Résilience économique en Occitanie en 2024 : une croissance ralentie mais soutenue par l'aéronautique

Malgré un climat économique national marqué par la baisse de l'inflation et des taux d'intérêt, l'Occitanie affiche une résilience notable. Grâce à la filière aéronautique, l'industrie régionale maintient un rythme de croissance, bien que plus modéré qu'en 2023.

De gauche à droite : Vincent Foussal, responsable du service études économiques et Christine Bardinet, directrice régional de la Banque de France Occitanie. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

De gauche à droite : Vincent Foussal, responsable du service études économiques et Christine Bardinet, directrice régional de la Banque de France Occitanie. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

L'économie régionale de l'Occitanie continue de montrer des signes de résistance, notamment grâce à la filière aéronautique. Toutefois, le rythme de croissance en 2024 semble en retrait par rapport à l'année précédente. Une étude, menée de janvier à août auprès de 800 chefs d'entreprise régionaux par la Banque de France, a permis de dresser un bilan mitigé : si les exportations et les investissements sont restés en ligne avec les attentes du début d’année, près de 30 % des entreprises ont revu à la baisse leurs prévisions de rentabilité.

Le calcul du PIB va être révisé

Dans ce contexte de reprise modérée, les entreprises continuent de naviguer dans un environnement marqué par la modération de la consommation des ménages et une stabilisation des prix de vente. Les précisions avec Christine Bardinet, directrice régionale de la Banque de France :

"En 2024, la France prévoit de réviser ses techniques de calcul du produit intérieur brut (PIB). Cette initiative vise à mieux intégrer la consommation interne et les échanges internationaux dans l'évaluation économique. Grâce à cette nouvelle méthode, le gouvernement espère offrir une image plus précise de l'économie française, ce qui pourrait s'avérer crucial pour les décisions politiques et économiques à venir."

L'inflation toujours au coeur des préoccupations

De plus, les Jeux Olympiques de Paris 2024 devraient avoir un impact significatif sur l'économie française. En effet, ces événements génèrent des revenus substantiels grâce à la vente de billets et aux droits de télévision. Ils stimulent également la consommation, contribuant ainsi à la croissance économique du pays. "L'inflation en France est actuellement un sujet de préoccupation. Bien qu'elle ait diminué récemment, elle continue d'affecter des produits de base comme la farine, avec des hausses de prix largement imputables à des facteurs externes tels que la guerre en Ukraine et la crise énergétique. En réponse, le gouvernement a mis en place des mesures pour soutenir les citoyens face à cette inflation", ajoute Christine Bardinet.

Le pouvoir d'achat a augmenté

Point positif : le pouvoir d'achat a légèrement augmenté ces derniers mois, notamment grâce à la baisse des prix du pétrole. Cette amélioration a permis à une partie des citoyens de vivre plus confortablement, malgré un contexte économique global difficile. En outre, le chômage a diminué, favorisant une croissance du pouvoir d'achat.

Perte de productivité du travail

Cependant, la France fait face à une perte de productivité du travail, un facteur clé qui nécessite une attention particulière. La baisse de l'inflation a eu des répercussions sur la croissance économique, soulignant la nécessité d'améliorer les compétences et l'apprentissage dans le milieu professionnel. La directrice régionale poursuit :

"Il est essentiel de s'attaquer aux questions de formation et d'intégration professionnelle. Une inégalité demeure dans le paiement des salaires, où certaines personnes ne travaillent pas à plein temps tout en recevant une rémunération complète. La nécessité d'une meilleure structuration du secteur de la construction et l'importance des petites entreprises dans ce domaine sont des éléments à considérer pour renforcer l'économie locale."

L’industrie portée par l’aéronautique

Le secteur industriel occupe une place centrale dans cette relative résilience, principalement soutenu par la filière aéronautique, fleuron de l’économie régionale. La production industrielle au cours des huit premiers mois de l’année s’est maintenue à un niveau acceptable, même si elle s’est révélée moins dynamique qu'en 2023. « Nous avons vu une légère augmentation des effectifs salariés, mais elle a été compensée par une baisse significative des intérimaires », souligne Vincent Foussal, responsable du service études économiques. En effet, les entreprises industrielles ont cherché des gains de productivité afin de préserver leurs marges dans un environnement de trésorerie fragile.

Les trésoreries, jugées “juste équilibrées” par la majorité des chefs d’entreprise, ont subi l’effet des hausses récentes des prix des matières premières, repartis à la hausse à partir de juin. Malgré ces augmentations, les prix de vente sont restés stables, créant une pression supplémentaire sur les marges.

Croissance plus modérée pour les services marchands

Les services marchands, autre pilier de l’économie occitane, connaissent eux aussi un ralentissement de leur croissance. « Le courant d’affaires est toujours positif, mais il s’essouffle progressivement depuis le début de l’année », explique Vincent Foussal. Si les effectifs ont continué à progresser, leur augmentation est restée plus modeste qu’en 2023.

Les hausses de prix constatées en janvier, mars et juin 2024 ont permis de compenser partiellement la dégradation des trésoreries, particulièrement chez les transporteurs et les hôteliers, qui jugent désormais leur situation financière "insuffisante". Ces difficultés financières soulignent les défis croissants pour les entreprises de ce secteur, malgré une demande qui reste présente.

Le bâtiment face à des disparités sectorielles

Dans le secteur du bâtiment, la situation est plus contrastée. Si le second œuvre demeure dynamique, la baisse des mises en chantier dans le gros œuvre continue de peser sur l’activité globale. Les travaux publics (TP), en revanche, bénéficient d’une intensification de l’activité due à des projets d’envergure comme la ligne à grande vitesse (LGV), l’autoroute A69 entre Castres (Tarn) et Toulouse (Haute-Garonne) ou encore la troisième ligne de métro toulousaine.

Ces grands chantiers ont permis de maintenir, voire d’augmenter les effectifs dans les travaux publics, malgré une baisse des prix des devis en raison d’une concurrence de plus en plus rude.

Poursuite des grands chantiers

Les carnets de commande, autrefois pleins, offrent désormais une visibilité limitée pour l’année 2025, sauf pour les acteurs des travaux publics où les grands chantiers se poursuivront encore. « Nous naviguons dans un environnement plus complexe qu’avant, avec des marges de manœuvre de plus en plus étroites, mais certains projets comme la troisième ligne du métro sont des bouffées d'oxygène pour nos équipes », exprime Christine Bardinet.

fdsq
Les prévisions établies début 2024 sont globalement respectées, bien qu'une part significative (près de 30 %) ait été révisée à la baisse concernant le niveau de rentabilité. (Document : Banque de France Occitanie)

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