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Après les annonces du gouvernement amenant à la fermeture des boîtes de nuit et déconseillant l’organisation d’événements en entreprise, les prestataires haut-garonnais craignent une fois de plus pour leur survie face à l’avalanche d’annulations auxquelles elles doivent faire face.
« En plus des difficultés financières et de l’arrêt des activités, la charge émotionnelle des salariés et des dirigeants est vraiment inquiétante » souligne Pierre-Olivier Nau, le président du Medef 31 au lendemain d’une réunion avec le préfet de la Région Occitanie Etienne Guyot. Organisée avec de nombreux acteurs des filières de l’évènementiel, de la restauration et du monde de la nuit tels que Patrice Falcou (Falcou Traiteur et membre du bureau de la CCI Toulouse), Nathalie Faidherbes (C&N Traiteur) ou encore Gérald Grégot (Médiane Event & Travel), cette rencontre avait pour objectif d’alerter le gouvernement comme l’explique le président du Medef 31 et dirigeant de Manatour (agence de tourisme industriel et culturel) : « l’arrivée de la 5ème vague donne une visibilité nulle sur le premier trimestre de 2022, et nous voulons savoir ce qu’il en est des aides de l’état comme le fonds de solidarité, le chômage partiel à taux plein sans conditions et tout ce qui pourrait sauver nos entreprises … nous avons de la chance d’avoir un préfet particulièrement à l’écoute, maintenant il faut que Matignon et Bercy agissent ».
Des annulations en cascade
En première ligne depuis le début de l’épidémie, les traiteurs ont une fois de plus subi les annonces gouvernementales. Lors de son discours du 26 novembre, la ministre du travail Elisabeth Borne indiquait qu’il n’était « pas recommandé » de faire des pots de fin d’année. Un conseil qui a fortement impacté la filière, comme l’explique Patrice Falcou : « c'est simple, tous les acteurs ont déjà une perte de 70 à 100 % de leur CA sur le mois de décembre, car tous les évènements sont annulés. Et pour janvier, cela va être pareil, voire février. C’est un tsunami d’annulations qui nous fait replonger dans une situation dramatique, alors que nous appliquons toutes les mesures que l’on nous a demandé ! Aucun cluster n’a été identifié dans les événements où nous sommes prestataires car nous avons de nombreux protocoles. Nous revivons exactement ce que nous avons traversé en mars 2020. »
Un lourd impact émotionnel
Même son de cloche pour Nathalie Faidherbes, qui souligne l’importance de ces mois festifs pour la filière : « en plus de l’impact émotionnel pour les salariés, qui attendent souvent ces moments tout au long de l’année, les pots de fin d’année et repas festifs représentent jusqu’à 25 % de notre activité annuelle. Mais ils ne se sont pas posé ces questions et maintenant tout le monde s’engouffre dans le « ce n’est pas recommandé », ce qui est normal, alors que nous avons les réponses adaptées aux contraintes sanitaires. Nous mettons en cause les maladresses du gouvernement, sans faire de la politique. »
Quatre semaines de fermeture pour les boîtes de nuit
Vice-président de l’UMIH 31 et patron du Downtown Factory (une discothèque toulousaine), Philippe Belot se sent également « totalement bafoué ». Depuis le 6 janvier, et l’annonce de Jean Castex fermant les discothèques au moins jusqu’au 7 janvier 2022, le dirigeant craint le pire pour les acteurs du monde de la nuit, dont 350 établissements sur les 1 800 nationaux ont déjà été contraints de mettre la clé sous la porte : « Il y a un manque de cohérence total. Je ne suis pas épidémiologiste, mais d’un point de vue purement logique c’est étonnant : je vois la tenue des marchés de noël où les gens sont entassés ou encore des discours politiques réunissant jusqu’à 13 000 personnes dans une même salle, mais une discothèque avec le pass sanitaire et de nombreux contrôles, ce n’est pas possible ? Les mesures qui sont prises handicapent des dizaines de milliers de personnes sans en mesurer les conséquences, et surtout sans nous solliciter : depuis le début, des restrictions peuvent être décidées quelques heures avant leurs mises en application … Et s’il faut parler des aides, je dirais simplement que l’on nous interdit de travailler, mais que l’on nous oblige à prendre des crédits. La réalité, c’est que la moitié des établissements qu’il reste devront fermer définitivement si les services de l’état continuent d’être pris au dépourvu et sans mettre un accompagnement digne de ce nom ».
La filière de l’évènementiel, elle, a également subi de plein fouet la crise sanitaire à l’image de l’entreprise Miharu présidée par Jean-François Renac, qui a enregistré une perte d’activité de 70% en 2020. Le cofondateur du collectif SOS Events31 pourrait d’ailleurs remobiliser les acteurs d’un secteur qui n’a aucune visibilité pour les mois à venir, et craint, une fois de plus, le pire.