Fondatrice de Logikéthik en 2015, la Toulousaine Maïa de Martrin fait du mécénat un puissant argument pour la stratégie RSE des entreprises. Rencontre.
Pour la Toulousaine Maïa de Martrin, "le mécénat doit absolument correspondre à la raison d’être de l’entreprise, à sa marque employeur. Il permet aux équipes de s’aérer l’esprit". (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
On dit que le journalisme mène à tout. Et souvent sur des sentiers de passions impossibles à se défaire. C’est le cas de Maïa de Martrin. Cette pure Toulousaine, journaliste de formation, ne compte plus ses hobbies et ses sujets de curiosité. Ayant inscrit la citoyenneté, l’engagement et le bénévolat dans ses gènes depuis longtemps, c’est tout naturellement qu’elle est tombée dans la marmite du mécénat. « En 2005, j’avais été missionnée par une boîte de conseils à Paris. C’est à l’époque où les grands groupes commençaient à peine à s’emparer de cet outil qu’est la loi Aillagon. On m’a demandé de travailler sur du mécénat culturel : il s’agissait d’organiser une expo de sculpture et d’art irakien dans le Petit Musée du Montparnasse », se souvient Maïa.
Le déclic en 2005
Développer des partenariats public-privé sur un territoire, mettre du lien entre des univers différents : « C’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire du mécénat d’entreprise ». Après une expérience au sein du Crédit Agricole Toulouse 31, elle part à Paris en 2012 pour se former spécifiquement. Elle œuvre pour les 70 ans du Secours Populaire, en collaboration avec la Fondation Louis-Vuitton et celle de Total. Elle revient ensuite dans la Ville rose et décide de se lancer à son compte en créant Logikéthik.
« Je me base sur l’impact des entreprises »
Avec cette activité, elle est au carrefour de la RSE, du mécénat et de l’intérêt général. « Le mécénat n’est pas un commerce ni du sponsoring », tient-elle à préciser.
Elle détaille ses mécanismes de travail avec les entreprises :
« Je me base sur l’impact des entreprises sur leur territoire et je m’attache à co-construire avec elles sur leurs valeurs RSE. Le mécénat doit absolument correspondre à la raison d’être de l’entreprise, à sa marque employeur. Il permet aux équipes de s’aérer l’esprit ».
« Ce n’est pas du greenwashing ! »
Avec Logikéthik, Maïa de Martrin voyage de Paris à Marseille (Bouches-du-Rhône) en passant par la Ville rose. « Je m’adresse aux ETI, aux TPE-PME. Les entreprises à mission sont aussi ma cible », explique-t-elle.
Elle peut gérer pour le compte d’une entreprise l’intégralité du volet mécénat, sur des plans d’action pluriannuels, à long terme.
« C’est prouvé : avec le mécénat, les salariés sont deux fois plus impliqués au travail dans leurs entreprises. La base, c’est que le dirigeant doit être convaincu. Ce n’est pas du greenwashing ! ».
Femme positive d’engagement et de passerelle, Maïa de Martrin est une ardente militante de l’inclusion. Avec le mécénat comme levier puissant pour séduire les entreprises. « Investir dans la RSE engendre des économies au final », conclut-elle.
Carenews, qui se définit comme « le média des acteurs de l’engagement », a diffusé la première édition de son « Etude exploratrice du mécénat et de ses pratiques 2023 ». « Cette étude a pour singularité de s’intéresser à tous types d’entités de mécénat : fondations d’entreprise, programmes en direct, fonds de dotation, fondation d’utilité publique… Elle les interroge en profondeur et permet de trouver des repères et de formuler des explications objectivées sur l’évolution et la maturité des pratiques », décrypte Guillaume Brault, président de Carenews.
76 structures réalisant du mécénat ont répondu à un questionnaire très minutieux, entre avril et mai 2023. L’éducation et l’égalité des chances sont les domaines les plus ciblés par les entreprises ; l’emploi et l’insertion, la précarité et les discriminations, l’environnement et le bien-être animal, les arts, la culture et le patrimoine arrivent en suivant. « 70% des mécènes déclarent intervenir à l’échelle nationale mais ils sont également 61% à agir à l’échelle locale. 54% n’investissement qu’un ou deux champs d’intervention seulement, préférant se spécialiser sur une thématique forte sur laquelle ils peuvent plus facilement être identifiés », explique l’étude.
Combien donnent les entreprises mécènes ? Le secteur le plus prisé est l’emploi et l’insertion avec un peu plus de 2 millions d’euros, devant les arts, la culture et le patrimoine (1,83 million) et la solidarité internationale (1,63 million). Quant aux 2463 associations soutenues par les répondants de cette enquête, 64,7% sont des associations ayant un budget annuel inférieur à 150 000 euros.