Toulouse : la Clinique Pasteur et le CIMOF réinventent la médecine nucléaire avec un service de nouvelle génération

Avec un investissement de 20 millions d’euros, le Centre d’Imagerie Moléculaire et Fonctionnelle (CIMOF) transforme son service de médecine nucléaire à la Clinique Pasteur. Une montée en puissance au service du diagnostic, de la précision et de la qualité de prise en charge.

 Le Dr Éric Bullier, directeur général et le Dr Kristiaan Claeys, président du CIMOF. (Photo CIMOF)

Le Dr Éric Bullier, directeur général et le Dr Kristiaan Claeys, président du CIMOF. (Photo CIMOF)

Au cœur de la métropole toulousaine, un tournant discret mais fondamental s’opère dans le domaine de l’imagerie médicale. Depuis l’été 2024, le service de médecine nucléaire de la Clinique Pasteur, opéré par le Centre d’Imagerie Moléculaire et Fonctionnelle (CIMOF), a rejoint le nouveau Pavillon Ilot. Ce transfert, bien plus qu’un simple changement de locaux, marque une évolution majeure dans la qualité de l’offre de soins en région toulousaine. À travers cette relocalisation, le CIMOF répond à un double enjeu : anticiper la croissance des besoins en examens diagnostiques, et garantir une prise en charge conforme aux standards les plus récents.

Ce projet, entièrement autofinancé à hauteur de 20 millions d’euros, a permis de refondre intégralement le service, tant dans son organisation que dans son infrastructure. D’une superficie initiale de 900 m², le service s’étend désormais sur 2 300 m² répartis sur trois niveaux, conçus pour fluidifier les parcours patients et améliorer les conditions de travail des équipes.

Un acteur régional structurant dans le diagnostic de précision

Fondé à Toulouse, le CIMOF est une structure libérale dédiée à la médecine nucléaire. Son activité couvre la réalisation d’examens diagnostiques à haute valeur ajoutée, comme les tomographies par émission de positons (TEP-scans) et les scintigraphies. Ces outils permettent de visualiser le fonctionnement d’organes ou de tissus, avec une précision déterminante pour le suivi thérapeutique, en particulier dans le domaine de la cancérologie.

La structure s’appuie sur une équipe de plus de 60 professionnels de santé, dont 14 médecins, répartis entre ses trois sites principaux : la Clinique Pasteur à Toulouse, la Clinique des Cèdres à Cornebarrieu et la Clinique du Pont de Chaume à Montauban. Des vacations sont également assurées à l’IUCT-Oncopole, au Centre Hospitalier d’Albi et à celui de Pau. À la Clinique Pasteur, quatre médecins sont présents de façon permanente, permettant d’assurer un suivi médical continu. En parallèle, 80 collaborateurs non médicaux accompagnent le fonctionnement quotidien du service. En 2024, l’activité globale du CIMOF a généré un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros.

Son ancrage dans le territoire ne se limite pas à la technique : les praticiens participent activement aux réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP), notamment en cancérologie, dans les principales cliniques de l’agglomération, renforçant ainsi les passerelles entre les spécialités et les établissements.

Une transformation technique et structurelle ambitieuse

L’emménagement au Pavillon Ilot n’a pas seulement permis d’augmenter la capacité d’accueil. Il a aussi marqué une rupture technologique. Le nouveau service bénéficie d’une infrastructure adaptée aux contraintes spécifiques de la médecine nucléaire : blindage renforcé des murs, des vitres et des portes pour garantir la radioprotection, circuits optimisés pour le transport des substances radioactives, ventilation à pressurisation spécifique, ou encore monte-charge sécurisé entre la radiopharmacie et les différents niveaux du service.

Le Dr Kristiaan Claeys, président du CIMOF et médecin à la Clinique Pasteur, précise : « il fallait répondre à une exigence grandissante en matière d’examens, notamment dans les pathologies oncologiques. Les anciens locaux, devenus obsolètes, ne permettaient plus d’accompagner cette évolution. »

Deux nouvelles caméras TEP de dernière génération ont ainsi été installées. Elles jouent un rôle essentiel dans la réévaluation régulière des traitements, rendue nécessaire par l’évolution des protocoles thérapeutiques. Une seconde caméra hybride et un second tapis roulant pour les épreuves d’effort en cardiologie complètent l’équipement. En parallèle, l’ensemble du matériel de dosimétrie individuelle a été relocalisé, incluant les dosimètres opérationnels et les détecteurs pour les mains et les pieds.

Une radiopharmacie intégrée pour répondre aux normes de demain

L’installation d’une radiopharmacie dans les nouveaux locaux représente l’un des piliers du projet. Ce laboratoire interne permet de préparer les radiopharmaceutiques directement sur place, dans des cellules dédiées, avec une traçabilité rigoureuse. La conformité au plan bactériologique est assurée par l’intégration d’un sas d’entrée respectant les exigences des locaux classés.

Cette autonomie pharmaceutique garantit la régularité de l’activité, tout en répondant strictement aux obligations réglementaires encadrant la spécialité. La prise en charge des déchets radioactifs, ainsi que leur traçabilité, sont également intégrées dans le processus global, renforçant la sécurité environnementale du site.

Une réorganisation pensée autour du parcours patient

La répartition des activités sur trois étages vise à optimiser la prise en charge médicale, tout en améliorant les conditions d’accueil. Le niveau +1 est dédié aux scintigraphies généralistes, telles que les examens osseux, thyroïdiens ou pulmonaires. Le rez-de-chaussée concentre les explorations cardiologiques, tandis que le niveau -1 accueille l’imagerie TEP-TDM, principalement utilisée dans les protocoles oncologiques, mais aussi pour des indications neurologiques, infectieuses ou systémiques.

Le parcours du patient, de la prise de rendez-vous à la remise du compte-rendu, a été entièrement réorganisé. L’accueil s’effectue à la porte 8 du Pavillon Ilot. Une secrétaire administrative crée le dossier, puis le patient est dirigé vers la zone correspondant à son examen. Après administration du radiopharmaceutique, généralement par voie intraveineuse, les images sont acquises puis interprétées. Une consultation avec un médecin nucléaire permet de commenter les résultats, qui sont ensuite remis au bureau des sorties, situé au rez-de-chaussée.

Des équipements au service d’un diagnostic de précision

Le plateau technique du CIMOF s’appuie sur des technologies de pointe. Pour les activités généralistes, deux caméras tomoscintigraphiques hybrides – couplées à une TDM – permettent des examens de haute résolution. L’une d’elles repose sur un système à semi-conducteurs grand champ. En cardiologie, deux caméras à semi-conducteurs petit champ permettent de réaliser des scintigraphies avec une finesse adaptée à l’exploration fonctionnelle du cœur. Enfin, le service dispose de deux caméras TEP-TDM haut de gamme, identiques, pour des analyses poussées en cancérologie.

Ces équipements offrent une qualité d’image qui contribue à l’exactitude du diagnostic, élément crucial dans l’orientation thérapeutique et le suivi longitudinal des patients.

Une culture de la qualité et de la sécurité

Le CIMOF s’appuie sur un Système de Management de la Qualité (SMQ) aligné avec les exigences de la Haute Autorité de Santé. Ce système inclut des volets relatifs à la sécurité des données, à la gestion des urgences médicales, au respect du RGPD et à la prévention des incendies. Un qualiticien intervient spécifiquement pour garantir le suivi et l’amélioration continue des procédures.

Cette organisation permet d’assurer la conformité, tout en maintenant un haut niveau de rigueur dans chaque étape du parcours patient. Elle participe à créer un environnement de confiance, aussi bien pour les soignants que pour les personnes examinées.

Une dynamique d’avenir et d’innovation

Depuis sa mise en service en juin 2024, le nouveau plateau technique du CIMOF a déjà permis la réalisation de près de 18 000 examens. Le Dr Éric Bullier, directeur général du centre, confirme que l’objectif est d’augmenter encore cette capacité pour anticiper l’essor attendu des demandes. Les projets pour 2025 incluent l’intensification des vacations à visée cardiologique, ainsi que l’introduction de nouveaux radiopharmaceutiques à la TEP. Ces molécules innovantes permettront d’explorer des pathologies encore plus finement, contribuant à l’élargissement du champ d’application de la médecine nucléaire.

« Ce nouveau service, fruit de plusieurs années de travail et d’investissements, améliore considérablement l’accès aux soins et renforce l’engagement du CIMOF envers les patients et les professionnels de santé », conclut le Dr Kristiaan Claeys.

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