Profitant d’un marché du New Space en plein développement, Adel Haddoud souhaite faire d’Infinite Orbits une entreprise référence dans le service aux satellites. Après le lancement de ses deux premières missions spatiales en 2022, la start-up est en recherche de financement pour produire la deuxième partie de son offre.
Adel Haddoud, président et directeur d'Infinite Orbits
«Ce nouveau marché, certains l’ont estimé à 10 milliards de dollars» lance Adel Haddoud, président et directeur d’Infinite Orbits. Diplômé de l’ISAE-Supaero et fondateur d’entreprises, cet ingénieur mise particulièrement sur sa jeune pousse créée il y a 4 ans aux Etats-Unis. Désormais installée à Toulouse, elle ambitionne de fournir une solution aux exploitants de satellites en activité, grâce à des actions directement en orbite.
SOS satellite en détresse
«Basiquement, ce sont des missions de réparation ou d’entretien comme on peut les réaliser sur des véhicules terrestres, mais dans l’espace» résume le dirigeant à propos de ses services. Séparée en deux segments pour les missions sans amarrage et celles nécessitant un amarrage sur le satellite, l’activité d’Infinite d’Orbits va de l’inspection simple à l’action militaire en passant par la livraison de fuel : «les satellites sont des actifs industriels, comme les usines. A ce titre, ils peuvent tomber en panne d’électricité, avoir un mécanisme qui dysfonctionne, etc. Nous proposons de réaliser ces interventions et de faire de l’extension de vie, qui coûte bien moins cher que d’en lancer un nouveau. Nous faisons également des préservations de fréquence, et de la surveillance : si votre satellite militaire a été envoyé il y a 15 ans, il n’a pas la capacité de savoir qui est à côté de lui, par exemple un espion russe. Il ne sait pas non plus si ses données sont interceptées, etc».
Un marché qui vise la lune
Avec une «dizaine de milliers» de satellites en orbite d’ici à la fin de la décennie, Infinite Orbits veut jouer une carte sur ce marché spatial qui n’est pas régulé : «ça explose de partout, tout le monde peut aller dans l’espace : il appartient à Andorre comme il appartient aux USA. Du coup, si sur les 30 dernières années on en a envoyé 2 000, dorénavant ce sont plus de 1 000 machines qui sont lancées annuellement… et le nombre va continuer d’exploser. Ils ont besoin de services, moi je leur vends» lance Adel Haddoud. Ainsi, la start-up imagine réaliser 95% de son CA à l’export dans les prochaines années, elle qui vise «des dizaines de millions» d’ici à 2030.
Une levée de fonds pour construire les interventions
Si ses deux premières missions sans amarrage vont être déployées en 2022 grâce à des nanosatellites qu’elle met au point pour intervenir, Infinite Orbits est en recherche d’environ 4 M€ pour lancer la production de la deuxième génération, coûtant 20 M de dollars au lieu de 10 M de dollars et permettant l’amarrage. En 2020, l’équipe internationale de la start-up (une dizaine d’employés grecs, suisses, indiens ou encore italiens) s’est installée à Toulouse, un choix mûrement réfléchi pour le dirigeant : «c’est une des capitales spatiales dans le monde, la décision n’était pas facile mais les partenariats technologiques disponibles ici ont fait la différence car nous ne pourrons pas tout faire seuls, en plus des ressources humaines de qualité». Disposant déjà d’un partenariat avec le Cnes dans le cadre du projet Space Founders, Infinite Orbits devrait lancer une grande campagne de recrutement dans les années à venir si sa levée de fonds ainsi que son plan à moyen terme venaient à se concrétiser.