Occitanie. Trésorerie, recrutement... Voici le bilan de l'activité économique en octobre 2024

Selon l’enquête menée par la Banque de France entre le 29 octobre et le 6 novembre 2024 auprès de près de 8 500 entreprises et établissements, l’activité économique en Occitanie a connu une progression en octobre, mais les perspectives pour le mois de novembre sont marquées par une certaine incertitude.

Christine Bardinet, directrice régionale de la Banque de France en Occitanie. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Christine Bardinet, directrice régionale de la Banque de France en Occitanie. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

En octobre 2024, l’industrie régionale a été principalement soutenue par deux secteurs clés : l’agroalimentaire et les biens d’équipement. Ces deux branches ont permis de dynamiser la production industrielle, malgré des carnets de commandes jugés dégradés dans de nombreux autres secteurs. À l’exception notable de l’aéronautique, qui continue de bien performer, avec des prises de commandes particulièrement solides, notamment à l'export, les autres secteurs industriels peinent à remplir leurs carnets, réduisant ainsi la visibilité des chefs d’entreprise sur l’évolution de leur activité dans les mois à venir.

Les prévisions pour novembre sont prudentes : si l’industrie devrait connaître une stagnation, la progression des services marchands devrait rester modérée, et le secteur du bâtiment devrait connaître un léger repli. Cette situation résulte de l’incertitude liée aux événements politiques et à l’impact des débats fiscaux, ainsi qu’à la conjoncture géopolitique mondiale, avec des élections américaines à venir, alimentant un climat d’incertitude.

Réduction des difficultés de recrutement

L’une des bonnes nouvelles de l’enquête réside dans la réduction des difficultés de recrutement. En octobre 2024, environ 31% des entreprises ont signalé des difficultés de recrutement, en nette baisse par rapport à 35% en septembre. Cette diminution a été constatée dans tous les secteurs économiques, bien que des écarts persistent entre les différents domaines d’activité.

Les évolutions des effectifs sont contrastées : si les recrutements dans l’ingénierie technique et le second œuvre du bâtiment ont été marqués, d’autres secteurs ont vu des réductions d’effectifs, notamment dans l’industrie automobile, l’agroalimentaire, l’aéronautique et le spatial. Dans l’aéronautique, malgré une situation plus favorable en termes de carnets de commandes, les effectifs continuent de baisser en raison des efforts de productivité.

La situation dans le bâtiment

Le secteur du bâtiment, soutenu par un regain d’activité dans le gros œuvre et le second œuvre, a affiché une performance globalement positive en octobre. Les raisons de cette dynamique sont principalement liées au report de plusieurs chantiers liés aux Jeux olympiques de Paris. Cependant, la tendance pourrait s’inverser en novembre. Les chefs d'entreprise anticipent une réduction de l’activité dans le bâtiment, le second œuvre devant ralentir face à un contexte d’incertitudes budgétaires et politiques, notamment liées au projet de loi de finances.

Les carnets de commandes restent étroits, avec une concurrence accrue et une réduction des appels d’offres dans le secteur. Les prix des devis dans le bâtiment sont restés stables, et les effectifs ont été quelque peu renforcés dans le second œuvre, avec des recrutements attendus dans les semaines à venir.

Des tensions de trésorerie persistantes

L’un des points clés de l’enquête réside dans la stabilité des prix. Les prix des intrants industriels ont légèrement augmenté, mais cette hausse n’a pas eu de répercussion directe sur les prix de vente. Les prix des services marchands sont restés dans l’ensemble stables. Cette évolution suggère que l’inflation devrait demeurer maîtrisée, un facteur rassurant pour les entreprises dans un environnement économique incertain.

En revanche, les difficultés de trésorerie restent persistantes dans plusieurs secteurs. Les trésoreries de l’industrie, notamment chez les équipementiers et l’industrie automobile, sont particulièrement tendues, tout comme celles des services marchands. Le secteur de l’aéronautique, en revanche, affiche des trésoreries équilibrées, soutenues par des carnets de commandes solides. Cette disparité entre les secteurs industriels reflète les tensions économiques qui pèsent sur de nombreuses entreprises de la région.

Prudence face aux incertitudes

Les chefs d’entreprise, bien que conscients de la dynamique positive de l’activité régionale, demeurent prudents en raison des incertitudes géopolitiques et économiques mondiales. La situation politique nationale, avec des débats sur les réformes fiscales, et la conjoncture internationale, notamment avec les résultats des élections américaines, suscitent une grande attention de la part des chefs d’entreprise. Ces incertitudes ont une incidence sur leurs prévisions pour novembre, où l’industrie et les services marchands devraient connaître une évolution modérée, tandis que le bâtiment pourrait voir une légère contraction.

En dépit des défis à venir, les résultats de l’enquête, complétés par d’autres indicateurs, suggèrent que l’activité sous-jacente devrait maintenir une tendance de progression légèrement positive au quatrième trimestre. Toutefois, cette croissance sera limitée par un effet négatif de 0,2 point de PIB lié aux perturbations causées par les Jeux olympiques, estimant que le contrecoup de cet événement influencera partiellement la croissance.

Les chefs d’entreprise continuent de faire face à des défis importants, mais la réduction des difficultés de recrutement et la maîtrise des prix offrent des signes d’optimisme. Le secteur régional pourrait ainsi maintenir une croissance modérée malgré les incertitudes mondiales et politiques qui risquent de freiner une reprise plus soutenue.

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