Mardi 5 septembre 2023, l'Observer de l'immobilier toulousain a présenté la tendance du marché du logement neuf pour le premier semestre 2023. Une situation tendue qui inquiète les professionnels...
Les logements mis en vente ont connu une chute de 39% au cours du premier semestre 2023 sur l'aire urbaine de Toulouse. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Le secteur du logement neuf connaît une crise importante en France depuis plusieurs mois. "Il existe une immense préoccupation des professionnels", rappelle Pierre-Olivier Nau, président du Medef de Haute-Garonne. Les derniers chiffres à Toulouse et dans sa métropole ne vont pas vraiment les rassurer...
-39% de mises en vente
Mardi 5 septembre 2023, l'Observer de l'immobilier toulousain a présenté le bilan du premier semestre 2023. "A peine 700 logements ont été mis en commercialisation sur le second trimestre. On recense ainsi 1830 logements mis en vente au premier semestre 2023, soit une chute de 39% par rapport au premier semestre 2022. Les ventes au détail continuent de chuter : -60% en comparaison avec le premier semestre 2022, mais le niveau tend à se stabiliser", indique Laëtitia Vidal, la présidente de l'Observer.
Situation plus tendue dans le Sicoval
Le constat est "moins alarmant" s'agissant de la ville de Toulouse, avec des mises en vente qui stagnent. 570 logements ont été vendus dans la Ville rose, qui représente près de la moitié des ventes de l'aire urbaine (48%), tandis qu'en première et deuxième couronne, les communes les plus plébiscitées sont Muret, Eaunes et Colomiers. Sur l'aire urbaine de Toulouse (Haute-Garonne), les mises en vente chutent de 39% entre le premier semestre 2022 et 2023, contre une baisse de 14% pour l'aire urbaine de Montpellier (Hérault). La situation est encore plus tendue sur le territoire du Sicoval (le sud-est toulousain) avec une diminution de 45% des volumes en un an.
"Le bilan de ce premier semestre 2023 reste très inquiétant : les mises en vente qui avaient tendance à se stabiliser diminuent fortement et les ventes ne repartent pas à la hausse, en lien avec la constante augmentation des taux d'intérêt. Ainsi, nous faisons face à des volumes historiquement bas, sur les mises en vente et les ventes, de tels chiffres n'ont jamais été observés depuis la création de l'Observer en 2002", alerte Laëtitia Vidal.
"C'est une crise du financement"
L'inflation, la crise du pouvoir d'achat et la remontée des taux d'intérêt ont des conséquences très concrètes sur le moral des acheteurs. Les désistements sont importants avec un taux d'annulation de 28%, qui concernent 460 logements. Pour Laëtitia Vidal, c'est clair : "La hausse des taux d'intérêt qui continue sa progression et la frilosité des banques restent les causes principales de ce niveau de désistement. Nous soulignons donc qu'il n'est pas opportun de parler de "crise de la demande" car c'est bien à une "crise du financement" que nous devons faire face".
La crise du logement, Emile Noyer, le président de la Fédération du bâtiment (FFB) et des travaux publics de la Haute-Garonne, la vit en première ligne. Si rénovation se porte bien (elle représente 56% du total de l'activité et c'est près d'1,5 million de m2 de surface qu'il faudra traiter en Haute-Garonne chaque année), "la crise est marquée dans le logement", estime Emile Noyer. Celui-ci poursuit : "Le produit logement est complexe, il doit être accepté et voulu. Il y a des maires non bâtisseurs sur leur territoire dans la métropole. Avec la loi ZAN, les habitants devront se faire à la densification. Les autres raisons de la crise du logement, c'est l'inflation du coût des matériaux, la hausse moyenne des salaires de 9%, les normes et l'augmentation de 20% des coûts de construction depuis deux ans".
Les professionnels espèrent construire 8000 logements collectifs en 2024 en Haute-Garonne, là où les besoins réels sont estimés à 10 000 par an dans le département.