Fin 2023, l’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté un projet de loi visant à créer des Services express régionaux métropolitains (SERM) dans les métropoles françaises. En Occitanie, Toulouse et Montpellier sont officiellement candidates.
Toulouse est officiellement candidate pour la mise d'un Service express régional métropolitain (SERM) d'ici à 2040. Le coût total du projet s'élève à plus de 3,6 milliards d'euros. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
L’annonce avait été faite par le président de la République Emmanuel Macron il y a plus d’un an : le développement de services type RER dans les plus grandes métropoles françaises. Fin 2023, l’Assemblée nationale et le Sénat ont voté le projet de loi visant à créer des Services express régionaux métropolitains (SERM). « Bien sûr, l’Occitanie répondra présent et candidatera pour que Toulouse comme Montpellier obtiennent le statut de SERM », expliquait Carole Delga, présidente PS de la Région Occitanie.
Le combat de Rallumons l’Etoile
Avant que l’Etat et les collectivités ne s’emparent du sujet, des collectifs militent depuis des années pour que cette solution aboutisse dans les territoires. C’est le cas de Rallumons l’Etoile dans la Ville rose, présidé par l’urbaniste toulousain Benoît Lanusse. « Rallumons l’Etoile est une association transpartisane et indépendante qui a contribué, en 5 ans, à faire émerger un large consensus sur la nécessité d’un RER toulousain. C’est un sujet pour les entreprises, les acteurs économiques doivent se mobiliser. Nous devons être le seul collectif à avoir réuni en même temps le Medef et France Nature Environnement ! », explique ce dernier.
Rallumons l’Etoile, qui compte des entreprises adhérentes comme Liebherr-Aerospace pour qu’elles puissent « s’approprier le sujet », milite pour quatre avancées concrètes : construire une tarification intégrée, offrir des trains cadencés, toutes les 30 minutes aux heures de pointe, de 6h à minuit, assurer une meilleure coordination entre le réseau TER et celui de Tisséo ainsi que la création d’une première ligne traversante entre Montauban (Tarn-et-Garonne) et Castelnaudary (Aude).
Benoît Lanusse ne veut pas que ce RER soit perçu comme un « grand projet » irréalisable et aux coûts inaccessibles. Il milite pour un phasage pragmatique du chantier avec l’optimisation de l’existant dès 2025, le cadencement toutes les 30 minutes et une meilleure performance du système train + vélo en 2029 et un cadencement au quart d’heure à horizon 2040.
Un dossier à finaliser d’ici juin
Mercredi 24 janvier 2024, Carole Delga réunissait à Toulouse (Haute-Garonne) l’ensemble des collectivités et les associations d’usagers pour faire avancer le dossier toulousain, dont le coût a été chiffré à 3,632 milliards d’euros (dont 348 millions d’euros pour la désaturation de la gare Matabiau). Cette même réunion se déroulera au printemps 2024 à Montpellier (Hérault). Le temps est compté puisque les dossiers devront être déposés auprès de l’Etat d’ici le mois de juin. « Il s’agit de poser les bases d’un scénario réaliste, de fixer les grandes échéances et d’arrêter un tour de table financier qui permettra de nous mettre en ordre de marche sans plus tarder », indiquait l’élue fin 2023.
« Le projet le plus ambitieux de France »
Main dans la main, Carole Delga, Jean-Luc Moudenc (président de Toulouse Métropole) et Sébastien Vincini (président du Conseil départemental de Haute-Garonne) ont lancé la candidature de Toulouse. « Le SERM doit contribuer à un véritable choc d’offres de transports en commun. Il pourra se traduire par des réalisations concrètes à court terme : renforts de trains en heures creuses, lancement de lignes de bus express et renforcement du réseau Linéo, accélération des infrastructures cyclables, covoiturage… L’aire urbaine toulousaine doit s’inscrire sans attendre dans ce mouvement. C’est d’autant plus urgent que sa population a doublé en 40 ans et que son territoire accueille près de 20 000 habitants supplémentaires chaque année. Le SERM toulousain serait certainement le projet le plus ambitieux de France », ont déclaré à l’unisson les trois élus.
Avec 7000 véhicules de plus par an, le taux de saturation des axes routiers pourrait atteindre 160% d'ici 2040, tandis que la fréquentation du réseau ferroviaire lIO a progressé de 44% en quatre ans, soit un record pour une région française (347 trains circulent au quotidien sur le réseau régional).
Des priorités définies
Plusieurs priorités ont été définies : renforcer la fréquence des trains avec « une cible d’un train toutes les dix minutes en heure de pointe » à long terme, une amplitude d’offres de trains de 5h à 23h, un développement des offres de transport de rabattement, une sécurisation des modes doux , une billetterie unique et des « tarifs cohérents ».
Les collectivités ont donné des détails concrets sur ce que le SERM peut apporter d'ici 2032 : +19% de trains sur la branche Auterive d'ici 5 ans, +16% de trains vers Muret, +26% de trains vers Villefranche-de-Lauragais, +62% de trains vers l'Isle-Jourdain (Gers) d'ici 6 ans ou encore +59% de trains en direction de Montauban (Tarn-et-Garonne) d'ici 8 ans.
Dans les prochaines années, la ligne C du métro doit voir le jour fin 2028, comme la fin des travaux ferroviaires sur l’axe Colomiers-Brax et la mise en service de la Halle des Transports de la gare et des Pôles d’échanges multimodaux de Colomiers, Montaudran et Labège la Cadène. Enfin, 2031 ou 2032 devrait voir le dénouement de la LGV Bordeaux-Toulouse avec les aménagements ferroviaires du nord toulousain sur l’axe Toulouse-Montauban et la réalisation du pôle d’échange multimodal de La Vache.
Lors de l'officialisation de la candidature de Toulouse au SERM, La Région Occitanie et l'Ifop ont présenté une étude intitulée "La mobilité dans l'aire urbaine toulousaine : état des lieux, comportements et solutions attendues". 72% des personnes interrogées indiquent utiliser la voiture individuelle c'est 27% pour la marche à pied et 25% pour le train ou le métro) et 27% précisent faire le trajet quasiment tous les jours vers la Ville rose. 42% d'entre eux se disent prêts à renoncer à utiliser leur véhicule personnel pour les trajets du quotidien, tandis que 30% des habitants envisagent à l'avenir de ne plus avoir de voiture individuelle et d'utiliser les transports partagés.
Enfin, 44% ont donné les deux raisons pour lesquelles ils ne sont pas encore mûrs pour laisser la voiture au garage : "le manque d'offre de transports alternatifs" et "le besoin de se sentir libre dans ses trajets". 62% des personnes interrogées se disent satisfaites des transports en commun en Occitanie.
L'enquête a été menée auprès d'un échantillon de 1009 personnes, représentatif de la population de l'aire urbaine toulousaine âgée de 18 ans et plus.