse de ce qu’une culture de la perfection instantanée peut tolérer. Réhabiliter cette réalité-là, c’est aussi revaloriser les hommes et les femmes qui œuvrent au quotidien dans l’ombre.
Rugby, boxe, deux disciplines qui ont forgé Emilie pour acquérir certaines postures : l’écoute, la réactivité, la disponibilité et la persévérance. « Quand le CDI se transforme en saut dans l’inconnu, il faut de la foi, de la volonté, et ce sens de l’effort qui fait les longues courses. » Elle ne parle pas de résilience, elle préfère la constance.
Une vision sans frontières, mais un ancrage fidèle
Félicette Agency a trois mois. Et déjà, une vision : s’exporter. Aller vers d’autres latitudes, accompagner des acteurs européens. Elle aime travailler en anglais, pense international, rêve de voir un tir depuis Kourou ou Andoya. Et pourtant, il y a ce lien. Fort. Affectif. Inaltérable.
« Ancrée dans mon territoire de cœur, le Tarn, j’aimerais un jour accueillir mes clients dans une loge du stade Pierre-Fabre, le temps d’un derby Castres – Toulouse. Ce serait une façon de conjuguer plaisir, ancrage local… et douce revanche sur tous ceux qui, ces dernières années, n’ont jamais manqué une occasion de chambrer une fidèle supportrice du CO. »
Un souhait anecdotique en apparence, mais révélateur d’une philosophie : ne jamais renier ce qui fonde une identité.
Dans un monde saturé de messages, Émilie Genoudet plaide pour une communication pensée, stratégique, articulée. Contre les automatismes. Contre les IA.
« Rien ne sera jamais plus standardisé qu’une identité construite avec une intelligence artificielle. » exprime-t-elle. De plus, Elle rappelle que l’information n’est pas la communication. Que prendre la parole, c’est un acte. Que définir une image, un ton, un rythme, est un choix. Et que ce choix mérite d’être fait avec soin. Félicette Agency n’a pas vocation à briller plus que ses clients. Mais elle les aide à briller mieux, à raconter avec justesse ce qu’ils construisent, ce qu’ils incarnent, ce qu’ils rêvent aussi. C’est peut-être cela, le vrai luxe dans la communication aujourd’hui : la sincérité.