Actia, acteur de rang mondial basé à Toulouse, a présenté ses résultats 2023 et poursuit sa politique de transformation pour préparer le visage de l'entreprise en 2030.
Actia (ici l'usine de Colomiers) possède plus de 4000 salariés dans le monde et a réalisé un chiffre d'affaires de plus de 579 millions d'euros en 2023. (Photo : Actia)
C'est une année 2023 faste qu'a traversée Actia. L'acteur mondial spécialisé dans les technologies de la mobilité, qui a son siège social à Toulouse (Haute-Garonne), a dévoilé un chiffre d'affaires record de 579,3 millions d'euros et a franchi le cap symbolique des 4000 salariés. "L'année s'est déroulée en deux temps. Début 2023, il manquait une dizaine de composants alors que nous avions besoin d'augmenter les cadences de production. Et à la rentrée de septembre, les demandes des clients ont baissé. La croissance a été forte mais nos marges ne sont pas totalement protégées et nos objectifs, pas totalement accomplis. La mobilité est un secteur qui souffre en France et en Allemagne mais l'aéronautique, le ferroviaire et l'énergie sont des secteurs qui fonctionnent très bien", analyse Jean-Louis Pech, le président d'Actia.
Poursuivre la structuration
Après le Covid et la crise des composants, Actia navigue dans un contexte politique mondial incertain, sur fond de relations Chine-Taïwan et de guerre en Ukraine. En 2024, l'acteur toulousain va poursuivre sa politique de désendettement et sa structuration en quatre grandes divisions : Mobility (avec ses solutions d'architecture embarquée et connectée et la gestion du cycle de vie pour les véhicules de mobilité terrestre), Aerospace (équipements embarqués et solutions de communication par satellite pour l'aéronautique, le spatial et la défense), Energy (solutions de gestion, de transport et de distribution d'énergie pour les opérateurs de réseaux électriques et l'industrie) et Engineering Services (conception et développement de solutions matérielles embarquées et de services logiciels pour la mobilité et l'industrie). "La mobilité représente 80% de l'activité, contre près de 9% pour l'aerospace, et près de 5% chacun pour l'énergie et l'ingénierie. La partie énergie est en croissance mais on aimerait développer l'exportation car c'est notre division la plus franco-française", explique Catherine Mallet, la directrice générale du groupe.
- 579,3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023 (dont 19,7% pour le marché des poids lourds et 15,6% pour les véhicules légers), soit une hausse de 15,9% par rapport à 2022
- 42,8 millions d'euros d'EBITDA, soit 7,4% du CA
- Une baisse de l'endettement de 20,8 millions d'euros
- Plus de 4000 salariés dans le monde (dont 1853 en Afrique et Océanie et 1185 en France)
- L'entreprise est composée de 4 divisions : Mobility, Aerospace, Energy et Engineering Services
- Actia est présent à travers 30 sociétés et dans 17 pays du monde
- En 2023, Actia a formé, dans son académie interne, environ 50 cols bleus et près de 200 cols blancs
"Préparer l'Actia de 2030"
Le leitmotiv d'Actia est clair : "Préparer l'avenir, encore et toujours, et l'Actia de 2030. Nos appels d'offres sont orientés vers ce calendrier, l'intelligence embarquée est de plus en plus importante", martèle Jean-Louis Pech. Actia poursuit la volonté d'accompagner ses clients et de consolider son carnet de commandes au-delà de 2030 "malgré une baisse significative de la demande industrielle en 2024".
Jean-Louis Pech poursuit :
"2024 s'annonce comme une année en légère croissance pour nous mais pour rester dans la course, nous devons investir régulièrement de l'argent sur la technologie".
"Toulouse doit rester la capitale du spatial"
Entreprise de taille internationale, Actia - qui a fait le choix de ne pas construire d'usine lourde en Chine - garde les yeux bien ouverts sur le tissu économique occitan. La preuve avec le rapprochement opéré en septembre 2023 avec Steel Electronique, un spécialiste du spatial niché à Martres-Tolosane (Haute-Garonne), au coeur du Comminges. "L'objectif est de faire émerger un ensemble industriel de référence en tant que fournisseur d'électronique embarquée pour l'aéronautique, le spatial et les télécommunications (sol et spatial embarqué). Toulouse doit rester la capitale du spatial, 33% des emplois spatiaux en Europe sont localisés en Occitanie", précise Actia, mettant en avant les synergies et les complémentarités avec cet acteur local.
Embarqué dans de nombreux projets
Actia est pleinement à la manoeuvre dans de nombreux projets d'avenir. Protech, qui vise à développer des solutions embarquées permettant d'atteindre le niveau zéro accident dans l'utilisation de divers types d'engins, en fait partie. Un projet de 3 ans labellisé par le pôle de compétitivité Aerospace Valley qui s'inscrit dans l'appel à projets de Bpifrance intitulé "Maturation technologique et démonstration de solutions d'intelligence artificielle embarquée". "L'ambition d'Actia est de maintenir sa position de leader en matière d'architecture embarque auprès des constructeurs de véhicules commerciaux et industriels", explique l'entreprise.
Actia, c'est aussi un projet mené avec Kineis pour a fabrication de modules de communication dans le cadre de la première constellation européenne dédiée à l'IoT avec une couverture mondiale, et la participation dans Strellan (avec le Cnes), pour développer une solution de navigation avancée et permettre aux satellites de se localiser eux-mêmes.
De gros enjeux sur le vélo électrique
L'autre grand axe de développement d'Actia possède deux roues. Membre du cluster Vélo Vallée, l'entreprise toulousaine se positionne sur le segment du vélo électrique et a signé un partenariat stratégique avec FlyingCat, fabricant de vélos électriques depuis 2008 et basé à Sète (Hérault).
Jean-Louis Pech détaille le rôle d'Actia :
"Nous équipons FlyingCat de moteurs et batteries et d'une application connectée sur les vélos qu'ils commercialisent. L'objectif est de faire émerger une filière vélo en Occitanie, un peu sur l'exemple du Portugal, car il y a de l'innovation technologique dans ce domaine".
Pour Wilfried Dunand, le directeur de FlyingCat, ce partenariat permet de relocaliser une activité vers laquelle elle se tournait majoritairement vers la Chine. "Grâce à notre collaboration avec Actia, nous avons réussi à concevoir un prototype en un laps de temps très court, et notre vélo électrique est en phase d'homologation. Nous prévoyons de développer ensemble de nouvelles solutions technologiques, notamment autour du moteur central, afin d'améliorer encore les performances et le confort de nos vélos électriques".
Le partenariat s'inscrit dans le droit fil de l'acte 2 du Plan vélo régional dévoilé par Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, fin mars 2024. Un plan de 100 millions d'euros pour encourager la combinaison train/vélo avec la solution d'un vélo dans chaque gare et favoriser les mobilités du quotidien.
IA, "guerre des talents"...
Sur le plan RH, Jean-Louis Pech indique sa volonté de "stabiliser les effectifs. Nous allons essayer de nous situer en-dessous de 10% de turnover". 2024 sera une année majeure dans la transition vers l'IA - "tous les métiers seront impactés", précise le dirigeant - tandis que la "guerre des talents" va se poursuivre. "La valorisation de l'industrie constitue pour nous un vrai défi", conclut-il.
Sur la partie développement durable et transition, Actia souhaite être un acteur majeur en la matière. En 2023, le Toulousain a mis en place un comité RSE et Développement Durable, avance une diminution de sa consommation énergétique de 5,6% par euro produit et la création de 363 postes dans le domaine. "Après notre filiale en Allemagne, nous allons porter des projets en France sur le photovoltaïque avec l'ambition d'augmenter la part d'autoconsommation et d'être neutre en 2035", détaille Jean-Louis Pech.
Enfin, Actia prépare son premier bilan carbone pour la fin 2024.