Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2023, Julien Tuffery, qui avait ouvert une boutique éphémère dans le centre-ville de Montpellier (Hérault), a vu son commerce être vandalisé et pillé durant les violences urbaines. Son récit et comment il entend rebondir.
Julien Tuffery et ses équipes ont vu leur boutique du centre-ville de Montpellier (Hérault) être saccagée mais ils ont su vite rebondir. (Photo : Atelier Tuffery)
"Je ne suis pas de ceux qui vont se morfondre !". Dans la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet 2023, Julien Tuffery, PDG d'Atelier Tuffery (3,5 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, 31 salariés dont 5 à Montpellier), fabricant de jeans Made in France, a vu son commerce de la place de la Comédie, à Montpellier (Hérault), être vandalisé et pillé suite aux émeutes urbaines qui ont secoué la France.
"Ta boutique se fait fracasser !"
Jeudi 8 juin 2023, Myriam et Julien Tuffery, qui gèrent l'entreprise familiale dans leur base de Florac Trois Rivières (Lozère), ont ouvert un concept store éphémère qui devait durer jusqu'à début 2024. "Je lis les événements dans la presse et le vendredi en fin de journée, je disais justement à mes équipes que ça ne bougeait pas trop ici. Et dans la nuit, je reçois un appel d'un ami journaliste qui me dit : "Julien, ta boutique se fait fracasser !", témoigne Julien Tuffery.
Réouverture dès le samedi matin
Deux bandes, des "Blacks Blocks cagoulés", ont détruit la devanture de la boutique avant de voler 250 à 300 jeans à l'intérieur, puis de se volatiliser. Il gère depuis la Lozère la situation de crise la nuit avant de prendre la direction de Montpellier le lendemain. Avec une mission en tête : rouvrir le plus vite possible le samedi pour ses clients.
"Nous avons essayé de rendre la boutique la plus présentable possible et nous avons fait une belle journée de vente, à l'image de ce premier mois qui avait été intense. Nous avons été fiers de pouvoir faire notre métier dès le lendemain. Cette épreuve nous a rappelé pourquoi on se lève le matin".
"On va assumer cette galère"
Le dimanche et le lundi ont été consacrés au dépôt de plainte et aux démarches administratives lourdes après un tel événement. Depuis le mardi 4 juillet, Julien Tuffery et ses équipes se sont attelés à rebâtir la devanture mais le chef d'entreprise s'estime moins lésé que d'autres commerçants montpelliérains après cet épisode de violences urbaines. "Nous avons des pertes, estimées à des dizaines de milliers d'euros. Les assurances joueront mais nous avons les reins solides pour absorber ça. On va assumer cette galère, arrêtons de pleurer sur tout !", poursuit le Lozérien. Il se réjouit de la solidarité qui s'est mise en place, de la "quantité astronomique" de messages de soutien reçus.
Un projet remis en question ?
Cet épisode choquant et douloureux est-il de nature à mettre fin à l'expérimentation dans un centre-ville de métropole, lui qui base son "modèle de sincérité économique" et sa "croissance raisonnée" sur sa présence en ruralité et qui refuse les avances de la grande distribution ? "C'est un gros test et une proposition de la mairie de Montpellier qui ne pouvait pas se refuser. Il y a davantage de positif que de négatif dans cet épisode et on va aller jusqu'au bout. Mais cela fait réfléchir à deux fois pour l'avenir, en effet", conclut Julien Tuffery.
Mercredi 12 juillet 2023, l'entreprise porte-étendard des Cévennes sera présente à New York (Etats-Unis) pour un afterwork spécial de la Maison de l'Occitanie dans la Big Apple. Toujours en mouvement et en conquête : c'est certain, Julien Tuffery n'est pas du genre à se décourager ni à se morfondre !