Les dirigeants d’Occitanie ont une santé physique exemplaire... mais un suivi médical insuffisant

Malgré un état de santé physique enviable, les dirigeants de la région Occitanie négligent leur suivi médical préventif, selon une récente enquête de la Fondation d’entreprise MMA des Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab.

En France, 4 % des dirigeants interrogés sont ou ont été touchés par une maladie longue, évoquant en majorité le cancer. Pour la région Occitanie, il s’agit de 5 % des répondants. (Photo d'illustration : Pixabay)

En France, 4 % des dirigeants interrogés sont ou ont été touchés par une maladie longue, évoquant en majorité le cancer. Pour la région Occitanie, il s’agit de 5 % des répondants. (Photo d'illustration : Pixabay)

En Occitanie, les dirigeants de TPE/PME et ETI affichent une santé physique exceptionnelle avec 93 % se déclarant en bonne forme, un chiffre parmi les plus élevés de France. Cependant, cette bonne nouvelle masque des préoccupations importantes : seulement 24 % d'entre eux effectuent un suivi médical préventif régulier, le taux le plus bas du pays.

Sylvie Bonello, déléguée générale de la Fondation MMA Entrepreneurs du Futur, souligne l'importance de cette enquête :

« Depuis bientôt 10 ans, la Fondation des Entrepreneurs du Futur interroge les dirigeants sur leur perception de leur état de santé et comment ils s’approprient la gestion de leur santé. Bonne nouvelle, 93 % de nos sondés de région Occitanie se disent aujourd’hui en bonne forme physique et leur forme psychologique se stabilise à 75 %. Des taux qui ne doivent pas faire oublier les défis du quotidien de nos dirigeants. »

Un paradoxe de santé

Alors que 93 % des dirigeants de la région se disent en bonne santé, ce chiffre n'est que de 41 % lorsqu'il s'agit de ceux qui se considèrent en très bonne santé. Paradoxalement, 68 % des dirigeants évoquent des troubles de santé tels que les maux de dos (43 %), les troubles du sommeil (37 %) et les douleurs articulaires (36 %), soulignant une dichotomie entre la perception de leur santé et les symptômes qu'ils ressentent.

La santé mentale des dirigeants d’Occitanie n’est qu’à un point de la moyenne nationale, avec 75 % des dirigeants se déclarant en bonne forme psychologique contre 76% au niveau national. Cependant, l'écart de 18 points entre la santé physique et psychologique met en évidence des défis importants dans la gestion de l'équilibre vie professionnelle et personnelle.

Un renoncement aux soins préoccupant

Le suivi médical préventif des dirigeants d’Occitanie est particulièrement préoccupant. Seulement 24 % des dirigeants réalisent des checkups réguliers, bien en dessous de la moyenne nationale de 27 %. Par ailleurs, 67 % se rendent chez le médecin uniquement lorsqu'ils rencontrent des problèmes de santé, un chiffre 4 points au-dessus de la moyenne nationale.

En matière de prévention, 81 % des dirigeants d’Occitanie ont adopté des pratiques pour maintenir leur santé (activité physique, alimentation). Cependant, lorsqu'il s'agit de prévoyance en cas de maladie grave, seuls 51 % ont pris des dispositions pour être couverts ou accompagnés. En outre, 18 % ont réfléchi à un plan d'action pour identifier une personne de confiance ou aménager l'organisation de leur entreprise en cas de maladie longue.

La maladie longue : un sujet tabou

Malgré ces efforts, 66 % des chefs d’entreprise d’Occitanie ne craignent pas d’être atteints d’une maladie longue, contre 63 % au niveau national. Ce déni peut expliquer pourquoi la prévention n’est pas toujours suivie de mesures de prévoyance.

L'initiative de la Fondation MMA et de Bpifrance Le Lab, en partenariat avec CAIRE 13, vise à sensibiliser les dirigeants sur ces enjeux de santé souvent négligés. « Cette année, nous interrogeons pour la première fois les décideurs sur leur appréhension de la maladie longue : comment ils la vivent et comment ils l’anticipent, pour eux-mêmes comme pour leur entreprise », conclut Sylvie Bonello.

Les enseignements clés sur la santé des dirigeants d'entreprise
Selon une enquête récente, le cancer est la maladie la plus fréquemment citée par les dirigeants d'entreprise (35 %), suivi des maladies chroniques telles que le diabète, les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) et la sclérose en plaques (25 %), ainsi que des maladies cardiovasculaires (13 %). Les maladies de longue durée touchent particulièrement les personnes de plus de 65 ans (12 %) et les dirigeants de petites entreprises comptant de 1 à 5 salariés (5 %).
Même si la maladie reste un sujet tabou pour une majorité des actifs - 51 % d'entre eux pensent qu'il est encore difficile de révéler un diagnostic de cancer selon le Baromètre Cancer@Work 2021 - 87 % des chefs d'entreprise choisissent d'en parler dans leur milieu professionnel.
Lorsqu'on leur demande si leurs problèmes de santé ont un impact sur leur activité professionnelle, 44 % des dirigeants expriment leur inquiétude quant à l'avenir de leur entreprise. Un dirigeant sur cinq (21 %) a même observé une baisse de son chiffre d'affaires et la perte de clients. Il est intéressant de noter que les dirigeants de plus grandes entreprises (de 6 à 49 salariés) sont moins préoccupés par ces enjeux : 75 % d'entre eux déclarent ne pas craindre pour l'avenir de leur entreprise.
En ce qui concerne leur quotidien professionnel, 29 % des chefs d'entreprise ont dû réorganiser leurs activités, tandis que 22 % ont été contraints de mettre en pause ou même d'arrêter temporairement leurs activités. Face à la maladie, les dirigeants montrent une grande résilience et un attachement fort à leur rôle : 84 % d'entre eux affirment n'avoir pas modifié leurs fonctions malgré leurs problèmes de santé.

A lire aussi