Créatrice et fabricante aveyronnaise de mode en maille, 100% fibres naturelles depuis sept générations, Sophie Cépière perpétue le savoir-faire familial mais diversifie son style pour l’automne avec la venue de vêtements pour les hommes.
Sophie Cépière, créatrice et fabricante aveyronnaise. (Photo : Sophie Cépière)
« Que chaque femme se sente belle, bien dans sa peau, qu’elle soit en accord avec son style et ses valeurs, quelles que soient sa personnalité et sa morphologie. Avec notre marque, la femme cherche avant tout la qualité, le confort, elle est audacieuse et met un point d’honneur à être féminine et élégante » débute Sophie Cépière. Pétillante et dynamique, l’histoire de cette entreprise est avant tout familiale. Chaque héritier, chaque héritière, n’a eu de cesse de faire évoluer ses créations depuis sept générations.
« J’ai connu mon grand-père, ma grand-mère, ma mère et les ateliers. Depuis ma naissance, je suis imprégnée des odeurs, des matières naturelles que ce soit la laine et le lin. J'ai voulu à tout prix, depuis toute petite, découvrir les ateliers de mon grand-père et de ma mère tout en insistant pour y travailler. Ma mère a tout fait pour m'en dissuader, je pense qu'elle voulait me protéger de ce métier qui est loin d’être facile. » exprime-t-elle.
Mais la passion de la création a été trop forte. Elle est donc revenue à la charge pour découvrir l’univers de la confection des vêtements. « j’ai commencé par la comptabilité, puis je me suis chargée des bobines et des tissus. De fil en aiguille, j’ai appris tout cet univers. »
L’habit fait Sophie Cépière
En 1968, Maryse Cépière, la mère, a fabriqué sa marque de vêtements à Vic-sur-Cère, dans le Cantal. Une gamme de vêtements déjà pour l’époque adaptée à toutes les femmes, quelle que soit leur silhouette. En 1990, l’entreprise Maryse Cépière s’installe à Ambeyrac en Aveyron. La renommée de la marque est à son apogée et l’entreprise compte 60 salariés.
« Nous avons collaboré ensemble ainsi que mon mari. Auparavant, il était mécanicien et électricien auto et il s’est formé auprès de fabricants de machines à tricoter pour me rejoindre.» Malheureusement, à la suite d’une longue maladie, la mère de Sophie décède… Elle reprend donc l’entreprise mais la crise de 2008 a eu raison de la marque. « Nous n’avons pas tenu, on a tout revendu… » se remémore-t-elle la voix remplie d'émotions.
Mais la passion et l’histoire familiale ont redonner de l'énergie à Sophie. Avec le soutien de son compagnon, et de ses enfants, Sophie crée sa propre marque Sophie Cépière en 2008. Et en 2012, l’entreprise Sophie Cépière s’implante à Maleville, petite commune de l’Aveyron. « Nous avons investi personnellement plus de 100 000 €. On avançait étape par étape. Nous avons racheté alors nos anciennes machines à tricoter que nous avions retrouvées (rire). D’ailleurs certaines machines ont près de 60 ans. On a pu réintégrer ainsi toute la fabrication, du tricotage aux créations, dans l’entreprise.
De la création à la fabrication
C’est au cœur de l’Aveyron, que se trouve la boutique (d’une superficie de près de 100m² avec les ateliers de fabrication). Robes, vestes, spencers, pulls… les clients découvrent ainsi le style selon elle « épuré et moderne. » Sophie Cépière fabrique deux collections pour les femmes tous les ans. Une soixantaine de modèles pour les saisons été et hiver. « C’est bizarre mais je suis très observatrice dans ma boutique (rire). Par conséquent, je réalise des croquis en fonction de la morphologie de la personne. L’objectif est de mettre en valeur la femme et mettre en avant sa personnalité. » explique Sophie Cépière. Et le succès est au rendez-vous, on réclame du Sophie Cépière. Surtout grâce à la qualité de ses vêtements.
« Nous partons du principe du champ au fil. Les matières sélectionnées sont douces et fines. Nous utilisons deux types de fil de laine, la laine peignée ou cardée. Ces deux fibres proviennent toutes les deux du mérinos. On utilise également le lin. Ce dernier est certainement la matière textile la plus écologique et l’une des plus anciennes au monde. Nous apportons une attention toute particulière à utiliser depuis la création de la marque exclusivement des fibres naturelles. » poursuit-elle.
Un contexte qui donne du fil à retordre
L’ascension est plus qu’honorable. Mais depuis 2018, le contexte national impacte l’entreprise. Gilets jaunes, pandémie liée au Covid-19, inflation… L'enchainement de crises a stoppé la commercialisation dans les enseignes de multimarques. Les entreprises n’achetaient quasiment plus pour éviter la faillite. « A mon grand regret, nous avons dû licencier… Ce qui nous a sauvés est la production massive de masques durant la pandémie » souligne-t-elle.
Mais Sophie Cépière sait se retrousser ses manches. Elle se diversifie et essaye de recommercialiser dans des boutiques multimarques. La créatrice a opté pour un style épuré et durable, à la fois classique et moderne. « L’idée est vraiment d’habiller l’ensemble des silhouettes et de proposer des modèles différents en fonction des morphologies. De mettre en valeur la femme, sans la déguiser. » Que ce soit à la demande, du sur-mesure, les clients peuvent se procurer les confections sur le site internet mais aussi à la boutique à Maleville ou dans des boutiques haut de gamme multimarque dans des villes comme Lyon ou Marseille. « Nous sommes également présents dans chaque arrondissement de Paris et en Bretagne. Nous allons commencer à démarcher le sud-est. »
Après avoir réalisé un crowdfunding, elle a pu une nouvelle fois se diversifier en créant une nouvelle gamme « Dès cet automne, nous allons proposer une collection pour hommes avec T-shirts, pulls, vestes, polos. Nous avions énormément de demandes mais il nous fallait de l’investissement pour pouvoir réaliser ce projet. » Pour ceux qui pensent à leurs enfants, n’angoissez pas, il y a une gamme pour les tout-petits. Après tant d’années de bataille, la détermination de Sophie Cépière et de sa famille a permis de sortir son épingle du jeu et d’aller de l’avant. « Maintenant nous devons réussir à transmettre notre passion afin de faire vivre la marque mais aussi ce beau métier ». conclut-elle.