En cet automne 2023, Blue Whale, acteur majeur de la filière fruit en France et basé dans le Tarn-et-Garonne, a lancé un consortium avec divers partenaires pour booster la filière pomme. Voici le projet.
Récoltes de pommes Candine dans les vergers de Belloc (Ariège) : le projet "Bonne Pomme" veut accélérer la transition agroécologique d'ici 2028. (Photo : Blue Whale)
Offrir des solutions concrètes pour la transition agroécologique de la filière pomme : c'est tout l'enjeu d'un important projet de consortium que vient de lancer Blue Whale. Le leader français de l'exportation de la pomme, créé en 1950 et basé dans le Tarn-et-Garonne (105 salariés pour 297 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, dont plus de 57% à l'export, selon les données du Top Eco 2024), a lancé le projet "Bonne Pomme" avec des acteurs tels que Micropep (start-up spécialisée en biotechnologie), AsclepiosTech (start-up proposant des produits au service de la production), Maf Roda (leader mondial des solutions de calibrage), l'Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) et l'Ecole d'ingénieurs de Purpan, à Toulouse (Haute-Garonne).
"Nous sommes un leader méconnu"
"Nous sommes un leader méconnu : nous sommes par exemple le premier exportateur national en Asie et au Moyen-Orient. Ce projet vient conforter ce leadership", explique Bruno Bertheloz, le directeur de Blue Whale.
Il parle d'un univers de la pomme" malmené", d'un monde de l'arboriculture "décrié". Les exigences du consommateur, en terme de qualité du produit et de normes environnementales, sont grandes. "Nous devons nous recentrer un maximum et être en cohérence avec les attentes sociales, notamment contre la dépendance aux produits phytosanitaires. Il faut régénérer la vision et les façons de fonctionner. Soyons en action !", poursuit Bruno Bertheloz.
Un projet sur cinq ans
Le projet "Bonne Pomme" s'étale sur cinq ans et porte des enjeux de 12 millions d'euros (avec notamment une aide de 8,2 millions d'euros apportée par BPI France via le plan France 2030). Les centres d'expérimentation, en verger et en station, sont situés dans le Sud-Ouest et le Val de Loire avec le Cefel dans le Tarn-et-Garonne et le CTIFL de la Morinière dans le Maine-et-Loire.
L'objectif est redorer le blason de la filière mais aussi de la rebooster. Bruno Bertheloz précise :
"La production de pommes est en constante baisse en France. Notre pays est un grand pays d'exportation mais qui perd des parts de marché depuis 20 ans. Les contraintes réglementaires, les coûts de production plus la concurrence font que nous n'avons plus l'accès privilégié à certains marchés. La bataille mondiale est farouche alors que le grand export est essentiel pour nous".
Travailler sur l'innovation
Avec "Bonne Pomme", les acteurs travaillent sur des projets d'innovation, pour identifier de nouvelles variétés gustatives et enrayer la chute de la consommation. "Nous avons un enjeu autour de la maîtrise des pathogènes, de l'expérimentation sur le biocontrôle. Avec AsclépiosTech, nous travaillons par exemple sur la lumière et la façon dont elle influence l'arbre à travers des longueurs d'onde spécifiques", poursuit le dirigeant tarn-et-garonnais.
Blue Whale, ce n'est pas seulement la production et l'export de pommes. Quid, par exemple, du marché de la poire ? "On produit essentiellement pour le marché français, avec deux bassins que sont le Val de Loire et les Alpes. La France n'est pas auto-suffisante sur ce fruit, on exporte autant qu'on importe. Mais nous avons ramené la poire en production en Occitanie, à Moissac (Tarn-et-Garonne)", explique Bruno Bertheloz.
Sur la prune, l'enjeu est de développer "l'innovation variétale" tandis que pour le raisin, Blue Whale entend multiplier par deux la surface de raisins sans pépins. Enfin, côté kiwis, Bruno Bertheloz précise que "plus de 200 ha de kiwis jaunes sont implantés en Occitanie", avec un partenariat avec Zespri.
La pomme, "une valeur sûre"
Et niveau prix, comment la filière a supporté l'inflation galopante de ces derniers mois ? "La pomme reste l'un des formats le moins cher des rayons. Il a peu augmenté ces dernières années, elle reste une sécurité pour le consommateur", explique Bruno Bertheloz. Une accalmie en 2023 qui arrive après une année 2022 marquée par "un effet ciseau violent à cause de la sécheresse, qui avait entraîné une baisse de 30% de la production et des hausses du coût de production de 20 à 30 centimes d'euro".
Un message pour les nouvelles générations
Le projet "Bonne Pomme" - également appelé (Re)Génération Fruit - est aussi un message de fond pour les jeunes générations. "Elles sont clé pour nous, on investit sur la formation. Car être producteur de pommes est un sacerdoce aujourd'hui", indique Bruno Bertheloz, qui conclut : "Nous sommes convaincus que c'est par l'innovation technologique que la filière arboricole française pourra évoluer vers une production performante écologiquement et durable économiquement".
- 300 000 : en 2023-2024, Blue Whale va commercialiser 300 000 tonnes de pommes
- 7200 : Les vergers de Blue Whale couvrent 7200 hectares
- 17 : Le groupement compte pour 17% de la production française de pommes
- 20 000 : L'acteur occitan produit un peu plus de 20 000 tonnes de pommes bio
- 260 : Blue Whale regroupe quelque 260 producteurs de fruits (pomme, kiwi, poire, raisin et prune)
- 50 : 50% de la production chez Blue Whale provient du Grand Sud-Ouest (contre 1/4 dans le Sud-Est et 1/4 dans le Val de Loire)