Jeudi 22 juin 2023, à l'occasion d'un événement organisé dans son Moulin à Saverdun (Ariège), la coopérative Arterris a dévoilé sa stratégie pour la filière meunerie. Nouveau logo, les projets... Voici les détails.
Jeudi 22 juin 2023, la marque Arterris Meunerie a été officiellement lancée, notamment en présence de Jean-François Naudi, le président d'Arterris (deuxième en partant de la gauche) et du maire de saverdun, Philippe Calleja (troisième en partant de la droite). (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Diversification alimentaire et économique, défis de la production, du circuit court... Arterris connaît tout cela par coeur. La coopérative d'Occitanie et de la région Sud (15 000 associés coopérateurs pour un chiffre d'affaires de 1,2 milliard d'euros en 2022) est, certes, un poids lourd, mais un mastodonte qui entend se remettre en question et progresser dans certains domaines.
44 millions d'euros de CA pour la filière meunerie
Jeudi 22 juin 2023, la coopérative a présenté, dans le moulin de Saverdun (Ariège), la stratégie mise en place dans la filière meunerie, qui pèse 44 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022. Arterris est divisée en trois pôles : agricole, agro-alimentaire (600 salariés et 400 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022) et distribution grand public. Au sein du pôle agro-alimentaire, on retrouve Arterris Viandes (lancée début 2023 avec notamment une ligne de production créée sur le site de Labruguière, dans le Tarn), les produits élaborés et, donc, Arterris Meunerie.
"Nous avons repensé la stratégie marketing de la filière, explique Audrey Ciuti, la responsable marketing dans le secteur de la meunerie chez le géant occitan. Nous avons introduit des codes couleurs différents pour nos six gammes de farine que sont la Tradition, la Biologique, la Pyrénéenne, la Complète, la Grigneton et la Gruau. Nous avons également donné plus de lisibilité et avons revu les recettes".
Deux moulins dans l'Aude et l'Ariège
Via la marque Les Moulins Pyrénéens (qui a changé de logo), Arterris gère deux moulins en Occitanie : l'un à Sallèles-d'Aude (Aude), la Toulousaine des Farines, plus industriel - 26 salariés - et l'autre à Saverdun (Ariège), Mercier-Capla, plus artisanal - une vingtaine de salariés et qui écrase 50 tonnes de blé par jour, pour une production de 120 tonnes de farine par jour. "Nous proposons à la fois des blés conventionnels, en filière bio ou responsable. Nous écrasons en tout 2500 tonnes par mois, dont un tiers de blé en conventionnel", explique Antoine Bernabé, le directeur d'Arterris Meunerie.
Arterris gère en direct deux boulangeries situées à Narbonne (Aude). Mi-mai 2023, elles ont lancé une nouvelle gamme de pains apéritifs au doux nom de clapettes (lardons, mozzarella, olives, chorizo...), comme un hommage au superbe massif de la Clape. "Les clapettes viennent rejoindre la gamme snacking complétée en début d'année et proposée par ces deux boulangeries", explique Arterris.
Ces deux boulangeries audoises emploient 25 salariés et ont réalisé en 2022 un chiffre d'affaires de 1,7 million d'euros.
"On revient de loin"
L'ambition dans la filière meunerie poursuit un objectif clair : "Relancer la boulangerie artisanale avec la marque Moulins Pyrénéens. Nous voulons accompagner les filières locales, mais aussi afficher et packager Arterris sur les produits. Arterris n'était pas mis en avant dans le discours commercial. On ose enfin montrer la coopérative, s'afficher avec fierté", explique le groupe.
"On revient de loin sur la partie meunerie, concède Jean-François Naudi, le président d'Arterris. Nous avons su maintenir les activités malgré les difficultés. On voit le résultat depuis trois ans : des farines de qualité et en quantité pour les industriels et les boulangeries artisanales. On nous voit souvent comme une grosse entreprise mais nous sommes partie prenante du territoire".
Du blé à la farine
Dans la minoterie de Saverdun (bâtiment d'un hectare qui date du début du XXe siècle), le travail du blé à la farine se décompose en plusieurs étapes. "La qualité de la farine dépend du blé à l'oeuvre. La protéine est au blé ce que le degré est au vin et à chaque produit correspondent sa farine et son blé", compare Antoine Bernabé.
Une fois récolté, le blé peut facilement être gardé un an. Après avoir retiré les grains de sable, de maïs et les petits cailloux incrustés dans la récolte, les blés sont humidifiés, jusqu'à un taux maximal de 15%. Puis se déroule la phase de broyage. "On coince le blé et on broie l'amande dans des appareils à cylindres qui tournent 24h/24", explique Emmanuel Cornu, chef meunier à Saverdun. Cinq tonnes de farine par heure sont fabriquées sur le site, sachant qu'une tonne de blé équivaut à 780 kg de farine.
"Chez nous, une bonne année, c'est 220 000 à 250 000 tonnes de blé par an", conclut Antoine Bernabé.
Dans ses multiples développements, Arterris a annoncé travailler en partenariat avec la start-up de Lille (Nord) Javelot, qui conçoit une plateforme d'optimisation des conditions de stockage des grains. "Ce dispositif permet de contrôler à distance et en temps réel la température dans les silos et pilote intelligemment la ventilation pour refroidir les grains qui exigent des températures basses et stables pour bien se conserver, sans avoir besoin de recourir aux insecticides de stockage. Cela permet également de réduire l'empreinte carbone, la ventilation représentant 80% de la consommation énergétique totale des silos", explique Arterris.
Les 18 plus grands silos de stockage d'Arterris sont équipés par Javelot. Dans le cadre du plan France 2030, la coopérative espère être subventionnée à hauteur de 40% sur un projet dont l'investissement total atteint un million d'euros.